Alykhan Haji, directeur, Renforcer la citoyenneté de l’Institut pour la citoyenneté canadienne, s’est entretenu avec les animateurs de l’émission The Social de CTV pour discuter de l’importance de célébrer les nouveaux citoyens du Canada et évoquer certains des plus beaux moments dont il a été témoin lors de cérémonies de citoyenneté communautaires tenues un peu partout au pays. Jessica Allen, correspondante, Numérique de The Social, s’est également jointe à l’ICC au Nathan Phillips Square pour prendre part aux célébrations de la Journée des nouveaux arrivants à Toronto et à sa première cérémonie de citoyenneté, et elle partage ses réflexions sur la valeur de la citoyenneté.
Le Comité des jeunes bénévoles de l’ICC à Scarborough se prépare à accueillir 30 nouveaux citoyens canadiens au centre municipal de cette ville située à l’est de Toronto. L’heure est matinale et cette journée venteuse de mars promet d’être froide, mais les 30 élèves du secondaire sont tous présents. Ils sont organisés, attentifs et courtois. On me remet le programme dès que je franchis la porte, et plusieurs bénévoles attendent pour m’indiquer la pièce où je dois me rendre.
Cela fait plusieurs années maintenant que le comité organise des cérémonies de citoyenneté communautaires avec le personnel de l’ICC. Les élèves proviennent de différentes écoles de Scarborough; au cours des mois qui précèdent la cérémonie, ils ont des rencontres hebdomadaires organisées par l’ICC et son partenaire Catholic Crosscultural Services. En plus de recevoir une formation sur les questions financières et la tenue d’un budget, les jeunes sont invités à réfléchir aux principes qui sous-tendent le programme; l’an dernier, le juge de la citoyenneté Albert Wong a assisté à l’une de ces séances pour parler du bénévolat et de la citoyenneté active. Les élèves s’occupent des détails de la journée, de la décoration des tables à la nourriture.
La plupart des élèves qui font partie du comité sont eux-mêmes des nouveaux arrivants ravis d’aider d’autres personnes qui découvrent le pays. Andy Ma est venu au Canada il y a à peine six mois en tant qu’étudiant étranger et il s’est joint au comité parce qu’il veut travailler avec d’autres personnes qui viennent de s’établir. Il est à l’aise et sympathique — « j’ai de la facilité pour communiquer avec les gens »— et il aime s’impliquer dans la communauté. Pendant les discussions en petits groupes, il encourage gentiment les nouveaux citoyens à raconter leur expérience. « Ce n’est qu’une conversation », dit-il pour rassurer. Le comité lui a donné l’occasion de développer ses compétences pour le leadership et d’améliorer son anglais.
L’idée de faire 40 heures de bénévolat pour l’école plaît à tous, mais le travail exige un véritable investissement. Le mandat des membres du comité est (officieusement) limité à deux ans, question de permettre à un maximum d’élèves d’en profiter, mais beaucoup demandent à continuer un an de plus et même davantage. Certains jeunes bénévoles qui ont assisté à la cérémonie ne font même pas partie du comité, mais on leur a demandé de s’impliquer d’une certaine façon pour célébrer les nouveaux citoyens.
Jill Timtim, qui a quitté les Philippines en décembre 2015 pour s’établir au Canada, a découvert les cérémonies de citoyenneté communautaires quand un travailleur spécialisé en établissement a demandé à ses frères et sœurs de se joindre au comité. Jill, qui a une formation en publicité et gestion d’événements, a été tellement inspirée par les réunions du comité qu’elle a décidé de faire carrière en travail social; elle prépare à présent un diplôme en soins des enfants et des jeunes. Elle a toujours fait du bénévolat dans sa communauté et est intéressée à travailler avec les nouveaux arrivants du fait de son propre parcours. « Ma mère est ici aussi, dit-elle en souriant. C’est une affaire de famille. »
Un peu après midi, les nouveaux citoyens et leurs invités se rendent dans la rotonde pour le repas. Certains élèves en charge des aliments sont à leur poste; ils montrent les plats végétariens et distribuent des bouteilles d’eau. Les autres bénévoles forment des groupes, la fébrilité du matin ayant cédé la place à un discret murmure. On dirait plutôt des adolescents à la fin d’une journée de classe. Ils se rassemblent dans l’escalier, ravis de manger de la pizza.
En partant, je rencontre Alyssa, celle qui a chanté l’hymne national dans la matinée. Elle est en train de parler avec Jill, dont elle a fait connaissance dans le cadre de son travail au sein du comité; les deux sont devenues des amies intimes. Alors que je félicite Alyssa pour sa prestation, Jill tient à me parler des réalisations de son amie, notamment de sa prestation à la cérémonie de l’an dernier. « Jill chante aussi », précise Alyssa. Elles se soutiennent mutuellement à la moindre occasion. Cet échange chaleureux me fait penser au rôle du comité, qui ne se borne pas pour les jeunes nouvellement arrivés à effectuer du bénévolat et à acquérir des compétences; il permet aussi de se faire des amis.
