D’origine pakistanaise, Sajeela est devenue citoyenne canadienne en décembre 2019 et réside maintenant dans la capitale de l’Ontario, Toronto. Sajeela vit au Canada depuis plus de 5 ans maintenant, ce qui lui a donné le temps d’explorer et d’admirer la nature et d’entrer en contact avec la population diversifiée du pays. Même si elle vit dans une grande ville, et après avoir voyagé d’un coin à l’autre de la province, Sajeela a décidé que son endroit favori était Tobermory, un paisible village portuaire dans la péninsule Bruce.

Sajeela aime particulièrement les musées, un amour qu’elle partage avec sa sœur. Elles visitent souvent les lieux Canoo et sont heureuses de pouvoir partager ces moments ensemble. L’une de leurs sorties préférées a été la visite du Musée royal de l’Ontario, au centre-ville de Toronto. Sajeela croit que les lieux culturels comme les musées jouent un rôle essentiel pour favoriser l’inclusion sociale, car ils « nous mettent en contact avec les différentes cultures et sont des lieux sûrs pour poser des questions ». Sajeela explique que dans un pays multiculturel comme le Canada, cela est particulièrement important pour favoriser l’inclusion sociale parce que la population devient alors plus tolérante et comprend mieux les différences : « Cela réduit la peur de l’inconnu et favorise une compréhension commune entre les personnes de différentes origines culturelles ». 

Pour Sajeela, être membre Canoo lui a permis de créer des liens plus forts avec son entourage. Le fait de savoir qu’elle fait partie d’une collectivité plus vaste encore a cultivé chez elle un sentiment d’inclusion qui l’invite à rester elle-même et à laisser émerger l’identité qui lui est propre. Outre son attrait pour la beauté de la nature canadienne et la tolérance de ses gens, pour Sajeela, l’immigration a été motivée par son admiration du multiculturalisme du Canada ainsi que sa société inclusive. Elle considère le Canada comme un pays qui « reconnaît le talent et le travail acharné » et où, ajoute-t-elle, elle se sent « faire partie d’un grand tout ».

Alors que la ville de Toronto s’ouvre peu à peu avec l’arrivée du beau temps estival, il tarde à Sajeela et sa sœur de découvrir de nouveaux endroits grâce à l’appli Canoo.

Vous souhaitez figurer dans notre prochain bulletin ? Ce mois seulement, veuillez remplir ce formulaire en ligne au sujet de votre parcours avec Canoo afin d’être présenté·e dans notre bulletin mensuelle et être admissible à un tirage au sort pour un chèque-cadeau d’Amazon de 20 $. La date limite pour soumettre vos réponses est le 14 juin à minuit. Les gagnant·e·s seront contacté·e·s directement par courriel.

Canoo offre aux nouvelles familles canadiennes l’accès à plus de 1 400 espaces artistiques et culturels et parcs dans tout le Canada. Si l’utilisation de Canoo est gratuite, son fonctionnement, lui, ne l’est pas. À titre d’organisme de bienfaisance, nous comptons sur des dons pour que Canoo reste gratuit pour les nouveaux·elles citoyen·ne·s. Grâce à votre généreux soutien, nous pouvons susciter chez des milliers de nouveaux·elles Canadien·ne·s et leur famille un véritable sentiment d’appartenance. Offrez Canoo en cadeau! Devenez un donateur mensuel dès aujourd’hui.

Umut est propriétaire d’une petite entreprise à Vancouver (Colombie-Britannique). Umut a quitté Istanbul, en Turquie, pour s’installer au Canada en 2009. Il a choisi le Canada parce qu’il pensait que c’était « un endroit où je pourrais être libre d’être moi-même, me sentir en sécurité et ne pas être victime de discrimination ». Comme beaucoup de gens, il a été confronté à des défis tels que l’apprentissage de l’anglais et le tissage de nouvelles amitiés et de nouvelles relations, mais il aime être entouré d’une nature magnifique et de gens sympathiques. Il admire la diversité au Canada et l’enrichit en apportant ses propres pratiques culturelles et traditions, telles que le don de nourriture. « Chez moi, il est courant de donner de la nourriture comme cadeau aux autres pour toutes sortes de raisons. Par exemple, si une personne que je connais a perdu un membre de sa famille ou si elle célèbre la création d’une nouvelle entreprise, je m’assure de lui apporter de la nourriture (d’habitude, je lui fais livrer une pizza). Que vous fêtiez ou souteniez quelqu’un, la nourriture est une formidable façon d’envoyer un message », déclare Umut.

Malgré un emploi du temps chargé à gérer la pizzeria Ignite à Vancouver, Umut aime se connecter avec la nature dans les parcs et les plages locaux, visiter des galeries d’art et des espaces culturels en Colombie-Britannique. Il dit que « l’art est un langage universel : non seulement il touche nos émotions et nous connecte aux autres, mais il nous aide à comprendre le monde qui nous entoure et où nous nous situons dans celui-ci ». Lorsqu’il voyage à l’extérieur de Vancouver, Umut apprécie particulièrement visiter le Royal British Columbia Museum à Victoria, une destination populaire parmi les membres de Canoo. Umut estime que « ce musée partage tellement de choses sur l’histoire de cette région du Canada », et il le recommande vivement à d’autres de le visiter lorsqu’ils sont à Victoria.

Umut croit qu’être un citoyen actif comme lui veut dire se soucier de son pays et des personnes qui nous entourent, et que cela signifie aussi redonner, aussi petits que ces efforts puissent paraître. Umut partage la conviction de Canoo : l’art et la culture rassemblent les gens. C’est pourquoi, en tant que propriétaire d’une petite entreprise, il essaie de parrainer des événements et des organismes de bienfaisance qui l’interpellent, comme le Festival du film turc et la Greater Vancouver Food Bank. C’est une façon de dire merci.

