Rencontre avec Fazela Yasin, membre Canoo.

Fazela a choisi de venir s’installer au Canada parce que pour elle, cela signifiait vivre dans un pays où elle serait reconnue à sa juste valeur, profiterait des mêmes possibilités et serait en mesure de redonner dans sa communauté de manière significative en tant que femme. Pour Fazela, l’inclusion est, dans ses mots, « un tout cousu dans le tissu », c’est-à-dire la chance d’entrer en contact avec différentes cultures tout en étant acceptée avec la sienne. Fazela est fortement impressionnée par les efforts proactifs et continus des Canadiens pour accueillir et rassurer l’autre. En retour, elle souhaite être une citoyenne active en « remplissant tous les devoirs pour lesquels elle a prêté serment et en s’assurant de toujours vivre à la hauteur des qualités qui caractérisent le peuple canadien ».

Fazela confie que les lieux culturels comme ceux qu’elle a visités à Vancouver favorisent grandement l’inclusion sociale, car ils donnent à toutes et à tous la chance de côtoyer différentes cultures, coutumes et autres bagages de vie : « Cela stimule notre reconnaissance envers nos compatriotes canadiens et nous aide à bâtir des relations malgré nos différences, à établir la confiance, à être source d’échanges et respectueux envers les autres. » Nathalie et Stacy, les plus proches amies de Fazela, vivent toutes deux hors Canada, mais lorsqu’elles lui rendent visite et qu’elles profitent ensemble de lieux culturels grâce à Canoo, c’est l’occasion pour Fazela de leur montrer pourquoi le Canada est si cher à ses yeux.

Fazela confie que Canoo l’a incitée à découvrir des lieux véritablement intéressants. Elle adore avoir le choix parmi presque toutes les villes canadiennes et, peu importe l’endroit, toujours avoir des lieux Canoo à explorer. Lors d’un voyage à Vancouver en avril 2019 avec sa meilleure amie Nathalie, Fazela a visité le Dr. Sun Yat-Sen Classical Chinese Garden. Dès qu’elles ont franchi le seuil depuis les rues animées de la ville, elles ont été enveloppées dans « le lieu le plus paisible et serein qui soit. Difficile de croire qu’on se trouve toujours en ville! » Fazela affirme que Canoo lui a permis de vivre d’innombrables expériences précieuses, qui laisseront des « souvenirs indélébiles » dans sa mémoire. 

 

Canoo offre aux nouvelles familles canadiennes l’accès à plus de 1 400 espaces artistiques et culturels et parcs dans tout le Canada. Si l’utilisation de Canoo est gratuite, son fonctionnement, lui, ne l’est pas. À titre d’organisme de bienfaisance, nous comptons sur des dons pour que Canoo reste gratuit pour les nouveaux citoyens. Grâce à votre généreux soutien, nous pouvons susciter chez des milliers de nouveaux·elles Canadien·ne·s et leur famille un véritable sentiment d’appartenance. Offrez Canoo en cadeau! Devenez un donateur mensuel dès aujourd’hui.

En cette période où les forces de l’exclusion, de la discrimination et de la haine continuent de prendre de l’ampleur partout dans le monde, nous devons choisir l’inclusion comme pilier du monde que nous voulons créer. Lors de notre tout premier forum virtuel 6 Degrees, nous avons entendu des présentateurs et des présentatrices de partout dans le monde – et de nos communautés – nous expliquer comment aborder les crises qui s’entremêlent actuellement, comment sortir de la pandémie de sorte que notre société soit plus équitable et dans quelle mesure les mouvements pour la justice raciale et sociale qui ont émergé dans le monde peuvent stimuler un changement significatif.

Voici ce que nous avons appris, les mesures que vous pouvez prendre et comment vous pouvez vous connecter à notre réseau.

[icc_block_quote quote=”Nous avons l’obligation et la responsabilité de faire tout est ce qui en notre pouvoir pour améliorer notre société.” author=”L’honorable Murray Sinclair” border_colour=”#000000″]

Trois choses que nous avons apris

Le racisme, l’âgisme, la misogynie et l’inégalité empoisonnent nos sociétés, et ces problèmes ont été mis à nu lors de la pandémie de COVID-19. Les changements dont nous avons besoin – en matière de justice, de réconciliation et de mise en place d’institutions fiables (et dignes de confiance) – ne se feront pas du jour au lendemain. Il faudra redoubler d’optimisme, de détermination, d’imagination et de travail. Nous avons déjà vu comment cette pandémie a inspiré des efforts encourageants pour le changement. Lorsque vous avez besoin d’inspiration, pensez aux jeunes qui font partie de votre vie – dans votre famille, dans votre cercle d’amis et dans votre quartier – et au genre de société que vous voulez leur laisser.

[icc_block_quote quote=”Que fais-je aujourd’hui pour améliorer la vie de la septième génération?” author=”Roberta Jamieson” border_colour=”#000000″]

Nous devons redoubler d’efforts afin de ne laisser personne derrière. Trop souvent, nos politiques, nos institutions, et même nos mouvements progressistes ont profité davantage à certaines personnes et en ont laissé d’autres en plan. Pour faire en sorte que des voix diverses soient entendues et que chacun ait la possibilité de s’épanouir, nous devons continuer à nous connecter, à échanger des idées, à nous comprendre les uns les autres et à travailler ensemble. Nous avons été témoins de notre potentiel à être solidaire dans la foulée de la pandémie de COVID-19, et nous devons poursuivre sur cette lancée.

Pour opérer un changement systémique, nous avons besoin d’une armée de personnes éthiques, imaginatives et enthousiastes sur tous les fronts. Nous avons besoin que les gens utilisent leur voix, leur vote et leur argent pour exiger que les personnes qui sont au cœur du système travaillent pour un réel changement, tout en célébrant ces changements positifs. Mais cela n’est pas suffisant. Les institutions du pouvoir, et les cultures qu’elles prônent, ne sont pas faites pour être ébranlées, même lorsque la société le demande. Pour surmonter cette inertie et les injustices sur lesquelles reposent de nombreux systèmes, nous avons également besoin d’alliés « à l’intérieur » du système, qui sont capables de le reconnaître lorsque les structures critiques sont défaillantes, et qui ont la créativité et l’énergie nécessaires pour les remplacer par quelque chose d’entièrement nouveau. Que ce soit depuis l’intérieur ou depuis l’extérieur, nous avons besoin de votre participation. Maintenant.

[icc_block_quote quote=”Il existe une certaine fascination pour le peuple, pour les masses, mais je dois faire preuve d’audace sur ce point, nous devons saisir le pouvoir. ” author=”Renata Ávila” border_colour=”#000000″]

Voyez grand. La crise aux multiples facettes qui sévit actuellement est en partie due à un manque d’imagination. Nous devons voir grand pour faire de grands changements. Nous devons mûrir notre réflexion pour opérer des changements audacieux. Répondez à cette crise avec ambition, pas en reculant.

Interrogez-vous sur le rôle que vous jouez dans le maintien de systèmes néfastes. Le racisme systémique va bien au-delà des milices d’extrême droite et des torches tiki. Les personnes bien intentionnées peuvent contribuer et contribuent effectivement au racisme systémique de manière complexe. Approfondissez votre compréhension. Écoutez les opprimés.

Fixez-vous des objectifs, petits et grands, et célébrez vos victoires. Le progrès est source de motivation. Définissez des objectifs clairs et assurez-vous de couronner vos réussites en cours de route.