Avant de quitter, je leur demande ce qui leur plaît le plus dans les cérémonies de citoyenneté communautaires. « Les discussions en petits groupes! » Les histoires sont toujours passionnantes. Elles trouvent très émouvant d’écouter les nouveaux citoyens raconter leur expérience.
Les nouveaux arrivants qui s’apprêtent à recevoir la citoyenneté canadienne attendent avec impatience leur propre cérémonie de citoyenneté. « Un jour ce sera mon tour », affirme Alyssa. Jill acquiesce.
Vous aimeriez faire du bénévolat pour l’ICC? Communiquez avec nous.
Regardez une cérémonie de citoyenneté communautaire de l’ICC à la gare Union de VIA Rail à Winnipeg.
Le jour où le Canada est devenu une démocratie est indéniablement un cap décisif dans notre histoire. Le 11 mars 1848, il y a exactement cent soixante-neuf ans, Lord Elgin, le gouverneur général de l’époque, a chargé Louis-Hippolyte LaFontaine de former un nouveau gouvernement. Pourquoi? Parce que la grande coalition des réformistes du Haut et du Bas-Canada avait remporté une nette majorité lors de l’élection de 1848. Pour la première fois dans l’Empire britannique, force était d’admettre que le peuple – et non les pouvoirs impériaux – déciderait de ceux qui allaient composer le gouvernement.
Le 11 mars 1848 est donc une des dates les plus importantes de l’histoire canadienne. Elle marque le début de ce que nous pourrions appeler le Canada moderne. Ou l’avènement d’un gouvernement responsable au Canada — l’idée à présent axiomatique selon laquelle la gouvernance n’est convenablement assurée que par des représentants élus par les citoyens et non par les pouvoirs coloniaux. Ce moment décisif pour la démocratie représentative au Canada a constitué un changement fondamental dans ses modes de gouvernance et a posé les fondements juridiques d’une société basée sur l’inclusion et l’égalitarisme.
En mars 1848, la Province unie du Canada (les territoires actuellement occupés par l’Ontario et le Québec) se dotait d’un gouvernement réformiste – le « grand ministère » comme on le surnommait – dirigé par Louis-Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin. Pendant les trois années qu’il a été au pouvoir, le gouvernement réformiste a jeté les bases juridiques de l’égalitarisme, instauré un système d’éducation publique et insisté sur une approche non violente de la politique. (Lorsque des émeutiers ont incendié le Parlement de Montréal, le gouvernement a ordonné aux forces policières de ne pas ouvrir le feu sur la foule.) Comme l’a fait remarquer John Ralston Saul, auteur et cofondateur de l’ICC, ce fut un début « étonnamment atypique » pour la démocratie moderne au Canada, compte tenu de la discorde politique qui régnait alors en Europe et aux États-Unis. L’inclusion, les restrictions, le débat, la représentation et l’égalitarisme sont les préceptes d’une bonne gouvernance telle qu’on la conçoit aujourd’hui, qui ont été forgés par un improbable tandem héroïque formé par un catholique francophone et un protestant anglophone.
« La première loi adoptée par le grand ministère a consisté à créer une politique d’immigration canadienne conçue pour protéger les immigrants. Elle est à la base de nos politiques actuelles sur les réfugiés, l’immigration et la citoyenneté, affirme John Ralston Saul, qui a écrit une biographie sur les deux dirigeants. LaFontaine et Baldwin ont montré, par leur exemple, que la démocratie au Canada ne fonctionne que si nous sommes disposés à aller de l’avant avec des idées et des politiques importantes qui renforcent l’égalitarisme et le bien public. »
En 2000, John Ralston Saul a créé la Conférence LaFontaine-Baldwin, un rendez-vous annuel en compagnie d’un grand intellectuel public. La Conférence, qui rend hommage au legs de LaFontaine et de Baldwin, réunit des Canadiens autour d’un débat et d’un dialogue dans l’esprit du bien public. George Erasmus, Shawn A-in-chut Atleo, Son Altesse l’Aga Khan, Naheed Nenshi et Robert Lepage ont été invités par le passé à prononcer une allocution. L’an dernier, Naomi Klein a inauguré le tout premier Espace citoyen 6 Degrés de l’ICC à l’occasion de la 14e Conférence LaFontaine-Baldwin — une exhortation urgente à changer la politique environnementale.
Alors que le Canada fête cette année son 150e anniversaire, les principes d’inclusion, de bonne gouvernance et d’humanisme n’ont jamais été aussi pertinents.
Écoutez l’allocution de Naomi Klein à la 14e Conférence LaFontaine-Baldwin.
La 15e Conférence LaFontaine-Baldwin aura lieu le 25 septembre 2017.