Devenir citoyen canadien est une décision importante, mais Umut a estimé que cela lui permettrait « de vraiment ressentir le sentiment de liberté; et en tant qu’entrepreneur en herbe, je voyais le Canada comme une occasion de développer une entreprise ». Umut a suivi son rêve, et ces jours-ci, il est son propre patron travaillant avec une équipe très solidaire. Il n’a pas regardé en arrière depuis, déclarant avec fierté que « c’est un énorme accomplissement quand je regarde où j’étais quand j’ai commencé, et quelque chose qui me motive chaque jour ».

Après 12 ans au Canada, Umut se souvient encore de la première fois où il s’est senti vraiment canadien. Il rentrait au Canada après avoir rendu visite à sa famille en Turquie. « Je me suis mis dans la file d’attente avec les autres Canadiens et Canadiennes, et l’agent des services frontaliers m’a dit « Bienvenue à la maison ». C’était peut-être une petite expérience, mais c’était une reconnaissance significative pour moi », dit-il. Umut apprécie vraiment de pouvoir voyager avec un passeport canadien, mais il dit aussi que pour lui, le passeport est surtout symbolique. Cela signifie que non seulement il s’engage à faire du Canada sa patrie, mais aussi que le Canada l’a accepté comme faisant partie du pays, ce qui est très important pour lui.

À tous ceux et celles qui sont encore sur la voie de la poursuite de leurs rêves au Canada, Umut les invite à persévérer! « Vous avez choisi le Canada, où il y a une merveilleuse occasion de faire partie de la diversité qui est ici. N’oubliez pas qu’aucun endroit n’est parfait, il y aura des défis partout, mais le Canada est l’un des meilleurs endroits au monde où vivre. Rejoignez cette diversité et vous constaterez qu’en donnant et en contribuant, vous recevrez également. »

Utilisez l’application Canoo pour découvrir plus d’endroits dans votre région, comme le Royal BC Museum à Victoria, recommandé par Umut. Et la prochaine fois que vous serez à Vancouver, n’oubliez pas de vous rendre à la pizzeria Ignite dans Gastown ou Mount Pleasant pour déguster une pointe de pizza, et pour rencontrer Umut, sa femme Jennifer, et son associé et ami Cihan Yanar (en photo avec Umut).

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Rencontre avec Rahul Bagga, membre Canoo.

Rahul s’est installé en Alberta en 2019. « J’adore, tout simplement le Canada », a-t-il répondu fièrement lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait choisi le Canada. Rahul est d’avis que la diversité qui caractérise le Canada est la clé de l’unité. Pour lui, l’inclusion est extrêmement importante et va de pair avec une approche citoyenne compatissante et le respect des autres membres de la communauté, peu importe les différences. Fier d’être un citoyen actif, il contribue à « développer notre beau pays chaque jour ».

Rahul explique que Canoo l’a incité à en apprendre davantage sur le Canada en lui donnant accès à des expériences concrètes, desquelles il a pu profiter avec ses ami(e)s et sa famille, par exemple la visite de la ville de Québec, riche de son histoire canadienne-française. Plus que tout, il adore visiter les parcs nationaux d’un océan à l’autre. Il a admiré des panoramas époustouflants, de la piste Cabot, en Nouvelle-Écosse, au parc national Banff dans sa province d’accueil, l’Alberta, des visites qui lui ont permis de se laisser imprégner de « l’éternelle sérénité de Dame Nature ».

Rahul confie que les lieux culturels comme ceux qu’il a visités à Banff favorisent grandement l’inclusion sociale, car ils donnent à toutes et à tous la chance de vivre et de comprendre leur nouveau pays, tout en rassemblant les gens.

Il affirme que « Canoo est un moyen fantastique de débuter un nouveau parcours de découverte du Canada. » Rahul prévoit de continuer d’explorer les villes historiques du Canada et d’admirer les magnifiques paysages de la nature dans ses parcs nationaux. D’ailleurs, il encourage tout le monde à « faire le meilleur usage possible de cette chance inouïe qu’offre la nouvelle citoyenneté ».

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Rencontre avec Fazela Yasin, membre Canoo.

Fazela a choisi de venir s’installer au Canada parce que pour elle, cela signifiait vivre dans un pays où elle serait reconnue à sa juste valeur, profiterait des mêmes possibilités et serait en mesure de redonner dans sa communauté de manière significative en tant que femme. Pour Fazela, l’inclusion est, dans ses mots, « un tout cousu dans le tissu », c’est-à-dire la chance d’entrer en contact avec différentes cultures tout en étant acceptée avec la sienne. Fazela est fortement impressionnée par les efforts proactifs et continus des Canadiens pour accueillir et rassurer l’autre. En retour, elle souhaite être une citoyenne active en « remplissant tous les devoirs pour lesquels elle a prêté serment et en s’assurant de toujours vivre à la hauteur des qualités qui caractérisent le peuple canadien ».

Fazela confie que les lieux culturels comme ceux qu’elle a visités à Vancouver favorisent grandement l’inclusion sociale, car ils donnent à toutes et à tous la chance de côtoyer différentes cultures, coutumes et autres bagages de vie : « Cela stimule notre reconnaissance envers nos compatriotes canadiens et nous aide à bâtir des relations malgré nos différences, à établir la confiance, à être source d’échanges et respectueux envers les autres. » Nathalie et Stacy, les plus proches amies de Fazela, vivent toutes deux hors Canada, mais lorsqu’elles lui rendent visite et qu’elles profitent ensemble de lieux culturels grâce à Canoo, c’est l’occasion pour Fazela de leur montrer pourquoi le Canada est si cher à ses yeux.

Fazela confie que Canoo l’a incitée à découvrir des lieux véritablement intéressants. Elle adore avoir le choix parmi presque toutes les villes canadiennes et, peu importe l’endroit, toujours avoir des lieux Canoo à explorer. Lors d’un voyage à Vancouver en avril 2019 avec sa meilleure amie Nathalie, Fazela a visité le Dr. Sun Yat-Sen Classical Chinese Garden. Dès qu’elles ont franchi le seuil depuis les rues animées de la ville, elles ont été enveloppées dans « le lieu le plus paisible et serein qui soit. Difficile de croire qu’on se trouve toujours en ville! » Fazela affirme que Canoo lui a permis de vivre d’innombrables expériences précieuses, qui laisseront des « souvenirs indélébiles » dans sa mémoire. 

 

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En février dernier, l’Institut pour la citoyenneté canadienne a souligné la contribution et les réalisations des Canadiens et des canadiennes noir(e)s, à l’occasion de cérémonies de citoyenneté virtuelles tenues à Toronto, Montréal, Calgary et dans les provinces atlantiques. Karen Carter, une figure de proue du domaine artistique, s’est jointe à nous pour la cérémonie virtuelle du 19 février.

Mm Carter est directrice générale du MacLaren Arts Centre de Barrie, en Ontario. Elle est également l’ancienne directrice générale de Heritage Toronto, un organisme de la Ville de Toronto chargé de la sensibilisation au patrimoine de la ville et de sa promotion. Elle est en outre directrice générale et fondatrice du Myseum of Toronto et cofondatrice et directrice de Black Artists’ Network and Dialogue (BAND), un organisme qui se consacre à la promotion des arts noirs et de la culture noire au Canada et à l’étranger. Mme Carter est aussi fondatrice et directrice artistique de C-Art, une foire d’art caribéen lancée en janvier 2020, à Mandeville, en Jamaïque.

Après la cérémonie, nous avons eu l’occasion de discuter avec elle d’arts et de culture, de communauté et de la signification qu’elle donne au Mois de l’histoire des Noirs.

Selon vous, pourquoi les arts et la culture sont-ils si importants pour vous, sur le plan personnel, et pour la société en général?
Je crois fermement que les arts et la culture sont l’un des moyens les plus efficaces de créer un monde meilleur grâce à de l’éducation informelle. Dès le plus jeune âge, je savais que je voulais travailler dans les arts, de quelque manière que ce soit. Pour moi, ce qui importe est essentiellement cette puissance douce des arts et de la culture, qui permet de créer un espace pour les dialogues, même les plus difficiles, tout comme des moments de légèreté et de joie, et des occasions pour les gens de se réunir.

L’une des choses que j’ai dit aimer sur ce pays [au cours de la cérémonie de citoyenneté], c’est l’expérience de devenir une meilleure personne, de viser mieux. Je crois que plus les occasions d’avoir des conversations difficiles se multiplient pour les gens, mieux c’est. Et je pense que nos sociétés en ont besoin pour devenir aussi plurielles qu’entières. Sans les arts, on escamote tout un pan de la condition humaine. Ainsi, pour ma part, être capable de le faire comme travail est un privilège puisque c’est une façon d’influer sur la vie des gens à court comme à long terme, en faisant ce que je fais le mieux.

[icc_block_quote quote=”À mon avis, comprendre l’histoire nous aide à comprendre le présent et à vraiment saisir ce que signifie l’appartenance à ce pays. ” author=”” border_colour=”#000000″]

Quel rôle les arts et la culture peuvent-ils avoir pour favoriser le sentiment d’appartenance, selon vous?
Dans le paysage canadien, l’appartenance – et je crois que cela s’est intensifié après le 150e anniversaire du Canada – fait vraiment partie intégrante des espaces artistiques et culturels, ce qui permet de renouer avec nos racines autochtones. Selon moi, on acquiert un sentiment d’appartenance quand on comprend le monde auquel on appartient. Beaucoup de travail a été fait depuis. Mais évidemment, il en reste encore à faire pour véritablement comprendre qui nous sommes comme pays et donner l’occasion aux artistes canadien·ne·s d’en faire partie. Pour comprendre qui nous sommes, nous devons explorer les relations complexes que nous entretenons avec les communautés autochtones et c’est alors seulement que nous commençons à saisir les nuances de la définition plus large de la culture et de l’identité canadienne. Prenons la reconnaissance des territoires, par exemple. On prend soudainement conscience que le territoire sur lequel on marche dans ce pays qui se cherche encore a été volé aux Autochtones. C’est en prenant conscience de cette réalité que l’on avance et que nous rendons hommage et respect, mais aussi que nous redonnons à ces communautés leurs voix authentiques. Il s’agit presque d’un passage obligé pour approfondir notre compréhension de toutes ces personnes de partout dans le monde, arrivées ici il y a 400 ans, 200 ans ou la semaine dernière, qui ont élu domicile en ce pays et y ont contribué de si nombreuses manières. À mon avis, comprendre l’histoire nous aide à comprendre le présent et à vraiment saisir ce que signifie l’appartenance à ce pays. 

Pourriez-vous nous parler de ce que vous avez fait à Heritage Toronto et de ce que vous faites aujourd’hui au MacLaren pour rendre les arts et la culture plus inclusifs?
Les leçons tirées et les travaux réalisés dans la communauté à Heritage Toronto sur l’éducation au patrimoine et sa protection ont confirmé à mes yeux l’importance de comprendre l’histoire dans notre développement, peu importe ce que nous réalisons dans l’art ou la culture. Par exemple, actuellement au MacLaren, le premier projet sur lequel je travaille est une projection d’art publique. La projection vise à annoncer mon mandat au musée comme directrice générale, mais aussi à expurger cet apparent snobisme de l’art.

Pour moi, notre compréhension de l’histoire, qui nous donne ce sens de la communauté, sous-tend les choix que nous faisons pour nous présenter, collaborer et travailler en partenariat comme organisation artistique, laquelle est le reflet de sa communauté. L’intérêt pour la culture ne se manifeste pas de la même façon dans toutes les communautés, mais la responsabilité d’un leader culturel est d’en faire le plus possible pour rejoindre le plus vaste public possible.

Je suis très enthousiaste de cette chance que j’ai de rendre l’art accessible, et non pas affecté ou intimidant.

À la lumière de vos travaux visant à mettre en lumière les différentes voix au fil de votre carrière, quel conseil donneriez-vous aux organismes qui souhaiteraient faire de même pour la première fois?
Lorsque nous avons ouvert le Myseum of Toronto, je me souviens que nous voulions un musée qui appartienne à chacun de nous, à la communauté. Dès lors que la communauté a un sentiment d’appartenance envers une institution, cela ramène de facto l’organisation à sa souche. Je pense que le talon d’Achille de bien des institutions est de se dire « on l’a construit, donc les gens viendront ». Donc nous avons construit ce grand édifice, tout aménagé à l’intérieur, mais personne ne franchissait les portes… et c’était avant la COVID, soyons honnêtes. Alors pour ma part, la leçon cruciale que je retiens, aussi bien de notre travail au BAND qu’au Myseum, et que j’appliquerai même dans ma stratégie au MacLaren, est de sortir des lieux et d’aller dans la communauté, de franchir les portes que nous ouvrent les rencontres et c’est comme cela que les gens, eux, franchiront les nôtres.

Je crois qu’il faut passer plus de temps dans la communauté. L’idée n’est pas d’aller vendre un programme quelconque, mais simplement de rencontrer les gens et de leur dire « Bonjour! Voici ce que nous faisons, je suis curieuse de savoir ce que vous faites ». Écouter plus, parler moins. Nul besoin d’avoir quelque chose à demander ni une idée à émettre, mais simplement d’être ouvert à se présenter et à voir où mènera la relation. C’est un peu comme commencer à sortir avec quelqu’un : on rencontre la personne, mais on ne planifie pas le mariage à la minute où l’on se voit!

Vous avez créé l’organisme BAND (Black Artists’ Network and Dialogue) qui fait la promotion des arts noirs et de la culture noire au Canada et ailleurs dans le monde. La manière de travailler de l’organisation a-t-elle changé au fil des ans?
L’objectif de BAND était d’abord de créer un espace permettant aux artistes d’être des artistes. Comment pouvions-nous aider les artistes noir·e·s canadien·ne·s, de sorte qu’elles et ils puissent créer et, nous l’espérons, prendre un plus grand espace dans le paysage international? Pour toutes celles et tous ceux faisant partie de la diaspora partout dans le monde, comme Noir·e et descendant·e africain·e, et même la population du continent même, on sent toujours ce ressac, qui ramène inexorablement vers l’identité noire américaine. Parallèlement à cette machine culturelle, il faut savoir trouver son équilibre pour faire place à sa petite voix intérieure.

Actuellement, dans la foulée de tout ce qui est arrivé, BAND a élevé sa capacité à transmettre et à partager de l’information. Après 10 ans, je crois que la galerie a pris sa place. Les choses que nous accomplissons vont bon train et nos partenariats locaux et internationaux sont en bonne santé. Maintenant, comment pouvons-nous tirer parti de ce capital créatif et de cette crédibilité que nous avons bâtis pour voir jusqu’où nous pouvons aller? Comment aider d’autres personnes à créer d’autres espaces au Canada? Car nous ne voulons pas être les seuls! Ce serait bien de mettre sur pied un réseau… Pourrions-nous avoir une galerie dans l’Ouest? Nous assurer d’avoir un pied-à-terre à Montréal? Comment pouvons-nous utiliser ces connaissances et cette crédibilité pour favoriser le développement du paysage culturel noir national?

Que signifie le Mois de l’histoire des noirs pour vous?
Le mois comme tel m’intéresse moins que la curiosité qu’il suscite chez les citoyen·ne·s envers d’autres citoyen·ne·s. Selon moi, tout mois soulignant l’histoire devrait vraiment servir à mettre en lumière un moment en particulier, qui, peut-être, fera germer une graine qui pourra être plantée. La sensibilisation peut ensuite amener à se dire : « Que puis-je faire maintenant que je suis dans le coup, que la cause m’interpelle, pour démanteler le racisme? » Ou encore : « Quels petits gestes puis-je faire pour éviter que mes enfants n’apprennent tout cela seulement à l’âge adulte? »

Selon moi, ce mois est extrêmement important et puissant, parce qu’il permet aux gens d’acquérir des connaissances qui leur serviront dans leur vie, tout au long de l’année. La compréhension des problèmes auxquels sont confrontées les communautés culturelles noires favorise l’empathie, toutes communautés ethniques confondues. Cela nous fait alors penser : « Oh! Alors c’est de cette façon que je voyais les enjeux dans les communautés noires. Pourquoi ne pas en apprendre plus sur les enjeux liés aux Autochtones ou à la communauté juive? »

Je crois également que le Mois de l’histoire des Noirs est important pour la notion d’enracinement ici. L’une des bonnes choses que Jean Augustine a réalisées en faisant de ce mois un événement canadien est que la conversation ne porte plus uniquement sur les références américaines, mais aussi canadiennes. Par exemple, vous vous demandez qui est notre Rosa Parks canadienne, pour ensuite constater que le visage de Viola Desmond se trouve sur notre billet de 10 $.

Rencontre avec Ife Thomas, membre Canoo!

Ife et son mari ont choisi de venir vivre au Canada, car pour eux, c’était le lieu de toutes les chances, de toutes les occasions. Ce qu’elle préfère du Canada est la liberté et la diversité, ce qui, précise-t-elle, ne s’exprime pas seulement par les gens et les cultures, mais aussi par la géographie du pays.

