L’Institut pour la Citoyenneté Canadienne et 6 degrees se sont associés aux Services Culturels du Consulat de France à Toronto pour présenter le Dialogue France-Canada: Espaces démocratiques, questionnant la relation contemporaine entre les espaces publics et la démocratie. 6 Degrees tient également à remercier Knowledge Partners Canadian Urban Institute et 8 80 Cities pour leur soutien.

L’espace urbain est l’endroit où nous vivons. Cela a un impact sur notre vie quotidienne: la manière dont nous interagissons, travaillons, voyageons, achetons et plus encore. Il représente la place publique dans laquelle nous nous réunissons, débattons et unissons nos forces et nos voix en tant que membres d’une communauté.

D’une privatisation croissante de l’espace aux réalités du COVID-19, nous avons discuté de la façon dont notre capacité à se rassembler évoluent et de la manière dont nos espaces partagés doivent changer pour que nos communautés restent fortes.

Nous avons examiné la manière dont les infrastructures et la planification racistes, classistes et inéquitables affectent notre quotidien et notre capacité à participer pleinement à la vie civique. Nos besoins collectifs évoluent. Alors, de quel type d’espace urbain avons-nous besoin pour favoriser le meilleur de notre démocratie dans cette nouvelle ère?

Avec:

– Allocution de l’ambassadeur de France au Canada, Kareen Rispal
– Modératrice: : Amanda O’Rourke, directrice exécutive de 8 80 Cities (Canada)

Les conférenciers

– Habon Ali, étudiant en santé mondiale et bâtisseur communautaire (Somalie/Canada)
– Michael Redhead Champagne, Organisateur communautaire, personnalité publique (La Première Nation de Shamattawa/Winnipeg/Canada)
– Angèle De Lamberterie, Géographe et urbaniste, Chargée du développement de Plateau Urbain (France)
– Yoann Sportouch, Urbaniste, rédacteur en chef du webmagazine “Lumières de la Ville”, fondateur de l’agence de prospective urbaine LDV Studio Urbain (France)

Points clés à retenir

Les espaces publics sont essentiels au processus démocratique. Les espaces publics jouent le rôle d’intermédiaire entre le peuple et l’État. C’est là que nous nous réunissons pour exprimer nos points de vue, soulever nos plaintes et travailler collectivement pour trouver des solutions. C’est dans ces espaces que la société peut se rassembler mais seulement s’ils sont accessibles à tous. Bien que ces espaces puissent exister numériquement – et existent effectivement – ils doivent être complétés par des espaces physiques intégrés dans nos communautés.

La conception des espaces publics doit être éclairée par les besoins de la communauté. Trop souvent dans le développement des espaces publics, les besoins de la communauté sont ignorés, mal jaugés voire éclipsés par les intérêts privés. Pour qu’un espace public renforce une société, il doit être conçu en consultation franche et approfondie avec la communauté qu’il sert, et avec un véritable effort pour réaliser la vision que la communauté exige. Pour être réellement publiques, ces consultations doivent également permettre la participation de ceux qui sont le plus souvent marginalisés.

Les besoins de la communauté ne sont pas statiques. Comme le démontre la crise du COVID-19, nous ne pouvons pas prédire toutes les manières dont l’espace public pourrait être nécessaire à l’avenir. Nos espaces doivent donc être flexibles, accommodants et nombreux pour répondre aux besoins dynamiques des communautés à mesure qu’ils se présentent.

Pour soutenir la démocratie, nous devons avoir des espaces publics qui facilitent le dialogue et la collaboration entre des personnes diverses. Le simple accès à un espace public physique ne suffit pas. De nombreux espaces accessibles au public sont conçus autour de la consommation, du transport ou des loisirs, mais pas du dialogue. La conception et la gestion d’un espace démocratique doivent favoriser la construction de réseaux et l’échange d’idées. Souvent, les personnes les plus marginalisées sont aussi celles qui se sentent le moins soutenues par nos démocraties, tout en étant également confrontées aux plus grands obstacles à la participation. Nous avons la responsabilité de veiller à ce que leurs voix soient entendues. Nous devons être proactifs dans la création de structures, à la fois physiques et philosophiques, pour inclure de manière significative ceux qui sont les plus marginalisés dans nos conversations publiques. Nous devons favoriser l’appartenance à ces espaces et pas seulement leur accès.