Ne faites pas cavalier seul. Il n’y a pas de changement sans douleur. Comme nous l’a rappelé l’honorable Murray Sinclair, il est important de mettre en place un système de soutien personnel pour protéger sa propre santé mentale et physique.

Soyez présent, soyez présent, soyez présent. Trouvez des moyens d’être un allié, et passez à l’action. Découvrez comment vous pouvez dépasser les croyances et la rhétorique pour passer à l’action et laisser vos marques. Répétez.

Connaissez vos droits. Vos droits sont consacrés pour une raison. S’ils sont enfreints, vous avez le devoir de les protéger et de les faire valoir. Pas seulement pour vous, mais aussi pour votre communauté et pour les générations futures.

Présentez-vous aux élections. Bien qu’elles soient imparfaites, nos institutions politiques sont de puissants outils de changement. Un homme politique, bien que faisant preuve de la plus grande éthique, ne réussira pas à changer le monde, mais qu’en est-il de 100 hommes? De 1 000? De 10 000? Soyez un des leurs.

Agissez maintenant. Littéralement maintenant. Accomplissez un petit geste dans l’heure qui vient pour faire un grand pas sur la voie de l’inclusion. Découvrez ce que cela implique de présenter sa candidature à une fonction locale. Trouvez une bonne ressource sur l’histoire autochtone et/ou coloniale de votre région. Trouvez une organisation qui partage vos valeurs et dont vous souhaitez soutenir le travail. Nous ne pouvons pas attendre la fin de la pandémie pour commencer à créer une société plus juste et plus équitable. Commencez maintenant.

Lisez les rapports de la Commission vérité et réconciliation dirigée par le sénateur Murray Sinclair, parcourez les 94 appels à l’action et écoutez la Dre Yvonne Poitras Pratt de l’Université de Calgary expliquer l’importance de la Journée du chandail orange, qui reconnaît les survivants des pensionnats du Canada.

Dans son nouveau livre, Michael Sandel explore la question centrale de notre époque : Qu’est devenu le bien commun? The Tyranny of Merit est disponible dès maintenant!

Future of Good a pour mission de trouver et de célébrer des projets canadiens locaux qui aident les communautés #BuildBackBetter à mieux vivre pendant une décennie florissante. Cliquez ici pour partager un projet.

Freidrich Ebert Stiftung s’est associé à CuriosityConnects.us pour réunir des personnes issues du large éventail politique et de tous les États-Unis pour des conversations sur l’actualité et l’identité. Regardez les extraits vidéo de Looking for America.

Écoutez le podcast Economics and Beyond. Chaque semaine, Rob Johnson parle de questions économiques et sociales avec un invité qui n’était probablement pas sur votre liste de lecture d’Econ 101, des musiciens aux économistes rebelles en passant par les activistes.

Lisez TwentyThirty, un magazine en ligne présenté par la Fondation BMW Herbert Quandt. Il met en lumière les défis sociaux, politiques et environnementaux auxquels nous sommes confrontés et présente des dirigeants responsables inspirants qui s’efforcent de les résoudre.

Lisez IndigiNews, un bénéficiaire de la Inspirit Foundation qui vise à démystifier les stéréotypes sur les communautés autochtones perpétués par les médias.

Téléchargez le carnet d’urbanités conçu par l’équipe de Studio LDV Urbain. Cet outil réunit des exemples novateurs destinés aux professionnels de la fabrique urbaine, pour dynamiser les villes!

Indigitization est un programme visant à promouvoir et à offrir la possibilité de numériser les connaissances dans les communautés autochtones. Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre des groupes autochtones de la Colombie-Britannique et des partenaires universitaires, soit l’University of British Columbia (UBC) et l’University of Northern British Columbia (UNBC). 

C’est en 2012 que le programme Indigitization est mis en œuvre. Au cours des huit dernières années, l’équipe multidisciplinaire a développé des protocoles et des politiques d’accès appropriés sur le plan culturel, préparé des trousses d’outils accessibles et créé une subvention permettant de numériser les connaissances des Premières Nations de la Colombie-Britannique, en tout respect de leur réalité. Indigitization se sert des commentaires reçus pour adapter ses travaux en continu. L’équipe a aussi demandé à des participant·e·s du programme d’agir à titre de partenaires pour l’événement Indigitization Futures Forum tenu en 2016. 

Nous avons discuté avec Gerry Lawson de ce modèle unique en son genre alliant patrimoine culturel, pratiques d’information culturellement appropriées et développement communautaire durable.

Julia  Matamoros 

Partnerships Officer

Commençons par mettre le tout en contexte. Pourquoi le programme Indigitization a-t-il été créé et à quels besoins ou lacunes vient-il répondre? 

Lorsque le projet pilote a démarré, très peu de numérisation était effectuée dans les organismes des Premières Nations, même si le besoin était criant. Certains organismes communautaires faisaient de la numérisation, mais il leur était impossible de savoir s’ils respectaient les pratiques exemplaires en matière de numérisation. Les organismes dans les communautés possèdent de modestes ou de très vastes collections d’enregistrements du patrimoine culturel, et ce, dans presque tous les formats possibles et imaginables. C’était presque unanime : les communautés sentaient que ces enregistrements étaient trop précieux pour les confier à une organisation externe. À cette époque, il n’y avait que très peu de directives relativement aux pratiques de numérisation et le financement était généralement insuffisant pour cette tâche. 

Le financement offert aux organismes de conservation de la mémoire était bien souvent soit non disponible, soit non approprié aux collections des communautés des Premières Nations. Ces programmes de financement nous obligeaient par ailleurs à adopter des pratiques onéreuses et à fournir un accès libre complet au contenu numérisé. Sur le plan éthique, presque aucune collection de connaissances des communautés autochtones ne pouvait devenir totalement accessible. En plus des contraintes imposées par le régime occidental de propriété intellectuelle, le savoir autochtone est assujetti à des protocoles d’accès culturel distincts pour chaque communauté. Bien souvent, ces protocoles n’avaient pas été mis en place pour gérer la sphère numérique.

Qui plus est, la plupart des directives sur les pratiques exemplaires de numérisation audio étaient rédigées dans un jargon hautement technique et plusieurs d’entre elles étaient désuètes quant à l’équipement minimum requis. Bref, l’équipement requis n’était pas disponible, les documents n’étaient compréhensibles de personne hormis des expert·e·s du domaine et les « pratiques exemplaires » ne cadraient pas avec ce que l’on pourrait appeler de « pratiques actuelles ». Les gestionnaires des collections dans les communautés se trouvaient donc bloqués, aussi bien par un manque de financement que par le manque de clarté des directives pour aller de l’avant. 

Comment le programme Indigitization résout-il ces problèmes?

Dans le cadre du projet pilote de 2012, nous avons développé une trousse de numérisation de cassettes audio tout-en-un extrêmement facile à assembler. Le manuel d’instructions (presque totalement) exempt de jargon technique qui accompagne cette trousse permet aux petites organisations de planifier leur projet de numérisation et de suivre une méthodologie étape par étape pour l’évaluation de la condition et la numérisation aux fins de préservation. L’Irving K Barber Learning Centre (IKBLC), qui a financé le projet pilote initial, a courageusement réinvesti dans le projet pour faire de ces trousses un programme continu d’octroi de subventions. 

Nous avons pu mettre en place un processus de financement qui n’oblige pas les organisations des Premières Nations à rendre leurs enregistrements accessibles au public. Nous demandons aux communautés d’utiliser leurs collections numérisées comme base pour établir des politiques d’accès appropriées sur le plan culturel. La subvention inclut également une formation technique ainsi qu’un soutien en continu pour toute la durée de leur projet. Nous avons été en mesure d’adapter les paramètres de subvention d’un cycle à l’autre et de l’améliorer en continu afin de répondre aux besoins en capacité technique de ces organisations.

En quoi ce programme est-il unique en son genre? 

Je crois que notre programme se distingue par les personnes mêmes qui y ont travaillé. Même si l’initiative s’apparente à une collaboration purement universitaire avec l’UBC, ce projet a en fait pris racine dans la communauté. 

Notre équipe de base est restée très axée sur les besoins en constante évolution des communautés autochtones. D’autres personnes et organisations ont pu se joindre à nous et faire évoluer le programme, et ce, sans perdre de vue nos objectifs fondamentaux.

Les personnes qui ont dirigé le processus de préparation de nos guides et les membres de la direction du programme ont tous et toutes de l’expérience de travail directement dans des organismes communautaires. La première coordonnatrice du projet Indigitization, Mimi Lam, qui a préparé plusieurs des guides, a acquis la majorité de son expérience au sein de l’organisme Union of BC Indian Chiefs. C’est là d’ailleurs que j’ai moi-même développé mes pratiques de numérisation. Sarah Dupont, une femme d’origine métisse qui a repris les rênes de la coordination après Mimi, a mis à profit son expérience de travail auprès d’expert·e·s communautaires pour développer la plupart des paramètres de subvention et des protocoles de nos ateliers de formation en personne. Sarah a également porté attention aux commentaires afin de toujours innover et améliorer le processus boursier à chaque étape. Erica Hernandez-Read, des Archives de l’UNBC, jouit de solides relations avec les communautés du nord et a contribué à en développer de nombreuses autres. Lisa Nathan, de l’iSchool de l’UBC, a mis à profit sa grande éthique de travail avec les étudiants dans ce projet. Plus récemment, nous avons accueilli Kayla Lar-Son qui a pris la relève de Sarah comme coordonnatrice du programme. Sarah gère toujours de nombreux volets du programme Indigitization simultanément à ses tâches de directrice de la Xwi7xwa Library de l’UBC. Plusieurs étudiant·e·s ont abattu un travail véritablement durable dans le programme, grâce notamment aux leçons tirées de leur participation étudiante dans de précédentes activités financées. 

Le patrimoine culturel est si vaste : comment les communautés déterminent-elles ce qu’elles souhaitent numériser? 

Le patrimoine culturel est très large et c’est d’autant plus vrai dans les organisations des Premières Nations. Presque tous les enregistrements comportent du contenu associé à la langue, à la culture ou à l’histoire. Même des archives qui semblent banales, par exemple des enregistrements de réunions de conseils de bande, contiennent des prières, des chansons et des contes.

Certains organismes communautaires, comme les programmes ou écoles d’enseignement des langues, possèdent également des collections bien spécifiques. Ces collections contiennent parfois des enregistrements de groupes s’exprimant dans une langue en particulier, des entretiens avec des aînés ou des leçons de langue plus structurées. Dans l’ensemble, les communautés disposent de collections variées comportant une diversité de projets structurés de tradition orale, des enregistrements aux fins d’utilisation traditionnelle, des enregistrements de linguistes ou d’autres universitaires, de potlatchs ou encore de transmission des connaissances familiales. C’est exactement la raison pour laquelle Indigitization cible particulièrement le contenu du patrimoine culturel plutôt que des « cours de langues » ou certains autres thèmes plus pointus. 

Tous ces documents sont importants et nous voulons que chaque communauté décide de ses propres priorités. Les communautés se situent toutes à des étapes différentes par rapport aux défis de langue, de culture et de gouvernance qu’elles doivent relever. Chaque communauté s’attaque à ces défis selon des stratégies et priorités locales, qui auront les plus grandes retombées à long terme sur la santé de leur collectivité. C’est pourquoi les communautés sont les mieux placées pour décider du contenu qu’elles souhaitent numériser en priorité dans leurs collections.

Comment êtes-vous entré en contact avec les communautés au départ et comment ces relations évoluent-elles au fil de la collaboration dans le projet Indigitization? 

Pour les premières rondes de financement d’Indigitization, nous avons d’abord misé sur le bouche-à-oreille parmi nos relations et réseaux existants. Puisqu’il n’existait aucune ressource semblable à Indigitization au départ, plusieurs organismes autochtones qui étaient à la recherche de ce type d’aide étaient déjà prêts à embarquer. Au fur et à mesure que le programme gagnait en maturité, nous avons utilisé d’autres canaux pour rejoindre les gens, notamment des publicités payées dans les réseaux techniques autochtones et dans une station de radio du nord de l’Alberta. Les médias sociaux constituent aussi des vecteurs de plus en plus importants pour rejoindre nos partenaires des communautés.

Nous avons aidé plusieurs bénéficiaires de subvention, qui sont pour nous des partenaires, afin d’accroître leur capacité dans de nouveaux domaines ou former de nouvelles personnes. Nous avons également soutenu certaines de ces organisations en les aidant à obtenir des subventions d’autres organismes ou en leur rédigeant des lettres d’appui. Nous gardons le contact avec presque toutes les organisations avec lesquelles nous avons collaboré, à tout le moins de façon périodique. 

En 2016, nous avons organisé l’événement Indigitization Futures Forum. Il s’agissait d’un symposium regroupant 23 de nos ancien·ne·s partenaires et plusieurs de nos collègues de la gestion de l’information pour discuter des réussites et des lacunes quant à la numérisation du patrimoine culturel dans les communautés autochtones. Les discussions et les commentaires soulevés lors de cet événement nous ont aidé·e·s à planifier l’avenir du programme Indigitization.

Comment intégrez-vous de bonnes pratiques éthiques et culturelles dans votre travail? Était-ce un objectif dès le départ? 

Absolument, c’était un objectif dès le départ. Notre capacité à mettre en œuvre des pratiques culturelles appropriées nous venait de l’expérience personnelle des membres de l’équipe qui ont travaillé directement pour ou avec des organismes des communautés autochtones. Les membres autochtones de notre équipe contribuent également à une meilleure compréhension dans le projet, apportant des points de vue personnels sur les mécanismes de trauma et de perte culturels.

Des pratiques exemplaires en matière culturelle sont établies par les expert·e·s des communautés locales. Règle générale, je laisse de côté les pratiques inappropriées sur le plan culturel qui sont incluses dans nos guides, mais qui dominent le discours et les manières de fonctionner en numérisation. Notons par exemple les exigences très coûteuses à respecter pour l’admissibilité à du financement, l’accès complet obligatoire au contenu et l’adhésion au concept occidental de propriété intellectuelle qui ne reconnaît pas le droit des Autochtones à accéder à leur propre patrimoine culturel et à le contrôler. 

Dans le cadre du programme, nous adoptons plusieurs pratiques et protocoles dans nos communications et dans nos ateliers de formation qui permettent d’approfondir les relations avec les communautés. Ainsi, nos partenaires se sentent mieux accueilli·e·s et plus disposé·e·s à apprendre lorsqu’elles et ils visitent nos installations universitaires coloniales. 

Ayant agi à titre de directrice pendant la majeure partie de l’existence de notre programme, Sarah Dupont est celle qui s’est battue pour intégrer la plupart de ces pratiques. Par exemple, des représentant·e·s des communautés autochtones accueillent nos participants et contribuent au partage de connaissances lors des discussions dans les différents projets. Ou encore, des traiteur·euse·s autochtones se chargent de la plupart de nos repas communs. Les exemples sont nombreux, car c’est une préoccupation de premier plan lorsque nous planifions nos rassemblements.

 D’un côté, on trouve la numérisation de contenu en tant que tel et de l’autre, la gestion de l’information du patrimoine numérique au fil de sa croissance. Quelle est votre vision quant à l’accès et à l’utilisation de ce matériel? 

La gestion de l’information est un domaine extrêmement coûteux. Au début de notre projet, nous nous attaquions à un enjeu ciblé, mais essentiel, faisant partie d’un problème plus vaste. Le succès de la numérisation n’est possible que dans un certain cadre. Nous avons accès pendant un certain temps seulement à de l’équipement pouvant faire jouer ces formats et les médias eux-mêmes sont parfois endommagés avec l’âge. 

Actuellement, nous préparons des guides sur des formats assez courants comme le VHS, le Betamax et la bobine libre. Ces formats sont beaucoup plus complexes à numériser que la cassette audio. Nous préparons en ce moment d’autres ressources pour soutenir les processus de base de la gestion des collections. C’est le point de départ pour résoudre le problème plus large de gestion de l’information. Nous devons aussi tenir compte de la portée que nous souhaitons donner à notre programme. Nous n’avons pas à régler chaque problème distinct et de nombreux cas seraient mieux pris en charge par d’autres organisations ou équipes.

Quelles stratégies adoptez-vous pour que ces archives circulent?

L’un des plus importants systèmes de gestion de contenu (SGC) émergent est Mukurtu. Mukurtu est un SGC en source ouverte, qui vise à donner les moyens aux communautés autochtones de gérer et de partager leur patrimoine culturel de manière appropriée. À l’origine, il a été développé pour une communauté autochtone australienne, afin qu’elle puisse gérer l’accès à l’aide de protocoles locaux. Par la suite, ce système a pris de l’ampleur et il est maintenant possible de l’adapter aux protocoles locaux d’autres communautés autochtones. Ce système est loin d’être parfait, mais il est un véritable pionnier pour orienter des organisations communautaires vers des pratiques de gestion de l’information plus structurées. Michael Wynne, membre de l’équipe de Mukurtu, siège à notre comité directeur pour nous aider à mieux concerter nos efforts communs. 

 

Pensez-vous qu’Indigitization pourrait éventuellement collaborer avec d’autres partenaires que les universités ou avec d’autres secteurs en particulier? 

Le projet Indigitization est multidisciplinaire et intersectoriel dans son essence et il a toujours été ouvert à la collaboration lorsque les objectifs concordent. C’est une qualité essentielle pour la plupart des membres de notre équipe de savoir remettre en question certaines pratiques que l’on nous a apprises. De telles collaborations peuvent prendre la forme de partenariats structurels, par exemple, lorsqu’une nouvelle organisation intègre l’équipe d’Indigitization. Il peut aussi s’agir de partenariats temporaires, lorsque nous nous associons à un autre groupe pour développer de nouvelles ressources ou atteindre un nouveau public cible. La collaboration peut aussi demeurer informelle, où chaque organisation aide l’autre à atteindre ses objectifs sans engagement plus grand. 

Les Archives de l’UBNC sont un partenaire de longue date, tout comme le Sustainable Heritage Network de la Washington State University. Actuellement, nous développons de nouvelles relations de travail avec le First Peoples Cultural Council ainsi qu’avec des collègues de la Mount Royal University. Au fil de notre croissance, nous devons accroître notre capacité, particulièrement en ce qui concerne les outils éducatifs, le soutien aux systèmes de gestion de l’information et l’élargissement de la portée de nos ressources; c’est pourquoi nous serons appelé·e·s à établir des partenariats avec des organisations qui ont des objectifs semblables et qui sont bien positionnées pour relever ces défis.

 Cette entrevue a été modifiée pour des raisons de clarté et de longueur.

Rencontre avec Angelina Paras, membre Canoo.

Angelina a décidé de déménager au Canada parce que «c’est un pays à l’histoire digne d’intérêt, mais également à ses débuts en matière de potentiel économique et social. Je crois que mes enfants et moi-même avons beaucoup à apprendre de ce pays, et que nous pouvons également y apporter notre contribution.»

«Ce que je préfère du Canada est la riche diversité ethnique conjuguée à une population formidable qui accueille à bras ouverts des gens provenant des quatre coins du monde. C’est ce qui m’a motivée à m’établir ici et y élever mes enfants. En fait, le Canada adopte le multiculturalisme en tant que politique nationale. D’emblée, c’est ce que j’ai ressenti étant donné qu’on encourage la représentation des minorités sur le marché du travail et dans le domaine de l’éducation en plus de l’abondance de services de soutien offerts aux nouveaux arrivants comme moi.»

«L’endroit que je préfère au Canada est ma nouvelle résidence et ma nouvelle communauté vu ce qu’elles symbolisent dans mon parcours d’immigration. Or, si le pouvais, je revisiterais Banff en Alberta, un endroit bucolique, puisque nous avons célébré notre anniversaire de mariage, qui restera gravé dans ma mémoire, dans ce village pittoresque.»

Angelina Paras explique «normalement, je visite les lieux Canoo avec mon mari, mes enfants et ma belle-mère, qui habite à Toronto, mais qui vit avec nous à Winnipeg quelques mois pas année. Le meilleur endroit que Canoo m’a permis de visiter est le Musée canadien pour les droits de la personne (MDCP).  J’ai visité le MDCP à plusieurs reprises, mais il offre toujours quelque chose de nouveau. En juillet 2019, j’ai utilisé mon application Canoo pour visiter l’exposition Mandela avec mon amie, provenant du Minnesota, qui me rendait visite. Cet État possède ses propres musées extraordinaires, mais j’étais fière de lui présenter le premier musée au monde à se consacrer aux droits de la personne. Nous nous sentions privilégiées de voir l’exposition sur Mandela à l’époque. Puisqu’elle est éducatrice et que je travaille pour l’Assemblée législative du Manitoba, nous devons non seulement satisfaire notre curiosité personnelle, mais nous devons également rester à l’affût des enjeux politiques! Les efforts de conservation et de recherche consentis dans ces expositions sont remarquable. D’ailleurs, en tant que winnipégoise, je me sens privilégiée d’avoir facilement accès à cette excellente institution.»

«Bien que j’œuvre auprès des gouvernements municipal et provincial, j’ai été assignée à remplir les fonctions de juré, ai été bénévole lors de nombreux événements et voté deux fois depuis mon arrivée, je crois que la participation citoyenne peut prendre différentes formes. En effet, il peut s’agir d’un geste aussi simple que d’accueillir des nouveaux citoyens ou assister à un match quelconque à l’école de votre enfant. Elle peut se concrétiser par la transmission d’une recette traditionnelle personnelle ou par le fait d’aider un membre du voisinage dans le besoin. À mon avis, lorsqu’on tente d’apporter davantage à la société dans laquelle on vit ce qu’on en retire représente le concept de participation citoyenne.»

Elle poursuit la conversation en disant que «l’inclusion transcende la notion de tolérance qui, à mon avis, signifie “endurer”. L’inclusion se traduit par l’accueil intentionnel d’autres personnes et de leur culture, c’est-à-dire leur laisser de la place et de faire preuve d’ouverture d’esprit. Il s’agit également de reconnaître et d’apprécier la contribution possible des autres.»

«Les lieux culturels agissent à titre de théâtre vivant en nous donnant un aperçu du mode de vie d’autrui. La sensibilisation ouvre la voie à l’inclusion, car elle permet aux gens de réaliser qu’ils vivent dans une grande société et que celle-ci foisonne de langues, de demeures, de mets, de croyances, de genres musicaux, de tenues vestimentaires, de traditions et de coutumes. En fait, les établissements culturels sont des kaléidoscopes du monde merveilleusement diversifié dans lequel nous vivons. «Canoo m’a ouvert les portes de lieux incontournables pour des nouveaux arrivants comme moi. Grâce à Canoo et à la générosité d’autrui, ma famille a pu jouir d’un aperçu des musées et des parcs nationaux, que nous visiterons de nouveau ultérieurement. »

Canoo donne aux nouvelles familles canadiennes l’accès à plus de 1 400 espaces artistiques et culturels et parcs dans tout le Canada. Si l’utilisation de Canoo est gratuite, son fonctionnement ne l’est pas. À titre d’organisme de bienfaisance, nous comptons sur les dons pour que Canoo reste gratuit pour les nouveaux·elles citoyen·ne·s canadien·ne·s comme vous. Grâce à votre généreux soutien, nous pouvons aider des milliers de nouveaux·elles Canadien·ne·s et leur famille à s’intégrer. Offrez Canoo en cadeau! Devenez un donateur mensuel dès aujourd’hui.

Rencontre avec Amjad Baig, membre de Canoo vivant à Toronto. Amjad a déménagé au Canada parce qu’il pense que c’est un pays où « les possibilités et le potentiel sont illimités et où vos rêves peuvent devenir réalité ».

« Le Canada est un pays véritablement multiculturel avec une riche diversité ethnique », dit-il, « Vous vous sentez accueilli et appartenez à ce pays. Les vues magnifiques sur l’environnement naturel et intact sont à couper le souffle et je n’en ai jamais vu de pareil jusqu’à présent. »

Amjad vit à Toronto, mais son endroit préféré au Canada est sur la côte ouest. « Même si je reste à Toronto, notre endroit préféré se trouve à deux heures de route au nord de Vancouver – Whistler », dit-il. « La beauté naturelle, les montagnes et les paysages époustouflants sont la meilleure des évasions. Il n’y a rien comme les montagnes et l’air pur pour se ressourcer et faire le plein. Il y a toujours des aventures inspirantes et des défis à Whistler. »

En 2019, alors qu’il était membre de Canoo, Amjad a visité avec sa famille la Casa Loma, l’un de ses lieux culturels préférés à Toronto. « Nous nous sommes rendus à la Casa Loma le 25 août 2019. C’était notre journée familiale », dit-il, « Nous avons vu des choses étonnantes comme le Grand Hall, la bibliothèque, les jardins de la propriété, la salle ronde (Round Room), la suite de Sir Henry Pellatt, la suite de Lady Pellatt, la salle Windsor, la salle de conférence Pellatt, le musée régimentaire du Queen’s Own Rifle, les écuries et enfin l’Automotive Museum. L’expérience était comme un voyage dans le temps, à certains moments nous nous tenions debout et imaginions simplement ce qu’aurait été la vie à cette époque, une histoire si étonnante. Notre lieu préféré était un espace de stockage secret à côté de la cheminée. »

Amjad est convaincu que des lieux culturels comme la Casa Loma peuvent contribuer à bâtir des sociétés plus inclusives : « Quand on vient de milieux culturels différents, on comprend mieux les autres et on apprend grâce aux connexions, ce qui nous aide bâtir une communauté plus résistante, plus forte et plus inclusive sur le plan social. »

« L’offre de Canoo est un geste à la fois attentionné et magnifique. Il permet à chaque nouveau citoyen de découvrir et d’en apprendre un peu plus sur le territoire, l’alimentation, la culture et la nature, en plus de permettre d’entrer en contact avec les gens », explique Amjad. « Canoo célèbre l’expérience d’être réellement canadien, non seulement pour célébrer le parcours d’un nouveau citoyen depuis son arrivée jusqu’à l’acquisition de sa citoyenneté, mais aussi pour reconnaître et récompenser ses efforts et sa contribution pendant cette période. Visiter les parcs et la Casa Loma était simplement fabuleux. Merci Canoo pour cette expérience mémorable! »

Canoo donne aux nouvelles familles canadiennes l’accès à plus de 1 400 espaces artistiques et culturels et parcs dans tout le Canada. Si l’utilisation de Canoo est gratuite, son fonctionnement ne l’est pas. À titre d’organisme de bienfaisance, nous comptons sur les dons pour que Canoo reste gratuit pour les nouveaux·elles citoyens canadiens comme vous. Grâce à votre généreux soutien, nous pouvons aider des milliers de nouveaux·elles Canadiens et leur famille à s’intégrer. Offrez Canoo en cadeau! Devenez un donateur mensuel dès aujourd’hui.

Voici Janega Boltiador-Gallant, une membre de Canoo. Originaire des Philippines, Janega a immigré au Canada et vit actuellement avec son mari sur la côte est de l’île du Prince-Édouard, son endroit favori au Canada. Janega a choisi de venir au Canada parce que c’est son « pays de rêve » et qu’elle voulait « vivre une vie meilleure ».

« Ce que j’aime le plus du Canada est que c’est un pays extrêmement productif, explique Janega, et que c’est ici que j’ai rencontré l’amour de ma vie! Je souhaite que l’on y vive ensemble encore plusieurs années, en bonne santé et heureux ».

Janega visite souvent les lieux du programme Canoo en compagnie de son mari. Les visites qu’elle a le plus aimées grâce à l’appli Canoo sont l’Anne of Green Gables Museum du lieu historique Green Gables Heritage Place, ainsi que le Lieu historique national du Canada de Port-la-Joye-Fort-Amherst, à l’Île-du-Prince-Édouard.

« Je suis retournée à quelques reprises au musée Anne of Green Gables avec ma famille », raconte Janega. « J’adore apprendre comment s’est déroulée l’histoire. Nous avons marché dans le sentier, c’était une belle expérience. Nous avons vu beaucoup de choses [qui ont façonné l’histoire] à Green Gables House et nous avons même pu porter les vêtements d’Anne. Nous avons pris quelques photos. C’était vraiment agréable ».

Janega reconnaît que les visites culturelles, comme les lieux patrimoniaux et les parcs, sont essentielles pour bâtir le sentiment d’inclusion et d’appartenance des nouveaux·elles citoyen·ne·s du Canada. « Les lieux culturels sont propices au partage de notre culture, explique Janega, et participer à des rassemblements sociaux en compagnie d’une multitude d’autres personnes de différents pays [nous permet de] d’en apprendre plus sur leur expérience et leur culture. Ce type d’inclusion m’envoie le message que je peux faire partie du succès de ce pays ».

Janega recommande chaudement à tout·e·s les nouveaux·elles citoyen·ne·s canadien·ne·s de télécharger et d’utiliser l’appli. « Elle vous donnera plus d’information sur toutes les merveilles de ce monde et les magnifiques endroits à visiter », explique-t-elle. « C’est très pratique! »

En prévision de la fête du Canada, nous avons passé une entrevue avec Joy Abasta, une nouvelle citoyenne canadienne originaire des Philippines, à propos de ce que la fête du Canada représente pour elle et de ce qu’elle a prévu pour souligner cette journée.

Cette entrevue a été modifiée pour des raisons de clarté et de longueur.

L’Institut pour la citoyenneté Canadienne : Comment prévoyez-vous célébrer la fête du Canada?
Joy Abasta: J’y ai beaucoup réfléchi, parce que la Journée nationale des peuples autochtones est célébrée le 21 juin et que c’est très proche de la fête du Canada, qui a lieu le 1er juillet. Avant, je célébrais toujours la fête du Canada, parce pour moi en tant qu’immigrante, c’est finalement l’occasion de célébrer avec les Canadiens. Je suis ici et tout le monde est libre. Nous essayons tous d’être justes et polis et nous sommes reconnus ailleurs dans le monde comme étant des gens sympathiques, qui disent toujours « merci » et « désolé·e ».  Mais lorsque j’ai commencé l’école en septembre 2019 et que je me suis plongée dans les études autochtones, j’ai réalisé que l’histoire du Canada avait un côté particulièrement sombre. Maintenant, je suis un peu partagée.

Mon conjoint et moi en parlions juste ce matin… nous nous sommes demandé comment nous pouvions célébrer à la fois la culture autochtone et le Canada comme tel. Il a alors dit : « Oh, tu sais quoi? Nous pouvons aller faire un tour à Squamish puisqu’il y a aussi beaucoup d’histoire là bas.  Puis, nous pourrons chercher des œuvres d’art autochtones, partir en randonnée et bien d’autres choses ». En plus, il y a une appli qui a été créée par le Dr Rudy Reimer, elle s’appelle Ímesh. Il suffit de l’ouvrir pour savoir sur quel territoire on est lorsqu’on se promène. Elle donne le nom de l’endroit et à quoi il sert, pour la cueillette de petits fruits ou pour la pêche et d’autres choses encore. C’est donc ce que nous allons probablement faire.

Qu’est-ce qui vous a poussée à vouloir découvrir les cultures et les communautés autochtones?
J’ai emménagé ici en 2014, et à l’époque, je ne savais rien de la culture autochtone. J’ai commencé à faire du bénévolat pour différents organismes et en 2016, j’ai travaillé comme bénévole au Centre de maintien de l’ordre communautaire de Vancouver, dans la partie ouest. Tout le monde parlait de la Marche de la réconciliation. Je me suis donc inscrite parce que j’avais besoin des heures de bénévolat pour le mois, puis j’ai réalisé que c’était pour les communautés autochtones. Je pense que c’est à ce moment-là que tout a véritablement commencé pour moi, cela a amorcer les discussions et a attisé ma curiosité.

Avant d’emménager ici, j’avais entendu dire tellement de bien à propos du Canada, comme « C’est mieux que les États-Unis parce qu’il y a des soins de santé ». Quand j’ai débarqué ici et que j’ai vu ce que je faisais au centre de maintien de l’ordre, j’ai été constaté ce qui s’était passé dans les communautés autochtones et ce qui leur était arrivé – l’assimilation, le génocide. C’était horrible. C’est toujours difficile d’en parler, même avec mes élèves à l’école, parce que moi aussi, je découvre tout cela. Pourtant, nous devons tous parler de ces moments difficiles. Depuis lors, chaque fois que je pars à la découverte d’une nouvelle ville au Canada, j’essaie de me faire un devoir d’aller voir s’il y a une œuvre d’art autochtone, peut-être un musée, ou quelque chose qui met en valeur l’histoire des communautés autochtones qui y vivent.

Qu’est-ce qui vous pousse à vouloir encore en apprendre davantage?
Je vois des similitudes entre ce qui s’est passé au Canada et ce qui s’est passé aux Philippines. Les Philippines ont aussi été colonisées, par les Espagnols. Aux Philippines, j’ai toujours entendu parler de la colonisation, mais c’est tout. Je n’ai pas réalisé le poids de ce mot, jusqu’à ce que j’emménage ici et que je réalise ce qui s’était passé pendant la colonisation et ce qui était arrivé aux peuples autochtones du Canada. Le Canada est mon pays et peut-être que je fais de la projection, mais je veux aussi être une alliée des populations autochtones. Je ne pourrai jamais ressentir le traumatisme qu’ils ont vécu, mais comme étudiante en santé publique, et je l’espère, comme fonctionnaire de la santé publique plus tard, je pense qu’il est vraiment important pour ma carrière de toujours penser aux personnes noires, autochtones et de couleur. Ici à Vancouver, ou en Colombie-Britannique, on en parle encore beaucoup. J’ai donc voulu devenir une alliée pour essayer de creuser davantage et amener les gens autour de moi à réfléchir à ce qui se passe autour de nous. La plupart du temps, les gens peuvent ignorer ce qui arrive aux autres autour d’eux, en particulier si ces autres ne sont pas de culture ou d’origine semblable.

Comment avez-vous découvert les communautés et les cultures autochtones?
Si je vais quelque part, comme à Whistler, je visiterai toujours les musées qui présentent l’histoire et la culture autochtones. Je crois que les musées ont été ma première ressource pour découvrir les populations autochtones. Puis, j’ai commencé l’école en septembre 2019, je le dois aux professeurs et aux superviseurs que j’ai eus, parce que je suis également un AE [aide-enseignante] en études autochtones.  Dre Joyce Schneider, Dr Rudy Reimer et Dre Madeline Knickerbocker en savent beaucoup sur les études autochtones. Les Dres Rudy et Joyce sont membres de la communauté autochtone et Madeline est une blanche qui travaille depuis environ 10 ans sur les communautés Stó:lō en Colombie-Britannique. Je suis vraiment contente de les connaître.

En quoi est-ce que célébrer les cultures autochtones fait partie de la célébration de la fête du Canada? En quoi est-ce que cela n’en fait pas partie?
Nous devons célébrer la culture autochtone ainsi que les peuples et les communautés autochtones le jour de la fête du Canada. Je ne sais pas si le terme « célébrer » est adéquat, mais il faut simplement reconnaître qu’ils étaient ici les premiers, depuis au moins 12 000 ans avant l’arrivée des colons blancs ou des colonisateurs. À quoi servent la réconciliation et les autres actes de décolonisation que nous posons chaque jour si nous ne pouvons faire de la fête du Canada une célébration qui vaut la peine?

Comment êtes-vous restée en contact avec la culture et l’art autochtones pendant la pandémie?
Cela a été dur, c’est certain. Il existe une tonne de ressources en ligne et j’ai eu la chance d’être encore AE, de sorte que je me sens encore liée à mon soutien aux populations autochtones. Ce que j’ai fait cet été, jusqu’à présent, c’est d’apprendre à prononcer des mots ou des termes précis dans une langue autochtone. Je crois qu’il y a plus de 600 langues autochtones au Canada, mais ici à Vancouver, la langue principale est le hul’q’umi’num’. J’essaie d’apprendre à dire « bonjour » et « merci », vous savez, des mots de base dans leur langue. Les langues autochtones sont en train de mourir; peu de peuples autochtones savoir les parler, en raison de la colonisation et de l’assimilation. Donc, moi, je veux juste essayer de faire un effort pour apprendre ces mots courants, parce que la langue fait vraiment partie intégrante de la culture de chacun.

Rencontre Violeta, membre Canoo. Elle a décidé de déménager au Canada pour « la beauté de la nature, les montagnes et les lacs ainsi qu’en raison de l’économie robuste et des perspectives commerciales. »

Parmi ses coups de cœur au Canada, Violeta dit adorer « les gens, la diversité, la convivialité et… la poutine! » Son endroit préféré au Canada est le parc national du Canada Banff en Alberta.

De plus, Violeta révèle que sa visite du Centre des sciences de Montréal avec sa famille constitue sa préférée de celles qu’elle a effectuées à l’aide de son application Canoo. D’ailleurs, elle précise à ce sujet : «Tous les membres de ma famille aiment réaliser des expériences simples de même que participer à des activités concrètes et le centre en regorge ». « Nous avons visité des expositions extraordinaires qui ont diverti les petits et les grands. Nous nous ne étions pas rendu compte que presque trois heures s’étaient écoulées depuis notre arrivée. Malgré tout ce que nous avons vu, nous regrettions de partir puisqu’il nous restait tant de choses à découvrir. Bref, il s’agit un musée génial! »

Aux yeux de Violeta, la citoyenneté active signifie d’« apporter sa contribution à la société en manifestant de la gentillesse et du respect, en protégeant l’environnement, en aidant autrui et en exerçant une influence positive chaque fois que l’occasion de présente. » Elle croit que les espaces culturels nous aident à construire des sociétés qui favorisent la diversité et l’inclusion : « Les lieux culturels nous présentent une vision différente des choses. Ils nous offrent la chance de découvrir la perception d’autrui du monde. Il s’agit d’un moyen de se souvenir du passé et d’en tirer des leçons. »

Violeta affirme : « Mon expérience de Canoo s’avère très positive. J’ai eu la chance de visiter de nombreux endroits (dont certains m’auraient été inaccessibles sans la carte Canoo) qui me permettent d’élargir mes horizons. »

Joy Abasta, membre de Canoo, est devenue citoyenne canadienne en février 2020. Elle dit avoir choisi le Canada en raison de la diversité du pays, de son désir d’inclusion et de son grand respect pour les droits et libertés des personnes.

Comme nouvelle citoyenne, Joy cherche activement à en apprendre toujours plus sur les peuples autochtones du Canada et elle sait que c’est à la fois un privilège et une responsabilité d’apprendre sur le peuple salish de la Côte et de vivre sur son territoire. Elle croit également que si les immigrant·e·s et les nouveaux·elles citoyen·ne·s ont beaucoup à donner à la société canadienne, il est tout aussi important de travailler de concert vers la décolonisation et la réconciliation avec les peuples autochtones, afin de devenir un pays véritablement inclusif et progressiste. Comme dirigeante en santé publique, elle milite en faveur et contribue à bâtir des communautés compétentes sur le plan culturel et sensibles à l’égalité des sexes en Colombie-Britannique et, elle l’espère, partout ailleurs au Canada.

L’endroit préféré de Joy au Canada est Whitehorse, au Yukon. « Une semaine après mon serment de citoyenneté en février 2020, mon partenaire, Wesley, et moi avons pris un vol pour Whitehorse, au Yukon », explique-t-elle. « Là-bas, nous avons chassé les aurores boréales, rencontré un Ranger canadien et expérimenté le traîneau à chiens et la motoneige. J’ai découvert le trappage et j’ai eu l’occasion de toucher et de porter des vêtements faits de fourrure véritable de renard arctique, de vison et de loup. Le plus inoubliable a été lorsque nous avons visité le Centre d’interprétation de la Béringie, où nous en avons appris davantage sur les peuples autochtones et les théories de la migration de population par le pont de glace du détroit de Bering, en plus d’admirer les restes d’un mammouth laineux, de paresseux et de tigres à dents de sabre ».

Lorsque les restrictions de déplacement dues à la pandémie seront levées, Joy prévoit de visiter d’autres provinces et d’utiliser son statut de membre de Canoo pour visiter des musées et des galeries d’art. Elle espère découvrir les beautés et trésors cachés de Winnipeg, de Toronto et des Maritimes.

Joy est d’avis que les lieux culturels et d’art public jouent un rôle crucial pour la sensibilisation et l’inclusion : « Ces lieux culturels servent de canal pour transmettre des connaissances sur l’histoire du pays, ses traditions, ses éléments culturels et même son passé plus sombre. L’inclusion sociale ne sera possible que si l’on apprend de l’histoire et que nous accueillons vraiment chacun et chacune, sans égard à la couleur de sa peau, à son ethnie, à son sexe ou à sa classe sociale ».

 

Au cours des 20 années qui se sont écoulées depuis que Vincent Lam est devenu médecin, il a connu deux grandes épidémies virales : d’abord le SRAS, qui a frappé Toronto en 2003 ; et maintenant la pandémie COVID-19, qui a laissé la ville dans un état de fermeture totale depuis la mi-mars.

Lam est le co-auteur du livre The Flu Pandemic and You, et le directeur médical de la Coderix Medical Clinic, un centre de soins pour toxicomanes à Toronto. Il est également un auteur de fiction accompli – son livre Bloodletting and Miraculous Cures a remporté le prix Scotiabank Giller 2006.

Nous avons discuté avec lui de ce que c’est que de travailler en première ligne, de la manière de gérer la peur et l’anxiété qui entourent les pandémies, et des façons subtiles dont le racisme fonctionne et prospère en temps de crise.

Sejla Rizvic : Je voulais vous parler de votre expérience antérieure en tant que médecin des urgences pendant l’épidémie de SRAS et maintenant en tant que directeur médical pendant la pandémie COVID-19. Comment ces deux expériences se comparent-elles?
Vincent Lam: C’est intéressant parce qu’en fait, en tant que médecin, ce n’est pas si différent. Beaucoup de choses que nous faisions comme mesures de précaution sont en fait les mêmes que celles que nous faisons maintenant. Donc, en termes de dépistage, en termes d’utilisation d’équipements de protection individuelle, c’est exactement la même chose. Je pense que la plus grande différence est simplement que la situation de COVID-19 a eu plus d’impact. Il y a eu davantage de cas dans le système de soins de santé lui-même, et dans la communauté en général, les choses ont été sérieusement affectées.

Pendant le SRAS, je me souviens d’avoir eu l’impression que nous étions dans un monde un peu parallèle, en ce sens qu’en matière de soins de santé, nous prenions soin de personnes potentiellement malades et nous prenions toutes ces précautions et tout était vraiment différent. Mais dans la ville elle-même, tout était à peu près comme avant. Je veux dire, il y a eu des reportages, mais il n’y a pas eu les mêmes types d’interventions de santé publique à grande échelle. Le travail était vraiment le même, mais la grande différence était juste le sentiment que nous étions dans notre propre petite bulle à faire tous ces trucs. Et maintenant, nous sommes tous touchés.

Je voudrais discuter de votre livre ” The Flu Pandemic and You ” et de certains des points de vue que vous offrez sur l’anxiété qui tend à entourer les événements pandémiques. Comment l’anxiété affecte-t-elle notre expérience cette fois-ci?
Les principes dont mon co-auteur, Colin Lee, et moi-même discutons dans ce livre sont presque entièrement parallèles entre une pandémie de grippe et la nouvelle pandémie de coronavirus. Je pense que ce que nous devons vraiment comprendre en tant que société, c’est que l’anxiété est normale. Et la fonction de l’anxiété, en tant qu’être humain, est d’attirer notre attention et de nous alerter des menaces.

C’est donc en fait un rôle incroyablement utile. Une fois que nous avons compris que c’est le rôle de l’anxiété, alors nous devons penser « Bon, l’anxiété est censée fonctionner comme ce système d’alerte pour que je fasse quelque chose. Que dois-je faire maintenant? » Si les gens sont capables de formuler des actions utiles et de déterminer ce qu’ils peuvent faire pour aider à protéger ceux qui les entourent, pour assurer leur propre sécurité et celle de leur famille, alors c’est vraiment, vraiment utile. Si les gens ont des réactions moins productives à l’anxiété, et bien sûr nous en voyons un peu, alors cela ne va pas aider.

Dans un article du Globe and Mail que vous avez écrit en janvier, vous affirmez que : « Nos esprits ont tendance à surestimer l’importance des risques inédits et à accepter nonchalamment les risques familiers. » Mais que se passe-t-il lorsque le nouveau risque devient le risque familier, et que les gouvernements et les gens commencent à assouplir prématurément les restrictions de confinement?

L’une des choses que nous pouvons faire avec le risque est de l’accepter et de comprendre qu’il existe, sans que ce soit la seule chose à laquelle nous prêtons notre attention. Mais en même temps, nous devons modifier notre comportement.

Je me souviens d’être monté dans des voitures qui n’avaient pas de ceinture de sécurité à l’arrière quand j’étais enfant. Aujourd’hui, nous pensons que c’est vraiment bizarre. Notre réflexe est désormais de boucler notre ceinture de sécurité lorsque nous montons dans une voiture. Il y a une raison à cela : si la voiture va s’écraser, alors nous avons moins de chances d’être blessés ou tués. Mais ce n’est pas comme si, chaque fois que nous montons dans une voiture, nous restions assis pendant dix secondes et imaginions un horrible accident, n’est-ce pas? On monte à bord, on boucle la ceinture de sécurité et on part.

Je pense que c’est vraiment ce que nous devons découvrir si nous nous déconfinons après la pandémie et avant qu’il n’y ait un vaccin. Il s’agit de savoir quels modèles nous pouvons changer ; de trouver ce que nous pouvons faire afin de permettre à la vie de continuer tout en modifiant notre comportement de manière à réduire les risques.

Pour en revenir à la question de l’anxiété, je pense que le danger est que si les gens ont ce genre de réaction agressive, c’est en fait une réaction à l’anxiété. Les gens n’aiment pas se sentir anxieux – cela les fait se sentir vulnérables, ils ont l’impression d’avoir moins de marge de manœuvre, peut-être. Ainsi, pour échapper à cet état émotionnel, certaines personnes chercheront un moyen de se sentir mieux en exprimant leur désaccord. C’est-à-dire : « Vous savez quoi, je n’ai pas à avoir peur de quoi que ce soit. Ne me dites pas ce que je dois faire. » Il y a un sentiment de bien-être, parce que j’ai l’impression de reprendre le contrôle, d’affirmer mon autorité, d’agir de manière puissante en faisant ce que je veux.

C’est une façon compréhensible d’essayer de se débarrasser des sentiments d’anxiété. Sauf que ce n’est pas très aidant. Les gens vont essayer d’atteindre ce sentiment vraiment à court terme de se sentir puissant, de se sentir bien, de se sentir provocateur, et de renoncer à des précautions raisonnables au profit de ce plaisir émotionnel à court terme.

Le nouveau coronavirus a également fait l’objet d’un racisme et d’une discrimination anti-asiatiques répandus. Avez-vous vécu personnellement ce type de discrimination ?
J’ai eu beaucoup de chance, et je pense que le Canada est encore relativement chanceux, dans la mesure où je ne pense pas que nous ayons eu autant de racisme anti-asiatique que beaucoup d’autres endroits dans le monde. Mais nous avons eu quelques incidents malheureux.

Je pense qu’il y a un sentiment de vouloir reprendre une certaine mesure de pouvoir personnel. Si je me sens vulnérable, s’il y a une situation que je n’aime pas, il me semble satisfaisant, d’une certaine manière, de pouvoir pointer du doigt, de pouvoir blâmer quelqu’un même s’il n’y a pas de véritable vérité de fond. Cela donne en quelque sorte ce sentiment de satisfaction. Je pense donc que cela vient de là.

Je ne veux pas trop en dire sur mes patients car, en fin de compte, je suis leur soignant et j’ai un devoir de confidentialité envers ce qu’ils me disent. Mais je peux dire que j’ai entendu des tas de commentaires qui, je pense, viennent bien de l’endroit où règne la peur.

Si une personne est d’origine chinoise et se considère comme faisant partie de la société canadienne – et surtout si elle se trouve en position de respect, en position d’autorité – il est difficile de savoir quoi faire des commentaires qui peuvent avoir une quelconque implication raciste. Vous avez probablement vu toute la débâcle de Derek Sloan en ce qui concerne ses commentaires sur Theresa Tam.

Je pense que l’incident auquel vous faites référence est celui du député conservateur Derek Sloan qui, dans une vidéo publiée sur Facebook et Twitter le mois dernier, a critiqué l’administrateur en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam, et s’est demandé si elle travaillait “pour le Canada ou pour la Chine.” 

Il est vraiment très difficile de savoir quoi faire en tant que personne d’origine chinoise en réponse à l’un de ces incidents. Je pense que Theresa Tam a parfaitement géré la situation – elle a clairement indiqué que son rôle est celui d’une professionnelle profondément engagée à faire le meilleur travail possible dans un moment difficile, et qu’elle ne va donc pas s’engager dans ce qu’elle a appelé le “bruit”.

Je suis sûr que cela doit être très blessant pour elle, en tant que premier responsable de la santé publique au Canada, de recevoir des commentaires qui peuvent avoir un ton raciste de la part d’un membre élu du Parlement à la Chambre des communes. Je peux imaginer que le dilemme personnel pour elle pourrait être – et je spécule parce que je n’en suis pas sûr – qu’elle pense que la meilleure façon de vraiment montrer sa solidarité (et non qu’elle devrait le faire) et de démontrer la valeur qu’elle a en tant que membre de la société canadienne est simplement de faire le meilleur travail possible et de ne pas se laisser entraîner et distraire par ces commentaires vraiment peu recommandables.

Je ressens vraiment la même chose. J’entends des commentaires qui sont peut-être teintés de quelque chose, mais j’ai le sentiment que je suis ici en tant que professionnel et que ce que je dois faire est ce que je fais le mieux. Et dans un contexte plus large, cela devrait en soi démontrer qui je suis et ce que je représente. Mais cela ne veut pas dire que ces commentaires ne sont pas blessants. Mais cela ne veut pas dire que ces commentaires sont acceptable.

Il est juste assez difficile, lorsqu’on est dans une capacité professionnelle, de toujours répondre à ces commentaires d’une manière qui est à la fois efficace en tant que professionnel et qui les adressera sans détour. Il arrive donc que l’on décide simplement de privilégier le professionnalisme et de renoncer à toute forme de confrontation directe. En fin de compte, je ne sais pas vraiment si c’est la meilleure réponse en termes de lutte contre le racisme, mais je pense que c’est souvent la décision qui finit par être prise, ce que j’ai moi-même fait.

Depuis, Sloan a refusé de s’excuser pour ces commentaires et prétend que sa déclaration était simplement “rhétorique”. Que pensez-vous de cette explication?
Dans la culture moderne, nous avons appris que le racisme est mauvais – et je pense que beaucoup de personnes racistes diront même volontiers que le racisme est mauvais. Elle crée cette tendance à formuler des commentaires dans une sorte de justification ou de double-discours. Le commentaire de Sloan a été critiqué par les médias canadiens ; il y a répondu et ne s’est pas excusé. Il a juste dit qu’il ne faisait pas référence à l’ethnicité ou au pays d’origine de Tam. On avait l’impression qu’il parlait à double sens pour se sortir d’une situation politique très embarrassante.

Je pense que c’est parce que nous vivons dans une culture où, pour la plupart, nous avons tous convenu qu’il est mal d’être raciste. Et cela signifie que les commentaires fondés sur la race ou l’ethnicité, ou qui ont une sorte d’avantage sous-jacent, ne sont généralement pas formulés de manière ouvertement raciste. Je pense qu’une partie de ce phénomène se produit pendant cette pandémie, et il est difficile de savoir comment y faire face.