Depuis qu’Ife et sa famille ont reçu leur citoyenneté, ils ont utilisé Canoo comme outil pour les aider à explorer les lieux qui les entourent et même découvrir leur futur endroit préféré : Banff! Après avoir visité la ville, profité d’un pique-nique au lac Minnewanka et relaxé sur les berges en contemplant les montagnes majestueuses, Ife a pu constater combien ses fils appréciaient le moment. Particulièrement son fils aîné, qui a déclaré Banff comme étant son endroit préféré. Chaque jour il demande : « Allons-nous à Banff aujourd’hui? »

Ife affirme que Canoo l’a aidée avec son conjoint et sa famille à explorer le meilleur du Canada, et trouve très pratiques les suggestions d’endroits à visiter, proches ou éloignées, particulièrement les parcs nationaux, pour les enfants. « Canoo était comme une carte géographique qui m’indiquait tous les endroits que je devais visiter sans devoir faire de multiples recherches. » 

Pour Ife, qui élève maintenant sa famille au Canada, l’inclusion est très importante. Cela signifie « se sentir acceptée et accepter les autres, peu importe leur origine, leur religion, leur sexe ou leur passé ». Elle explique qu’elle « ressent un sentiment de fierté de voir tous ces gens de tous horizons vivre ici et s’y sentir accueillis, et de voir toutes ces différences unifier le pays et faire du Canada un endroit où il fait si bon vivre.

Ife s’efforce d’être une citoyenne active, non seulement en allant voter aux élections locales ou nationales, mais aussi « en apprenant et en expérimentant le plus possible la culture canadienne, que ce soit en voyageant à travers le pays ou en visitant des parcs, des musées et des sites historiques locaux ». Ife espère continuer d’utiliser Canoo pour explorer et découvrir d’autres endroits dont elle et sa famille pourront profiter ensemble.

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Rencontrez Harish Kashyap, membre Canoo!

Il a choisi de venir au Canada parce que « le Canada est l’un des pays les plus remarquables du monde où les rêves deviennent réalité » Il dit qu’il a pu se voir, ainsi que sa famille, grandir, vivre et partager des moments heureux pour le reste de leur vie ici au Canada.

« Ce que j’aime le plus au Canada, c’est la diversité des gens, je peux échanger des intérêts culturels, m’épanouir dans ma carrière, et aussi offrir une vie saine et sûre à ma famille. »

Harish visite généralement les lieux avec sa famille; il dit que partager ces voyages signifie partager le bonheur et renforcer les liens familiaux. Les endroits préférés qu’il a visités avec Canoo sont le parc national de Banff et le parc national de Jasper pendant l’été. « J’y suis allé avec ma famille et mes amis et leur famille» dit Harish, « nous avons vécu les moments époustouflants du parc national de Banff, et nous étions si près de la nature. Le fait d’être si proche de la vie sauvage et de partager la même route tout en conduisant était la meilleure partie. C’est génial de voir la faune dans son véritable habitat naturel Canoo une super application qui fournit de l’information pratique pour visiter des endroits, quelle que soit la partie du Canada dans laquelle vous vous trouvez. »

Harish estime que les lieux culturels, y compris les espaces naturels comme les parcs nationaux, sont des éléments importants pour favoriser l’inclusion et l’appartenance au Canada. « Ce sont des endroits où nous apprenons à connaître de près les autres personnes et leur culture », dit-il. « Mettre les lieux culturels à disposition de tous permet de respecter les autres cultures tout en apprenant quelque chose de nouveau chaque jour.

« Je peux être fier de représenter l’un des pays les plus respectueux du monde. Pour moi, l’inclusion signifie le sentiment d’être une partie importante de la diversité culturelle. »

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Rencontrez Gauri Suri un membre Canoo! Gauri a quitté l’Inde pour venir vivre au Canada il y a presque 10 ans et a obtenu sa citoyenneté canadienne, en ligne, en mai de cette année.

« Ce que j’aime le plus du Canada est la gentillesse des gens », explique Gauri. « Le Canada est véritablement un pays de toutes les opportunités et une nation diversifiée, où je sais que je peux accomplir tous ce que je veux, peu importe ce que j’ai en tête. Il y a 10 ans, j’ai immigré au Canada et j’ai l’impression de toujours avoir pu atteindre mes buts en travaillant fort et aussi grâce à la gentillesse que l’on m’a montré, parfois par des inconnus, que je considère maintenant comme mes amis et ma famille ».

Gauri a utilisé son appli Canoo pour visiter des musées de Vancouver et de Calgary, ainsi que des parcs nationaux de Banff et de Lake Louise.

« J’adore l’appli Canoo! » dit Gauri. « Quelle belle idée de permettre à tous les nouveaux citoyens d’en apprendre plus sur le pays, sa culture et ses traditions ».

« J’ai vécu de fantastiques expériences grâce à Canoo. Au cours de l’été 2020, nos activités étaient limitées en raison de la pandémie. Mais comme je vis tout près des Rocheuses et que je suis du type randonneuse, j’ai pu admirer les magnifiques lacs turquoise, les chutes et les montagnes majestueuses de Banff et de Lake Louise. Tous ces lieux ont préservé ma santé mentale et, bien sûr, la nature m’a époustouflée chaque fois pour des moments magiques. Les mots me manquent pour décrire les paysages que j’ai pu contempler. De plus, j’ai réussi à convaincre des amis d’expérimenter la randonnée au lever du soleil, ce qui est devenu une habitude de tous les week-ends pour nous! »

Gauri croit que la nature et la culture sont d’importants facteurs d’inclusion. « La culture joue un rôle important, car elle nous montre à voir le bon dans toutes les ethnicités. En cette terre d’accueil, nous sommes tous libres de célébrer ensemble et d’appeler ce pays une nation diversifiée ».

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Rencontre avec Anique Ellis, membre Canoo. C’est en octobre 2007 qu’Anique Ellis est venue pour la première fois au Canada, dans le cadre d’un programme d’échange culturel pour les enseignants jamaïcains en formation avec le Northern Lights College de Fort St. John, en Colombie-Britannique. « C’est à ce moment que je suis littéralement tombée amoureuse du Canada », explique Anique Ellis. « La culture et les gens m’ont tout de suite convaincue de venir m’installer au Canada. Lorsque je suis retournée en Jamaïque pour terminer ma formation d’enseignante, je n’ai pas tardé à entamer le processus ».

Anique Ellis est enthousiaste et fière d’être une citoyenne canadienne. « Je prends toute la responsabilité de mon rôle de citoyenne et je m’assure de contribuer à la société comme je le peux ».

« Le Canada est un endroit fantastique où vivre », affirme-t-elle. « Ce n’est pas qu’un beau pays, il est aussi inclusif. Tout le monde est traité également et les différentes cultures sont célébrées et appréciées. L’inclusion, c’est le Canada; vivre au Canada, c’est vivre l’inclusion ».

Anique Ellis a visité plusieurs provinces et est incapable de nommer sa préférée. « Le Canada est absolument époustouflant », s’exclame-t-elle. « J’ai visité le Manitoba, l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta et je suis incapable de nommer la province que je préfère! Chaque province est unique, riche sur le plan culturel et regorge d’activités et d’endroits à expérimenter et explorer ».

Habituellement, Anique Ellis visite des lieux avec son fils. Son endroit préféré est le Royal Alberta Museum. « J’ai vécu une expérience mémorable au Royal Alberta Museum », indique-t-elle. « La première fois, c’était avec mon fils, en décembre 2019. J’ai adoré les coins aménagés pour les enfants qui leur permettent d’apprendre, d’explorer et de jouer dans le musée. Le personnel était très gentil et accueillant.

Les lieux culturels comme le Royal Alberta Museum offrent à chaque Canadien l’occasion d’en apprendre plus sur d’autres cultures, ce qui aide à faire tomber les barrières et les préjugés, tout en favorisant le dialogue et l’acceptation de nos différences. C’est ce qui nous distingue, comme Canadien.

Grâce à Canoo, j’apprécie encore plus l’histoire et le patrimoine riches du Canada. Canoo permet de lier histoire, culture et divertissement. C’est une expérience extraordinaire! »

Indigitization est un programme visant à promouvoir et à offrir la possibilité de numériser les connaissances dans les communautés autochtones. Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre des groupes autochtones de la Colombie-Britannique et des partenaires universitaires, soit l’University of British Columbia (UBC) et l’University of Northern British Columbia (UNBC). 

C’est en 2012 que le programme Indigitization est mis en œuvre. Au cours des huit dernières années, l’équipe multidisciplinaire a développé des protocoles et des politiques d’accès appropriés sur le plan culturel, préparé des trousses d’outils accessibles et créé une subvention permettant de numériser les connaissances des Premières Nations de la Colombie-Britannique, en tout respect de leur réalité. Indigitization se sert des commentaires reçus pour adapter ses travaux en continu. L’équipe a aussi demandé à des participant·e·s du programme d’agir à titre de partenaires pour l’événement Indigitization Futures Forum tenu en 2016. 

Nous avons discuté avec Gerry Lawson de ce modèle unique en son genre alliant patrimoine culturel, pratiques d’information culturellement appropriées et développement communautaire durable.

Julia  Matamoros 

Partnerships Officer

Commençons par mettre le tout en contexte. Pourquoi le programme Indigitization a-t-il été créé et à quels besoins ou lacunes vient-il répondre? 

Lorsque le projet pilote a démarré, très peu de numérisation était effectuée dans les organismes des Premières Nations, même si le besoin était criant. Certains organismes communautaires faisaient de la numérisation, mais il leur était impossible de savoir s’ils respectaient les pratiques exemplaires en matière de numérisation. Les organismes dans les communautés possèdent de modestes ou de très vastes collections d’enregistrements du patrimoine culturel, et ce, dans presque tous les formats possibles et imaginables. C’était presque unanime : les communautés sentaient que ces enregistrements étaient trop précieux pour les confier à une organisation externe. À cette époque, il n’y avait que très peu de directives relativement aux pratiques de numérisation et le financement était généralement insuffisant pour cette tâche. 

Le financement offert aux organismes de conservation de la mémoire était bien souvent soit non disponible, soit non approprié aux collections des communautés des Premières Nations. Ces programmes de financement nous obligeaient par ailleurs à adopter des pratiques onéreuses et à fournir un accès libre complet au contenu numérisé. Sur le plan éthique, presque aucune collection de connaissances des communautés autochtones ne pouvait devenir totalement accessible. En plus des contraintes imposées par le régime occidental de propriété intellectuelle, le savoir autochtone est assujetti à des protocoles d’accès culturel distincts pour chaque communauté. Bien souvent, ces protocoles n’avaient pas été mis en place pour gérer la sphère numérique.

Qui plus est, la plupart des directives sur les pratiques exemplaires de numérisation audio étaient rédigées dans un jargon hautement technique et plusieurs d’entre elles étaient désuètes quant à l’équipement minimum requis. Bref, l’équipement requis n’était pas disponible, les documents n’étaient compréhensibles de personne hormis des expert·e·s du domaine et les « pratiques exemplaires » ne cadraient pas avec ce que l’on pourrait appeler de « pratiques actuelles ». Les gestionnaires des collections dans les communautés se trouvaient donc bloqués, aussi bien par un manque de financement que par le manque de clarté des directives pour aller de l’avant. 

Comment le programme Indigitization résout-il ces problèmes?

Dans le cadre du projet pilote de 2012, nous avons développé une trousse de numérisation de cassettes audio tout-en-un extrêmement facile à assembler. Le manuel d’instructions (presque totalement) exempt de jargon technique qui accompagne cette trousse permet aux petites organisations de planifier leur projet de numérisation et de suivre une méthodologie étape par étape pour l’évaluation de la condition et la numérisation aux fins de préservation. L’Irving K Barber Learning Centre (IKBLC), qui a financé le projet pilote initial, a courageusement réinvesti dans le projet pour faire de ces trousses un programme continu d’octroi de subventions. 

Nous avons pu mettre en place un processus de financement qui n’oblige pas les organisations des Premières Nations à rendre leurs enregistrements accessibles au public. Nous demandons aux communautés d’utiliser leurs collections numérisées comme base pour établir des politiques d’accès appropriées sur le plan culturel. La subvention inclut également une formation technique ainsi qu’un soutien en continu pour toute la durée de leur projet. Nous avons été en mesure d’adapter les paramètres de subvention d’un cycle à l’autre et de l’améliorer en continu afin de répondre aux besoins en capacité technique de ces organisations.

En quoi ce programme est-il unique en son genre? 

Je crois que notre programme se distingue par les personnes mêmes qui y ont travaillé. Même si l’initiative s’apparente à une collaboration purement universitaire avec l’UBC, ce projet a en fait pris racine dans la communauté. 

Notre équipe de base est restée très axée sur les besoins en constante évolution des communautés autochtones. D’autres personnes et organisations ont pu se joindre à nous et faire évoluer le programme, et ce, sans perdre de vue nos objectifs fondamentaux.

Les personnes qui ont dirigé le processus de préparation de nos guides et les membres de la direction du programme ont tous et toutes de l’expérience de travail directement dans des organismes communautaires. La première coordonnatrice du projet Indigitization, Mimi Lam, qui a préparé plusieurs des guides, a acquis la majorité de son expérience au sein de l’organisme Union of BC Indian Chiefs. C’est là d’ailleurs que j’ai moi-même développé mes pratiques de numérisation. Sarah Dupont, une femme d’origine métisse qui a repris les rênes de la coordination après Mimi, a mis à profit son expérience de travail auprès d’expert·e·s communautaires pour développer la plupart des paramètres de subvention et des protocoles de nos ateliers de formation en personne. Sarah a également porté attention aux commentaires afin de toujours innover et améliorer le processus boursier à chaque étape. Erica Hernandez-Read, des Archives de l’UNBC, jouit de solides relations avec les communautés du nord et a contribué à en développer de nombreuses autres. Lisa Nathan, de l’iSchool de l’UBC, a mis à profit sa grande éthique de travail avec les étudiants dans ce projet. Plus récemment, nous avons accueilli Kayla Lar-Son qui a pris la relève de Sarah comme coordonnatrice du programme. Sarah gère toujours de nombreux volets du programme Indigitization simultanément à ses tâches de directrice de la Xwi7xwa Library de l’UBC. Plusieurs étudiant·e·s ont abattu un travail véritablement durable dans le programme, grâce notamment aux leçons tirées de leur participation étudiante dans de précédentes activités financées. 

Le patrimoine culturel est si vaste : comment les communautés déterminent-elles ce qu’elles souhaitent numériser? 

Le patrimoine culturel est très large et c’est d’autant plus vrai dans les organisations des Premières Nations. Presque tous les enregistrements comportent du contenu associé à la langue, à la culture ou à l’histoire. Même des archives qui semblent banales, par exemple des enregistrements de réunions de conseils de bande, contiennent des prières, des chansons et des contes.

Certains organismes communautaires, comme les programmes ou écoles d’enseignement des langues, possèdent également des collections bien spécifiques. Ces collections contiennent parfois des enregistrements de groupes s’exprimant dans une langue en particulier, des entretiens avec des aînés ou des leçons de langue plus structurées. Dans l’ensemble, les communautés disposent de collections variées comportant une diversité de projets structurés de tradition orale, des enregistrements aux fins d’utilisation traditionnelle, des enregistrements de linguistes ou d’autres universitaires, de potlatchs ou encore de transmission des connaissances familiales. C’est exactement la raison pour laquelle Indigitization cible particulièrement le contenu du patrimoine culturel plutôt que des « cours de langues » ou certains autres thèmes plus pointus. 

Tous ces documents sont importants et nous voulons que chaque communauté décide de ses propres priorités. Les communautés se situent toutes à des étapes différentes par rapport aux défis de langue, de culture et de gouvernance qu’elles doivent relever. Chaque communauté s’attaque à ces défis selon des stratégies et priorités locales, qui auront les plus grandes retombées à long terme sur la santé de leur collectivité. C’est pourquoi les communautés sont les mieux placées pour décider du contenu qu’elles souhaitent numériser en priorité dans leurs collections.

Comment êtes-vous entré en contact avec les communautés au départ et comment ces relations évoluent-elles au fil de la collaboration dans le projet Indigitization? 

Pour les premières rondes de financement d’Indigitization, nous avons d’abord misé sur le bouche-à-oreille parmi nos relations et réseaux existants. Puisqu’il n’existait aucune ressource semblable à Indigitization au départ, plusieurs organismes autochtones qui étaient à la recherche de ce type d’aide étaient déjà prêts à embarquer. Au fur et à mesure que le programme gagnait en maturité, nous avons utilisé d’autres canaux pour rejoindre les gens, notamment des publicités payées dans les réseaux techniques autochtones et dans une station de radio du nord de l’Alberta. Les médias sociaux constituent aussi des vecteurs de plus en plus importants pour rejoindre nos partenaires des communautés.

Nous avons aidé plusieurs bénéficiaires de subvention, qui sont pour nous des partenaires, afin d’accroître leur capacité dans de nouveaux domaines ou former de nouvelles personnes. Nous avons également soutenu certaines de ces organisations en les aidant à obtenir des subventions d’autres organismes ou en leur rédigeant des lettres d’appui. Nous gardons le contact avec presque toutes les organisations avec lesquelles nous avons collaboré, à tout le moins de façon périodique. 

En 2016, nous avons organisé l’événement Indigitization Futures Forum. Il s’agissait d’un symposium regroupant 23 de nos ancien·ne·s partenaires et plusieurs de nos collègues de la gestion de l’information pour discuter des réussites et des lacunes quant à la numérisation du patrimoine culturel dans les communautés autochtones. Les discussions et les commentaires soulevés lors de cet événement nous ont aidé·e·s à planifier l’avenir du programme Indigitization.

Comment intégrez-vous de bonnes pratiques éthiques et culturelles dans votre travail? Était-ce un objectif dès le départ? 

Absolument, c’était un objectif dès le départ. Notre capacité à mettre en œuvre des pratiques culturelles appropriées nous venait de l’expérience personnelle des membres de l’équipe qui ont travaillé directement pour ou avec des organismes des communautés autochtones. Les membres autochtones de notre équipe contribuent également à une meilleure compréhension dans le projet, apportant des points de vue personnels sur les mécanismes de trauma et de perte culturels.

Des pratiques exemplaires en matière culturelle sont établies par les expert·e·s des communautés locales. Règle générale, je laisse de côté les pratiques inappropriées sur le plan culturel qui sont incluses dans nos guides, mais qui dominent le discours et les manières de fonctionner en numérisation. Notons par exemple les exigences très coûteuses à respecter pour l’admissibilité à du financement, l’accès complet obligatoire au contenu et l’adhésion au concept occidental de propriété intellectuelle qui ne reconnaît pas le droit des Autochtones à accéder à leur propre patrimoine culturel et à le contrôler. 

Dans le cadre du programme, nous adoptons plusieurs pratiques et protocoles dans nos communications et dans nos ateliers de formation qui permettent d’approfondir les relations avec les communautés. Ainsi, nos partenaires se sentent mieux accueilli·e·s et plus disposé·e·s à apprendre lorsqu’elles et ils visitent nos installations universitaires coloniales. 

Ayant agi à titre de directrice pendant la majeure partie de l’existence de notre programme, Sarah Dupont est celle qui s’est battue pour intégrer la plupart de ces pratiques. Par exemple, des représentant·e·s des communautés autochtones accueillent nos participants et contribuent au partage de connaissances lors des discussions dans les différents projets. Ou encore, des traiteur·euse·s autochtones se chargent de la plupart de nos repas communs. Les exemples sont nombreux, car c’est une préoccupation de premier plan lorsque nous planifions nos rassemblements.

 D’un côté, on trouve la numérisation de contenu en tant que tel et de l’autre, la gestion de l’information du patrimoine numérique au fil de sa croissance. Quelle est votre vision quant à l’accès et à l’utilisation de ce matériel? 

La gestion de l’information est un domaine extrêmement coûteux. Au début de notre projet, nous nous attaquions à un enjeu ciblé, mais essentiel, faisant partie d’un problème plus vaste. Le succès de la numérisation n’est possible que dans un certain cadre. Nous avons accès pendant un certain temps seulement à de l’équipement pouvant faire jouer ces formats et les médias eux-mêmes sont parfois endommagés avec l’âge. 

Actuellement, nous préparons des guides sur des formats assez courants comme le VHS, le Betamax et la bobine libre. Ces formats sont beaucoup plus complexes à numériser que la cassette audio. Nous préparons en ce moment d’autres ressources pour soutenir les processus de base de la gestion des collections. C’est le point de départ pour résoudre le problème plus large de gestion de l’information. Nous devons aussi tenir compte de la portée que nous souhaitons donner à notre programme. Nous n’avons pas à régler chaque problème distinct et de nombreux cas seraient mieux pris en charge par d’autres organisations ou équipes.

Quelles stratégies adoptez-vous pour que ces archives circulent?

L’un des plus importants systèmes de gestion de contenu (SGC) émergent est Mukurtu. Mukurtu est un SGC en source ouverte, qui vise à donner les moyens aux communautés autochtones de gérer et de partager leur patrimoine culturel de manière appropriée. À l’origine, il a été développé pour une communauté autochtone australienne, afin qu’elle puisse gérer l’accès à l’aide de protocoles locaux. Par la suite, ce système a pris de l’ampleur et il est maintenant possible de l’adapter aux protocoles locaux d’autres communautés autochtones. Ce système est loin d’être parfait, mais il est un véritable pionnier pour orienter des organisations communautaires vers des pratiques de gestion de l’information plus structurées. Michael Wynne, membre de l’équipe de Mukurtu, siège à notre comité directeur pour nous aider à mieux concerter nos efforts communs. 

 

Pensez-vous qu’Indigitization pourrait éventuellement collaborer avec d’autres partenaires que les universités ou avec d’autres secteurs en particulier? 

Le projet Indigitization est multidisciplinaire et intersectoriel dans son essence et il a toujours été ouvert à la collaboration lorsque les objectifs concordent. C’est une qualité essentielle pour la plupart des membres de notre équipe de savoir remettre en question certaines pratiques que l’on nous a apprises. De telles collaborations peuvent prendre la forme de partenariats structurels, par exemple, lorsqu’une nouvelle organisation intègre l’équipe d’Indigitization. Il peut aussi s’agir de partenariats temporaires, lorsque nous nous associons à un autre groupe pour développer de nouvelles ressources ou atteindre un nouveau public cible. La collaboration peut aussi demeurer informelle, où chaque organisation aide l’autre à atteindre ses objectifs sans engagement plus grand. 

Les Archives de l’UBNC sont un partenaire de longue date, tout comme le Sustainable Heritage Network de la Washington State University. Actuellement, nous développons de nouvelles relations de travail avec le First Peoples Cultural Council ainsi qu’avec des collègues de la Mount Royal University. Au fil de notre croissance, nous devons accroître notre capacité, particulièrement en ce qui concerne les outils éducatifs, le soutien aux systèmes de gestion de l’information et l’élargissement de la portée de nos ressources; c’est pourquoi nous serons appelé·e·s à établir des partenariats avec des organisations qui ont des objectifs semblables et qui sont bien positionnées pour relever ces défis.

 Cette entrevue a été modifiée pour des raisons de clarté et de longueur.