La Conférence LaFontaine-Baldwin invite les Canadien·ne·s à réfléchir sur les sujets de la démocratie, de la citoyenneté et de l’intérêt public. Créé par John Ralston Saul et organisé par l’ICC depuis les dix dernières années, cet événement a accueilli les présentations de personnalités éminentes comme George Erasmus, Louise Arbour, la très honorable Beverley McLachlin, Robert Lepage, Shawn A-in-chut Atleo et Naheed Nenshi.
Qui étaient LaFontaine et Baldwin?
Louis-Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin sont surtout connus dans l’histoire canadienne en tant qu’architectes du « gouvernement responsable ». Depuis Montréal et Toronto respectivement, tous deux ont joué un rôle dans la vie politique canadienne naissante, en tant qu’avocats et membres de la législature.
Entre 1848 et 1851, LaFontaine et Baldwin ont dirigé le « grand ministère », à l’origine d’un gouvernement responsable et de centaines de lois. Les réformes qu’ils ont introduites ont planté les racines du Canada moderne, en s’écartant du modèle européen pour mettre en place un gouvernement plus attentif aux notions de complexité et de diversité.
LaFontaine et Baldwin : plus de 170 ans de gouvernement responsable
Le jour où le Canada est devenu une démocratie est indéniablement un moment décisif de notre histoire. Le 11 mars 1848, Lord Elgin, gouverneur général, a chargé Louis-Hippolyte LaFontaine de former un nouveau gouvernement. Pourquoi? Parce que la grande coalition des réformistes du Haut et du Bas-Canada avait remporté une nette majorité lors de l’élection de 1848. Pour la première fois dans l’Empire britannique, force était d’admettre que le peuple – et non les pouvoirs impériaux – déciderait de qui allait composer le gouvernement.
Le 11 mars 1848 représente ainsi l’une des dates les plus importantes de l’histoire canadienne. Elle marque le début de ce qu’il conviendrait d’appeler le Canada moderne. Ou pour le dire autrement, cette date marque le début de la notion de « gouvernement responsable » au Canada, un principe désormais axiomatique selon lequel la gouvernance ne peut être convenablement assurée que par des représentant·e·s élu·e·s par les citoyen·ne·s et non par les pouvoirs coloniaux. Voilà qui fut un moment décisif pour la démocratie représentative au Canada, marquant un tournant fondamental quant à ses modes de gouvernance et jetant les bases juridiques d’une société fondée sur l’inclusion et l’égalitarisme.
En mars 1848, un gouvernement réformiste, dirigé par Louis-Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin, que l’on appelait le « grand ministère », a pris le pouvoir de la Province unie du Canada (les territoires aujourd’hui connus comme étant l’Ontario et le Québec). Au cours des trois années durant lesquelles il a été au pouvoir, le gouvernement réformiste a jeté les bases juridiques de l’égalitarisme, instauré un système d’éducation publique et insisté sur une approche non violente de la politique. (Lorsque des manifestants ont incendié le Parlement de Montréal, le gouvernement a ordonné aux forces policières de ne pas ouvrir le feu sur la foule.) Comme l’a fait remarquer John Ralston Saul, auteur et cofondateur de l’ICC, ce fut une amorce assez « incroyablement atypique » de démocratie moderne au Canada, si l’on se réfère au climat politique discordant qui régnait à l’époque tant en Europe qu’aux États-Unis. L’inclusion, les restrictions, le débat, la représentation et l’égalitarisme, qui constituent les préceptes d’une saine gouvernance selon notre conception contemporaine des choses, ont été établis par un improbable duo héroïque formé d’un catholique francophone et d’un protestant anglophone.
« La première loi adoptée par le grand ministère a donné lieu à une politique d’immigration canadienne conçue pour protéger les immigrant·e·s. Il s’agit là de la base de nos politiques actuelles sur les réfugié·e·s, l’immigration et la citoyenneté », affirme John Ralston Saul, qui a écrit une biographie sur les deux dirigeants. « LaFontaine et Baldwin ont montré, par leur exemple, que la démocratie au Canada ne fonctionne que si nous sommes prêt·e·s à mettre en œuvre de grandes idées et politiques qui renforcent l’égalitarisme et le bien public. »
En 2000, John Ralston Saul a créé la Conférence LaFontaine-Baldwin, un rendez-vous annuel en compagnie d’un·e grand·e intellectuel·le public·que. La Conférence, qui rend hommage à l’héritage de LaFontaine et Baldwin, réunit des Canadien·ne·s autour d’un débat et d’un dialogue dans l’esprit du bien public. Parmi les conférencier·ère·s y ayant déjà pris part, nous pouvons citer George Erasmus, Shawn A-in-chut Atleo, Son Altesse l’Aga Khan, Naomi Klein, Naheed Nenshi, Robert Lepage, Michael Sandel et Sue Gardner.
Conférencier·ère·s de la Conférence LaFontaine-Baldwin
2020 : Les ancien·ne·s conférencier·ère·s
Depuis 2000, la Conférence LaFontaine-Baldwin réunit des Canadien·ne·s pour réfléchir à la démocratie, à la citoyenneté et au bien public. Cette édition numérique unique en son genre a réuni d’ancien·ne·s conférencier·ère·s dans une discussion sur les enjeux cruciaux de notre époque, sous la direction de Michael Sandel.
2019: Adam Gopnik
Adam Gopnik, auteur et conférencier de renom, a tenu la 17e Conférence LaFontaine-Baldwin. Adam Gopnik s’est intéressé au libéralisme avec un petit « L » et à ses acteurs durant toute sa carrière, notamment dans les pages du New Yorker et dans son nouveau livre, A Thousand Small Sanities: The Moral Adventure of Liberalism. Cet ouvrage a été acclamé par la critique pour sa pertinence, à une époque où les valeurs de démocratie et d’inclusion sont menacées.
La conférence d’Adam Gopnik, le 24 septembre 2019, a été l’occasion de questionner et de mettre en lumière la montée du nationalisme ici et partout dans le monde et de servir d’antidote contre ce phénomène. La 17e Conférence LaFontaine-Baldwin a également été le cadre d’une conversation entre Adam Gopnik et l’auteur et penseur reconnu John Ralston Saul.
2018: Sue Gardner
« Des heures sombres nous attendent. Se réapproprier la vérité, la liberté et la technologie »
« Sue Gardner est à l’avant-garde de l’idéologie au chapitre de la technologie, de la démocratie et du rôle des femmes dans notre société », a déclaré le cofondateur et coprésident de l’ICC, John Ralston Saul. « Alors que nous assistons à l’érosion alarmante de nos institutions démocratiques, je ne pouvais songer à une voix plus pertinente pour évoquer les défis qui nous attendent. »
Le 24 septembre 2018, Sue Gardner a tenu la 16e Conférence LaFontaine-Baldwin, qui a été suivie d’un entretien sur scène avec John Ralston Saul.
2017: Michael Sandel
La 15e Conférence LaFontaine-Baldwin, donnée le 25 septembre 2017 par Michael Sandel, philosophe politique et professeur à Harvard, s’est ouverte sur une question déroutante mais pertinente : comment décider quel·le·s immigrant·e·s doivent être admis·es dans le pays? Pendant 90 minutes d’une présentation menée tambour battant face à un public d’un millier de personnes, Michael Sandel a voulu ébranler les personnes arcboutées sur leurs principes moraux fondamentaux, en les invitant à écouter et examiner les opinions divergentes. Le résultat, bien que n’ayant pas fait consensus, a été parfaitement clair : le débat autour de l’immigration touche à la question de savoir ce que cela signifie d’être un·e citoyen·ne. Quelles obligations avons-nous à l’égard de nos concitoyen·ne·s?
2016: Naomi Klein
Naomi Klein est une journaliste primée, une chroniqueuse indépendante et l’auteure des best-sellers internationaux Tout peut changer : capitalisme et changement climatique (2014), La stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre (2007) et No Logo (2000). Elle est membre du conseil d’administration de 350.org, un groupe d’action pour le climat. En 2015, elle a été invitée à prendre la parole au Vatican, à l’occasion de la sortie de l’encyclique historique sur l’écologie du pape François, Laudato si’.
Le 19 septembre 2016, Naomi Klein a donné la 14e Conférence LaFontaine-Baldwin, qui a été suivie par un entretien sur scène avec John Ralston Saul.
2015: Naheed Nenshi
« Le Canada que nous souhaitons »
« Nous invitons chaque année un·e conférencier·ère qui peut orienter différemment la conversation grâce à des idées originales et inclusives. Naheed Nenshi va faire profiter l’assistance de son pouvoir de réflexion sur la citoyenneté et les villes, et de son formidable talent de narrateur, afin de nous offrir un autre Symposium passionnant sur ce que nous sommes en tant que pays. »
— Charlie Foran, chef de la direction de l’Institut pour la citoyenneté canadienne
Mondialement connu pour sa passion à faire en sorte que les villes, en particulier Calgary, fonctionnent mieux, Naheed Nenshi, 36e maire de la ville de Calgary, en est à son deuxième mandat à cette fonction. Il a été le premier professeur au Canada à occuper un poste permanent en gestion d’organismes sans but lucratif à la Bissett School of Business de l’Université Mount Royal, et il est le conseiller d’affaires de confiance de plusieurs dirigeant·e·s d’entreprises au Canada et aux États-Unis. M. Nenshi est également l’auteur de Building Up: Making Canada’s Cities Magnets for Talent and Engines of Development.
2014: Robert Lepage
L’identité et l’appartenance selon le point de vue d’un artiste
Robert Lepage est connu pour avoir conçu les spectacles TOTEM et KÂ du Cirque du Soleil, ainsi que les tournées Secret World et Growing Up de Peter Gabriel. Côté scène, il a créé entre autres Les Aiguilles et l’opium et La Face cachée de la lune, et a mis en scène L’Anneau pour le Metropolitan Opera de New York. Robert Lepage a également remporté le prix Glenn Gould pour l’ensemble de son œuvre, saluée par la critique internationale; une œuvre qui fait appel à différents moyens pour créer des histoires fédératrices qui étonnent, bousculent et ravissent.
Quelque 350 personnes ont assisté à l’allocution de Robert Lepage et beaucoup d’autres ont suivi la webdiffusion en ligne. C’est une des rares fois où il a parlé de sa vie personnelle et des thèmes qui l’inspirent dans son travail. Profond et divertissant, il a expliqué comment notre identité se forge au contact de différentes cultures : « le fait d’apprendre d’autres langues nous fait souvent découvrir notre propre culture ». Ont également participé : Adrienne Clarkson, qui a prononcé le mot d’ouverture, John Ralston Saul et Antoni Cimolino, directeur artistique du Festival de Stratford, qui a aussi dirigé la période de questions avec Robert Lepage.
Immédiatement après l’allocution, 120 personnes faisant partie de l’assistance ont participé à une discussion intime sur les idées exposées par Robert Lepage. Chaque table a été invitée à examiner une série de questions préétablies, puis à présenter les points saillants de sa discussion dans le cadre d’une conversation modérée par M. Saul, M. Lepage et Mme Clarkson. Les participant·e·s ont expliqué avec beaucoup de passion à quel point les propos de M. Lepage leur rappelaient leur propre expérience.
2013: Shawn A-in-chut Atleo
« Les Premières Nations et l’avenir de la citoyenneté canadienne »
Shawn A-in-chut Atleo, chef national de l’Assemblée des Premières Nations, relance le débat initial du Canada sur l’inclusion. S’inspirant des principes fondateurs – la paix, l’amitié et le respect mutuel – sur lesquels les Premières Nations du Canada et lesnéo-arrivant·e·s se sont appuyés il y a 400 ans, son allocution explore la façon dont ces premiers idéaux doivent encadrer le dialogue national aujourd’hui. Le chef national est au cœur même de la discussion sur les origines de notre pays et sur notre cheminement collectif.
Il a abordé les notions de citoyenneté canadienne, de responsabilité et d’appartenance, et leur rapport avec l’identité canadienne, ainsi que nos efforts constants pour bâtir la nation. Outre l’allocution du chef national, il y a eu :
- les discours d’ouverture d’Antoni Cimolino, directeur artistique du Festival de Stratford, d’Adrienne Clarkson et de John Ralston Saul;
- la cérémonie de bénédiction de Lee Claremont;
- le battement de tambour de James Adams;
- une période de questions générales dirigée par John Ralston Saul.
2010: Son Altesse l’Aga Khan
La 10e Conférence LaFontaine-Baldwin présentée par Son Altesse l’Aga Khan a connu un énorme succès. L’Aga Khan a parlé de pluralisme et de diversité durant une conférence à guichets fermés au Koerner Hall dans le Telus Centre for Performance and Learning du Conservatoire royal. John Ralston Saul a ensuite pris la parole pour parler de la citoyenneté et du pluralisme au Canada. Telus a diffusé cet événement en direct. La webémission a également été diffusée dans 60 centres communautaires ismaéliens dans tout le pays et environ 20 000 personnes ont regardé la conférence en ligne.
Le lendemain, près d’une centaine de personnes ont participé à une table ronde avec John Ralston Saul et la très honorable Adrienne Clarkson dans la galerie Leslie and Anna Dan du Telus Centre for Performance and Learning du Conservatoire royal, afin d’explorer davantage les thèmes et sujets abordés la veille.
2009: Siila Watt-Cloutier
Ramener le Canada sur la voie des principes : « Une perspective arctique et inuite »
Siila Watt-Cloutier a présenté la 9e Conférence LaFontaine-Baldwin le 29 mai 2009 à Iqaluit. Mme Watt-Cloutier est une personnalité canadienne qui est depuis longtemps une porte-parole nationale et internationale du Nord et de ses habitant·e·s.
Officière de l’Ordre du Canada, Mme Watt-Cloutier est la première récipiendaire de la Médaille du gouverneur général pour la nordicité et elle a été sélectionnée au Prix Nobel de la Paix en 2007.
Environ 500 personnes se sont amassées dans l’école secondaire d’Inukshuk à Iqaluit pour entendre la première conférence de cette envergure dans le Nord. La gouverneure générale Michaëlle Jean et les coprésidents de l’Institut pour la Citoyenneté canadienne, John Ralston Saul et Adrienne Clarkson figuraient parmi les personnalités présentes. IsumaTV, un portail web de la maison de production Igoolik Isuma Productions du cinéaste primé Zacharias Kunuk, a diffusé la conférence en direct à Vancouver, Calgary, Winnipeg, Toronto, Montréal et à Alice Springs en Australie.
2007: La très honorable Adrienne Clarkson
« La société de la différence »
La très honorable Adrienne Clarkson a présenté l’édition 2007 de la Conférence LaFontaine-Baldwin.
Nous devons nous interroger : comment se fait-il que nous ayons les mêmes valeurs, mais sous des aspects si différents? Existe-t-il des différences intellectuelles et éthiques profondes ou plaçons-nous sur les frêles épaules de la différence visible le lourd fardeau du sens paralysant? Lorsque l’on retire la dimension visuelle, que sommes-nous, en tant que peuple? Pourquoi la différence est-elle considérée avec un tel mélange d’appréhension et d’acceptation?
2006: George Elliott Clarke
George Elliott Clarke a présenté l’édition 2006 de la Conférence LaFontaine-Baldwin.
« Imaginer la ville de la justice ».
« La ville de la justice » serait tout simplement une ville où tou·te·s les citoyen·ne·s porteraient la responsabilité de la réussite ou de l’échec de leur communauté, où les ressources seraient partagées afin de garantir une aide appropriée aux plus pauvres et une répartition équitable de la richesse, tout du moins d’une partie de la richesse, issue de l’extraction des ressources naturelles des peuples, et où des initiatives seraient prises pour remédier aux injustices passées. Cette ville de la justice devrait être l’objectif de tous les « agendas urbains » car s’il est nécessaire de répondre au plus vite aux problèmes concrets d’urbanisme, il l’est tout autant d’ouvrir les esprits et de remplir les cœurs.
2005: The Honourable Louise Arbour
« Libérer du besoin : de la charité à la justice »
L’honorable Louise Arbour a présenté la 6e Conférence LaFontaine-Baldwin.
2004: David Malouf
David Malouf a présenté la 5e Conférence LaFontaine-Baldwin.
2003: The Right Honourable Beverley McLachlin
La très honorable Beverley McLachlin a présenté l’édition 2003 de la Conférence LaFontaine-Baldwin.
« La civilisation de la différence »
Pourquoi cette prépondérance de la différence? Comment pouvons-nous mieux gérer la différence? Le Canada, comme d’autres pays, est confronté à ces questions. Nous y avons parfois répondu en choisissant l’exclusion et la violence. Cependant, même tout à fait au début, une autre réponse apparaît : le respect, l’inclusion et l’accommodement.
2002: Georges Erasmus
Georges Erasmus a présenté la 3e Conférence LaFontaine-Baldwin.
2001: Alain Dubuc
Alain Dubuc a présenté la 2e Conférence LaFontaine-Baldwin le 9 mars 2001 à Montréal.
2000: John Ralston Saul
John Ralston Saul a présenté la 1re Conférence LaFontaine-Baldwin.
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