Les succès dans les espaces publics peuvent être reproduits et partagés. Bien que les exigences en matière d’espace public diffèrent selon les zones géographiques, les réussites peuvent être reproduites, répétées et mises à l’échelle d’autres environnements. Les communautés y sont attentives. Les urbanistes y sont attentifs. Nous avons tous l’occasion de montrer l’exemple en créant des espaces publics inclusifs, démocratiques et axés sur la communauté.

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Au cours des six derniers mois, de nombreux Canadiens ont lutté contre les effets de l’isolement et des fermetures généralisées. Nos citoyens les plus marginalisés – y compris les personnes autochtones, les personnes de couleur, les nouveaux immigrants et les Canadiens à faible revenu – ont été particulièrement touchés.

Nous nous sommes entretenus avec la 26e gouverneure générale du Canada et cofondatrice de l’ICC, la très honorable Adrienne Clarkson, pour discuter des contrecoups de la pandémie de COVID-19 sur les Canadien·ne·s, ainsi que de la montée de la discrimination et de la désinformation à la suite de la pandémie.

En tant qu’ancienne réfugiée, Mme Clarkson nous partage son point de vue sur les raisons pour lesquelles le Canada doit réaffirmer son engagement envers l’immigration et les besoins des réfugiés, même pendant la pandémie.

Sejla Rizvic : Depuis le début de la pandémie, de nombreux problèmes sociaux de longue date ont été mis en évidence. Quel est votre point de vue sur les discriminations qui sont apparues depuis la pandémie, en particulier à l’encontre des Canadiens et des Canadiennes d’origine asiatique et des récentes manifestations de Black Lives Matter?
Adrienne Clarkson : Je pense que, ce que les manifestations de Black Lives Matter nous disent, c’est que nous ne pouvons pas continuer à dire : « Ok, essayons de rendre les choses agréables, petit à petit. » Nous devons vraiment nous mettre à la tâche et reconnaître qu’il y a un racisme systémique – non pas que chaque policier ou chaque personne en autorité soit raciste, mais que le système, qu’ils représentent, est basé sur un modèle raciste : que les blancs sont meilleurs que n’importe qui d’autre. C’est du racisme systémique, le système colonial dans lequel nous vivons tous, et cela doit cesser maintenant.

J’étais jeune à l’époque des mouvements des droits civils dans les années 1960. Soixante ans se sont écoulés depuis, et ça ne s’est pas passé comme prévu. Nous devons prendre des mesures vraiment drastiques. Et c’est là que mon point de vue a peut-être changé, car je pense maintenant que nous devons prendre des mesures directes pour attirer un quota de personnes noires au sein des conseils d’administration des organisations et dans la gestion structurelle. Nous ne pouvons plus attendre. L’inégalité est trop grande et la souffrance humaine est trop importante.

En ce qui concerne le sentiment anti-asiatique, je pense qu’il est très regrettable que les gens pensent que les Chinois sont à blâmer pour la COVID-19. Bien sûr, c’est le résultat de l’ignorance totale, du sectarisme et de la haine — qu’on voit surtout au sud de la frontière, chez la plus haute fonction du pays. Et c’est dégoûtant, répréhensible et totalement injustifié. J’ai lu les histoires de personnes d’origine chinoise à Vancouver, où il y a une communauté très importante et très visible, qui sont canadiennes et qui sont victimes de discrimination. Les Canadiens d’origine asiatique se font attaquer et dénigrer. C’est absolument épouvantable.

En tant qu’ancienne journaliste de la CBC, que pensez-vous de la tendance alarmante à la désinformation que nous avons constatée relativement à la COVID-19? Cela est-il comparable à tout ce que vous avez vu pendant votre carrière de journaliste?
Non, et je dirais que c’est à cause des médias sociaux. Maintenant, tout le monde peut se connecter et dire ce qu’il veut. Et quand on voit le président du pays voisin répandre lui-même la désinformation — dire des choses absurdes et effrayantes, voire mentir en disant que la COVID-19 va tout simplement disparaître — alors il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la désinformation se répand si vite. La désinformation vient de se multiplier : elle se propage sur les médias sociaux et les gens finissent par écouter des choses qui n’ont aucun fondement dans les faits.

Une autre question dont nous avons parlé dans notre série est l’incidence de la pandémie sur les réfugiés et les nouveaux immigrants au Canada. Je sais que vous êtes vous-même une réfugiée, et en fait, moi aussi – ma famille est venue ici de Bosnie en 1995. Le rétablissement mondial des réfugiés a été interrompu pendant la COVID-19, mais la crise des réfugiés persiste. Selon vous, dans quelle mesure les gouvernements sont-ils responsables de ne pas oublier les réfugiés pendant cette période?
Je pense que c’est le moment de penser vraiment aux réfugiés et d’accueillir plus de gens. Je suis très, très catégorique à ce sujet. J’ai lu récemment que l’immigration allait diminuer d’au moins 30 % cette année en raison de la COVID-19. C’est terrifiant parce que nous avons besoin d’immigrants, nous avons besoin de réfugiés.

Nous savons, à la lumière des statistiques qu’après 2030, notre population ne connaîtra pas de croissance si ce n’est par l’immigration. Nous n’avons pas assez d’enfants pour faire les choses dont nous avons besoin pour maintenir nos pensions, pour conserver notre système de santé universel, et nous avons donc besoin d’immigrants. Nous avons besoin de gens qui sont venus ici, comme vous il y a 25 ans, avec vos parents. N’est-ce pas?

Je suis peut-être intéressée, parce que j’étais une réfugiée et que j’ai été accueillie. Ce n’est pas sans difficulté – rien n’a été pavé d’or pour nous d’aucune manière, sous quelque forme que ce soit. Mais le Canada est un pays où, si vous vouliez vivre votre vie, élever vos enfants, et que vous aviez tout perdu ailleurs, vous pouvez le faire. Et si nous ne pouvons pas le faire parce qu’il y a une pandémie, c’est un vrai problème. Je pense que nous devrons nous rattraper le plus vite possible dès que cette crise sera terminée.

Il est évident que c’est une période très étrange et difficile pour arriver dans le pays. Quel genre de message devez-vous faire passer aux nouveaux immigrants?
Eh bien, si vous venez tout juste d’arriver, sachez que ce n’est pas comme ça que nous sommes habituellement [rires]. Nous vous accueillerions avec le sourire – on ne voit pas un sourire à travers un masque – nous essaierons de vous aider.

Certaines personnes qui arrivent sont parrainées par un groupe social, un groupe religieux, un groupe de synagogues ou autre, et ma propre église paroissiale a toujours adopté des familles. Il faut environ six ou sept familles pour s’occuper d’une famille qui arrive parce qu’elle a beaucoup de besoins : trouver un appartement, inscrire les enfants à l’école, à la garderie, etc. Nous pouvons aussi faire de petites choses, comme leur donner des patins pour aller à la patinoire. Ce sont ces petites attentions personnelles qui nous caractérisent si bien ici au Canada.

Le monde est un endroit terrifiant et les gens se font jeter hors de chez eux sans raison, mais le Canada donne aux gens une autre chance. Je dis toujours que l’immigration, même si elle n’est pas très importante, est une occasion de transformation; vous ne serez pas la même personne que vous étiez même si vous étiez resté dans votre propre pays. Le Canada est un lieu de secondes chances et je pense que c’est ce que nous tous qui avons été réfugiés ou immigrants ressentons à propos du Canada, même si nous ne le disons pas avec autant de mots, que c’est un lieu qui nous a donné la capacité de devenir autre chose, et même plus que ce que nous aurions pu être si nous étions restés dans le pays où nous sommes nés.

Je suis intéressée par l’avenir maintenant et je me demande à quoi le monde pourrait ressembler dans 20 ans si nous avions géré cette crise de la bonne façon. Quelles leçons devrions-nous tirer maintenant pour que cela soit possible dans 20 ans?J’aimerais bien avoir une boule de cristal. J’ai toujours eu tort dans tout ce que je prédisais [rires]. Ce que je veux faire, c’est continuer à défendre les réfugiés et en accueillir le plus grand nombre possible, en accueillant les immigrants et les réfugiés dans tout le pays, et pas seulement dans les grands centres.

Nous devons accueillir les gens qui arrivent aujourd’hui, comme nous l’avons fait ou comme nos grands-parents l’ont fait – en commençant par rien d’autre que leurs espoirs – dans un pays qui possède une grande structure parlementaire, la liberté d’expression, la liberté de religion, la liberté de se déplacer partout, des lois contre la haine. Nous avons besoin de gens du monde entier parce que nous pouvons les transformer en Canadiens.

Cette entrevue a été modifiée pour des raisons de clarté et de longueur.

Alors que des millions de Canadiens étaient confinés à la maison pendant plusieurs semaines, nos espaces publics, eux, ont commencé subtilement à se métamorphoser. Afin de respecter les nouvelles règles de distanciation physique, presque tout dans nos façons de nous déplacer en ville, de travailler et de profiter de nos temps de loisirs a été modifié. Cela dit, cette période de restructuration pourrait aussi être l’occasion de pousser ces changements un peu plus loin encore et faire en sorte que la pandémie agisse comme catalyseur pour rendre nos lieux publics plus sains et plus inclusif de façon durable dans le futur.

L’un des premiers secteurs publics à avoir subi un important déclin d’utilisation est sans contredit le transport en commun, alors que des millions de Canadiens sont passé·e·s au télétravail, éliminant ainsi la nécessité de se déplacer au quotidien vers le boulot. Par exemple, l’achalandage de la TTC de Toronto a subi une baisse de 80 pour cent en avril, mais devrait connaître une nouvelle hausse de 50 pour cent de ses chiffres habituels d’ici octobre. Pour contrer les risques d’engorgement, les administrations municipales devront investir dans leurs réseaux de transport collectif, en ajoutant de nouveaux terminus et en modifiant la disposition de leurs sièges, entre autres mesures. Pour bonifier encore davantage ces changements, les villes pourraient décider d’offrir le transport gratuit pour tous les passagers – ce qu’une centaine de villes ont déjà fait dans le monde – afin de s’assurer que le transport soit accessible aux personnes à faible revenu et d’inciter la population à utiliser le transport collectif au lieu de la voiture, ce qui ralentirait les émissions de gaz à effet de serre et rendrait ainsi nos villes plus saines et sécuritaires.

Par ailleurs, si certains lieux ont subi un déclin d’achalandage, d’autres en revanche ont connu une importante hausse. Selon un sondage de Park People mené auprès de 1 600 Canadien·ne·s, 55 pour cent des répondant·e·s ont affirmé que leur fréquentation des parcs avait augmenté au cours de la pandémie de COVID-19 et 82 pour cent ont indiqué que les parcs étaient devenus un élément important pour leur santé mentale. Partout au Canada, des réseaux de pistes cyclables ont été étendus dans le but de réduire l’engorgement dans le transport en commun et la congestion sur les routes. L’augmentation de l’utilisation des espaces verts et le nombre croissant de cyclistes sur les routes témoignent tous deux d’un changement positif du mode de vie améliorant la santé physique et mentale des résident·e·s; si des politiques adéquates sont mises en place, ces changements pourraient perdurer.

Rédigée par l’urbaniste Jennifer Keesmaat, la Déclaration 2020 pour la résilience des villes canadiennes fait valoir que la COVID-19 et la période de reprise constituent une « occasion d’agir » et de mettre en place des changements qui pourraient « propulser les villes canadiennes à devenir plus accessibles, équitables et durables ». Le plan brosse un portrait holistique du fonctionnement que pourraient adopter les villes pour s’assurer que les plus vulnérables – qui d’ailleurs sont les personnes les plus durement touchées par la pandémie – soient bien servis grâce à une bonne planification urbaine.

Les personnes vivant avec un handicap, les personnes immunosupprimées ou âgées sont trop souvent oubliées en matière de planification urbaine avisée, ce qui signifie que d’innombrables Canadien·ne·s sont exclu·e·s de toute participation en société parce que l’on ne tient pas compte de leurs besoins. À la lumière du vieillissement de la population (d’ici 2036, les personnes âgées devraient compter pour 25 pour cent de la population canadienne), il est nécessaire de tenir compte des différents niveaux de capacité des personnes et d’envisager des moyens de mieux répondre aux besoins en matière de services, d’infrastructures et de politiques.

Les personnes vivant avec des incapacités plaident depuis longtemps en faveur de méthodes, qui ont récemment pris de l’ampleur durant la pandémie, notamment le télétravail et les horaires flexibles. Avant la COVID-19, les employeurs tardaient à faire de l’accessibilité une priorité, mais la pandémie a révélé à quel point ces changements étaient possibles.

Tout en militant pour de tels changements, nous devons tout autant rester vigilants quant aux interrelations entre les politiques et leurs répercussions. Jay Pitter, urbaniste et aménagiste, nous exhorte à ne pas oublier les personnes vivant dans des « densités oubliées », par exemple les refuges pour itinérants, les résidences de personnes âgées ou les établissements d’hébergement publics, car ce sont ces personnes qui connaissent le plus de difficultés pendant la pandémie en raison d’infrastructures inadéquates et non sécuritaires, qui les mettent en trop grande proximité avec les autres. Puisque l’on insiste toujours plus sur la distanciation physique et que la densité est considérée comme étant un risque accru de contamination, il importe de tenir compte de ces nombreux·euses Canadien·ne·s qui, dans bien des cas, ne peuvent même pas évoluer de façon sécuritaire dans leur milieu de vie ou leur communauté locale.

« Plutôt que de craindre les biais anti-densité », écrit Mme Pitter dans un article du magazine Azure, « nous devons appliquer ce que nous savons pour bâtir un bon cadre de densité urbaine. Ce cadre de travail devrait se fonder sur des données probantes et se superposer aux facteurs sociaux influant sur la santé, notamment la sécurité alimentaire, l’origine ethnique, le sexe et la pauvreté, tout en étant fermement ancré dans une vision d’aménagement d’espaces équitables ». Qui plus est, pour apporter ces changements, les décideurs devront consulter sérieusement non seulement les experts, mais aussi les membres de la communauté, ajoute Mme Pitter. « Entreprendre des travaux de cette envergure n’est pas possible en temps de pandémie. Cependant, nous pouvons assurément progresser en ce sens, plutôt que de minimiser les souffrances de celles et ceux dont la santé est menacée en raison de la densité », indique-t-elle dans son article.

Malgré les limitations auxquelles nous faisons face actuellement, toutes les raisons sont bonnes de demeurer optimistes. Des changements qui semblaient impossibles avant la pandémie sont actuellement en train de se produire; en appliquant nos connaissances et en prêtant une oreille véritablement attentive aux besoins des personnes les plus marginalisées, nous pourrions profiter de la dynamique créée jusqu’à maintenant pour transformer nos villes, nos espaces verts et nos milieux de travail pour qu’ils deviennent plus inclusifs pour toutes et tous.

L’intervention du Canada relativement à la pandémie de COVID-19 est loin d’être parfaite, mais certains éléments jouent en notre faveur : de solides services publics comme le régime de soins de santé universel, un filet social sous la forme de paiements de PCU et une moins grande politisation du port du masque et des mesures de distanciation physique que chez nos voisins du sud. Or, ces services sociaux qui ont protégé les Canadien·ne·s pendant la pandémie ne sont pas garantis et le financement du secteur public est perpétuellement menacé, notamment en matière de santé et d’éducation. Dans l’avenir, le Canada devra réfléchir à ses priorités financières, afin de rester prêt à d’autres crises imprévues, même lorsque la pandémie sera derrière nous.

Dans les dernières années, les coupes budgétaires en santé se sont répétées dans certaines provinces, dont l’Ontario et l’Alberta. En 2019, le gouvernement ontarien a publié un plan qui comprenait des compressions dans les dépenses en soins de santé ainsi que des mesures de privatisation, des choix qui, selon les détracteurs, allaient augmenter l’engorgement dans les hôpitaux et réduire la capacité de donner des soins aux patients. Ces compressions ont été imposées après plusieurs décennies de statu quo dans le secteur de la santé de la province; en 2019, l’Ontario disposait de 30 000 lits d’hôpitaux, soit le même nombre qu’en 1999, et ce, malgré une augmentation de population de 27 pour cent.

Des coupures dans l’éducation publique ont aussi été observées. À la lumière de la grande désinformation qui a circulé concernant le virus au cours des six derniers mois, la capacité de pensée critique, la littératie médiatique et l’éducation en science que l’on enseigne aux enfants dans les écoles sont des compétences plus importantes que jamais et ne devraient jamais être tassées du revers de la main. Malgré tout, en Alberta, les budgets destinés à l’éducation ont récemment été amputés dans le cadre de coupures massives élargies dans le secteur public de cette province. Ces coupures ont entraîné la perte d’environ 1 400 postes d’enseignant·e·s à temps plein, alors que les écoles doivent piger dans leurs économies pour payer tous les coûts relatifs à la COVID-19.

Investir dans les ressources qui nous sont les plus précieuses – les services de soins de santé, qui sont assez réactifs pour répondre à une crise majeure de santé publique, les campagnes d’éducation visant à lutter contre la désinformation et le revenu minimum garanti, pour éviter que les Canadien·ne·s ne se retrouvent dans la pauvreté, sans égard à leur emploi – ne sont que quelques-unes des mesures que peut prendre le Canada pour se préparer à un futur post-pandémie.

Réciproquement, le financement de services qui ne servent aucun objectif de santé, de sécurité et d’égalité devrait être reconsidéré. L’appel des sympathisants du mouvement Black Lives Matter à réaffecter le financement des services de police à d’autres services publics, par exemple aux travailleur·euse·s sociaux·ales, aux équipes d’intervention en santé mentale et aux services de consultation en toxicomanie, en est un exemple. