Qu’est-ce que les principaux partis politiques du Canada ont à proposer au sujet de la citoyenneté, de l’immigration et de l’inclusion?

12.10.2019

L’élection fédérale du Canada aura lieu le lundi 21 octobre 2019. En tant qu’organisme qui encourage la citoyenneté active, l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC) est soucieux de s’assurer que tous les Canadiens, en particulier les nouveaux·elles citoyen·ne·s, sont informé·e·s non seulement sur comment exercer son droit de vote, mais également sur ce que les partis politiques ont à proposer au sujet de la citoyenneté et de l’inclusion. Vous trouverez ci-dessous une présentation détaillée de la position des principaux partis politiques sur les questions de l’inclusion, à savoir l’immigration, la citoyenneté, le multiculturalisme et la diversité ainsi que la lutte contre la haine. Cette page présente les engagements du Parti libéral du Canada, dirigé par Justin Trudeau, du Parti conservateur du Canada, dirigé par Andrew Scheer, du NPD, dirigé par Jagmeet Singh, du Parti vert, dirigé par Elizabeth May, du Bloc Québécois, dirigé par Yves-François Blanchet et du Parti populaire du Canada, dirigé par Maxime Bernier.

Pour savoir comment et où voter, consultez notre blogue. Ceux·elles qui ne sont pas encore citoyens canadiens peuvent, malgré tout, participer à un processus de vote parallèle dirigé par des organismes comme CIVIX ou aux Programmes de l’Échange sur l’engagement démocratique.

Pour comprendre les plateformes de chaque parti politique sur diverses questions comme les changements climatiques, le logement, les soins de santé, les impôts et l’éducation, consultez l’analyse de Radio-Canada, mise à jour à mesure que les partis ajoutent des éléments à leur plateforme. L’ICC considère la citoyenneté et l’immigration comme étant des enjeux importants et sait que les électeur·rice·s veulent connaître l’ensemble des engagements des partis avant d’aller aux urnes!

Position des partis en matière d’immigration

Officiellement, le Parti libéral, le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert ont tous déclaré qu’ils étaient en faveur de l’immigration économique. Chacun aborde toutefois cette question de façon très différente. Les immigrants économiques représentent déjà quelque 60 % des immigrants au Canada et ils sont évalués sur leurs compétences et leur capacité à contribuer à l’économie canadienne. Cette catégorie d’immigrants ne comprend pas les réfugiés ni les personnes acceptées dans le cadre d’un programme humanitaire, d’un programme de réunification des familles ou de parrainage.

Les partis mentionnés ci-dessus s’entendent sur la nécessité d’améliorer le système de reconnaissance des titres de compétences au Canada, car il constitue un obstacle important à l’emploi pour les immigrants. L’amélioration de ce système permettrait non seulement aux immigrants d’atteindre leur plein potentiel, mais elle permettrait aussi à l’économie canadienne de bénéficier de toutes les compétences et toute l’expérience des immigrants.

Différences : Niveaux d’immigration et priorités

Dans sa plateforme, le Parti libéral s’engage à « continuer d’accueillir plus de gens au Canada en ciblant les travailleurs hautement qualifiés ». Le gouvernement libéral a créé un plan des niveaux d’immigration pour 2018-2021; c’est le premier plan pluriannuel mis au point depuis plus de 15 ans. Selon ce plan, le nombre d’immigrants a atteint 321 045 en 2018, l’objectif étant de 350 000 immigrants. Les Libéraux prévoient mettre sur pied un volet permanent consacré aux réfugiés pour les défenseurs des droits de la personne, les journalistes et les travailleurs humanitaires. Ils établiront aussi un Programme de candidats municipaux « qui permettra à des communautés locales, à des chambres de commerce et à des associations locales de parrainer directement des immigrants permanents ».

La plateforme du Parti conservateur a été publiée tout récemment, soit à peu près deux semaines avant l’élection. Les conservateurs entendent donner priorité à l’immigration économique plutôt qu’humanitaire (de refugiés) ou de réunification familiale, et miseraient sur le parrainage privé plutôt que gouvernemental des réfugiés. M. Scheer s’engage à remanier le programme des réfugiés parrainés par le gouvernement pour cibler spécifiquement les personnes ayant survécu à un génocide, les refugiés LGBTQ+ et les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. La plateforme conservatrice s’engage à aligner l’immigration sur les besoins économiques en matière de main d’œuvre, à augmenter le nombre de points requis pour qualifier au programme Express entrée, à réduire les traversées irrégulières à la frontière, et à négocier une plus grande autonomie pour le Québec en matière d’immigration.

Dans sa plateforme, le NPD s’engage à « s’assurer que nos politiques et niveaux d’immigration répondent aux besoins de main-d’œuvre au Canada et reconnaissent l’expérience la contribution et les liens que les gens ont établis avec le Canada. » Le parti estime que « la réunification des familles doit être une priorité » de la politique d’immigration canadienne et il s’engage à « travailler avec les provinces pour combler les lacunes dans les services d’établissement ». Dans sa plateforme, le NPD promet également de faire en sorte que l’industrie des consultants en immigration soit mieux réglementée. M. Singh a déclaré que le NPD mettra fin au plafond des demandes de parrainage des parents et des grands-parents et qu’il éliminera les frais de demande et d’établissement des immigrants.

Selon sa plateforme, le Parti vert s’engage à « accélérer la réunification familiale, en particulier la réunification des enfants avec leurs parents », à « établir un système équitable » et à attirer des immigrants pour soutenir la population vieillissante du Canada et pour répondre au besoin de main-d’œuvre. Le Parti vert va aussi « instaurer une discussion nationale pour définir le terme “réfugié environnemental”, puis exercer des représentations pour que la définition soit incluse dans nos catégories d’immigration et qu’on accepte au Canada une proportion appropriée des réfugiés environnementaux. » Les Verts veulent éliminer le programme des travailleurs étrangers temporaires, en plus de garantir un meilleur financement pour l’enseignement des langues et pour les services de formation dans les langues officielles du Canada.

Selon sa plateforme, le Bloc Québécois souhaite renforcer l’autonomie du Québec dans sa prise de décision et propose que le choix du nombre d’immigrants et de réfugiés acceptés dans la province revienne à l’Assemblée nationale du Québec plutôt qu’au gouvernement fédéral. Le Bloc Québécois promet d’alléger le traitement des dossiers du programme de travailleurs étrangers temporaires et d’accorder un crédit d’impôt aux diplômés récents et aux immigrants qui acceptent un emploi en région.

Le Parti populaire du Canada s’oppose à « l’immigration massive » et s’engage à réduire le nombre total d’immigrants et de réfugiés pour le faire passer de 350 000 à entre 100 000 et 150 000 par an, un niveau jamais vu depuis 1986. Dans sa plateforme, le Parti populaire indique expressément que l’immigration massive est utilisée par les partis traditionnels comme un moyen d’acheter des voix chez les communautés d’immigrants et ajoute que cela fait gonfler le prix des logements. Il précise que l’immigration « ne devrait pas être utilisée pour modifier de force le caractère culturel et le tissu social de notre pays. Elle ne devrait pas imposer aux Canadiens un fardeau financier excessif dans la poursuite d’objectifs humanitaires. »

Voie vers l’obtention de la citoyenneté

Les Libéraux ont promis d’éliminer les frais de dossier pour les demandes de citoyenneté pour les gens qui satisfont aux exigences requises pour l’obtenir. Actuellement, les frais sont de 530 $, alors qu’ils n’étaient que de 100 $ avant l’arrivée du dernier gouvernement conservateur. Le ministre de l’Immigration, Ahmed D. Hussen a déclaré que son gouvernement « a entendu des groupes provenant de tout le pays… que les frais prohibitifs empêchaient des familles de demander la nationalité canadienne. »

Selon sa plateforme, le Parti vert s’engage à « établir un programme pour traiter les 200 000 dossiers estimés de personnes vivant au Canada sans statut officiel en assurant un canal vers la résidence permanente pour ceux qui se qualifient. » Les Verts souhaitent aussi « s’assurer que les Canadiens déchus de leur citoyenneté à cause de lois archaïques soient protégés et qu’on les rétablisse dans leur citoyenneté. » Par ailleurs, ils s’engagent à « faciliter les processus permettant à des étudiants ou à des travailleurs étrangers d’accéder à la résidence permanente et à la citoyenneté. »

Promotion de la diversité et du multiculturalisme

Les Libéraux mentionnent qu’ils « en feront plus pour encourager la diversité dans les nominations aux agences et organismes fédéraux » et qu’ils « ne nommeront que des juges bilingues à la Cour suprême du Canada. » M. Trudeau est le seul chef de parti qui a dit publiquement qu’il envisagerait contester le projet de loi 21 du Québec, qui interdit à certains fonctionnaires, notamment aux enseignants et aux policiers, de porter des signes religieux.

La plateforme des conservateurs ne contient aucun engagement précis en matière de multiculturalisme ou de diversité. Les Conservateurs ont toutefois indiqué publiquement qu’ils ne contesteraient pas le projet de loi 21 du gouvernement du Québec.

Dans sa plateforme, le Nouveau Parti démocratique prend plusieurs engagements pour lutter contre la discrimination fondée sur la race, le sexe ou l’orientation sexuelle et pour améliorer l’équité. Selon cette plateforme, le NPD va « renforcer les lois sur le travail et assurer l’embauche diversifiée et équitable au sein de la fonction publique fédérale et dans les secteurs sous réglementation fédérale. Les emplois et la formation pour les groupes sous-représentés feront partie intégrante de nos plans d’infrastructures fédérales. » M. Singh appuie l’élargissement de lois linguistiques au Québec, mais il a déclaré publiquement qu’il ne participerait à la contestation du projet de loi 21.

Les Verts mettent l’accent sur la collaboration avec les provinces et les municipalités pour « améliorer l’intégration des nouveaux Canadiens et Canadiennes dans la toile multiculturelle de notre pays. » Dans leur plateforme, ils présentent plusieurs promesses visant à soutenir la diversité et le multiculturalisme, notamment en « aidant les organisations culturelles à obtenir le statut d’organisme de charité. » Ils s’engagent également à encourager « le recours aux accords de retombées locales afin d’accroître l’inclusion économique et les occasions d’affaires pour les communautés de couleur marginalisées. » Mme May a personnellement pris position contre le projet de loi 21 du Québec, mais a toutefois indiqué qu’elle n’exigerait pas l’intervention du gouvernement fédéral.

Blanchet, du Bloc Québécois, a déclaré que la Loi sur le multiculturalisme canadien ne devrait pas s’appliquer au Québec, principalement en raison des préoccupations et du désir de protéger la langue et la culture du Québec. Lors du débat des chefs du 7 octobre, M. Blanchet a défendu le projet de loi 21 du Québec et a ajouté que le Québec n’avait pas besoin que les politiciens fédéraux lui disent « quoi faire ou ne pas faire en ce qui concerne ses propres valeurs. »

Selon sa plateforme, le Parti populaire du Canada s’engage à « abroger la Loi sur le multiculturalisme et à supprimer tout financement destiné à promouvoir le multiculturalisme. Il mettra plutôt l’accent sur l’intégration des immigrants dans la société canadienne. »

Lutte contre la haine en ligne et renforcement de l’inclusion

Les Libéraux s’engagent à « lutter contre l’extrémisme violent en ligne » en exigeant que les plateformes de médias sociaux suppriment le contenu illicite, y compris les propos haineux, dans les 24 heures suivant leur publication, sous peine d’encourir des pénalités financières importantes. Pour lutter contre le racisme hors ligne, les Libéraux s’engagent à renforcer la Stratégie de lutte contre le racisme en doublant son financement, à augmenter le financement d’initiatives communautaires visant à promouvoir l’inclusion et à combattre le racisme, ainsi qu’à améliorer la qualité et la quantité des données réunies au sujet des crimes haineux. Ils vont également « augmenter les investissements dans le Centre canadien pour l’engagement communautaire et la prévention de la violence. »

Les Néo-démocrates s’engagent eux aussi à lutter contre toutes les formes de haine et de racisme. Ils promettent de « réunir un groupe de travail pour lutter contre la haine en ligne, protéger la sécurité publique et s’assurer que les plateformes de médias sociaux soient responsables d’éliminer les contenus haineux et extrémistes avant que ceux-ci n’aient la chance de faire du mal ». Sous un gouvernement néo-démocrate, toutes les grandes villes disposeront d’unités spécialisées dans les crimes motivés par la haine au sein des services de police locale.

Le Parti vert s’engage à protéger les minorités contre la discrimination, un élément essentiel d’une économie verte. Les verts s’engagent à réglementer Facebook, Twitter et les autres plateformes de médias sociaux pour s’assurer que seules de vraies personnes, à l’identité vérifiable, puissent publier sur ces plateformes.

Le Parti conservateur et le Parti populaire du Canada basent tous deux leurs positions respectives sur la nécessité de protéger « la liberté d’expression » et favoriseront des politiques et des mesures législatives visant à protéger la liberté de parole au Canada. Dans sa plateforme, le Parti populaire du Canada insiste sur « la protection des Canadiens contre la censure ». Les Conservateurs s’engagent de leur part à présenter un projet de loi sur la responsabilisation en matière de cyberintimidation qui interdirait l’utilisation d’un téléphone ou d’Internet pour menacer ou justifier l’automutilation.

Citoyenneté active

Certains partis ont proposé des investissements qui encouragent la citoyenneté active et la participation dans les domaines des arts et de la culture, s’alignant ainsi avec les priorités de l’ICC — et peut-être même s’inspirant de notre programme culturel et application Canoo. Le gouvernement libéral a annoncé la promesse d’un laissez-passer culturel, d’un crédit de 200 $ pour permettre aux enfants de 12 ans et plus d’avoir accès aux théâtres, musées, galeries d’art, ateliers et à d’autres lieux culturels qui présentent du contenu canadien local. Les Conservateurs ont déclaré qu’ils élimineront les frais d’admission à tous les musées nationaux pour tous les Canadiens, ainsi que les touristes.

Plutôt que d’éliminer les frais d’admission ou de promettre des crédits d’impôt pour les particuliers, le NPD et le Parti vert promettent des investissements dans les institutions artistiques et culturelles, dans les médias ainsi que dans les maisons de production artistiques et culturelles. Par exemple, dans sa plateforme, le NPD s’engage à mettre en place l’étalement du revenu imposable pour les artistes et les travailleuses et travailleurs du secteur culturel. Le Parti vert s’engage à « augmenter le financement pour tous les organismes artistiques et culturels du Canada, y compris pour le Conseil des arts du Canada, l’Office national du film et Téléfilm Canada. »

L’Institut pour la citoyenneté canadienne encourage tous les citoyens canadiens à consulter la plateforme électorale complète de chaque parti et à faire entendre leur voix le 21 octobre!

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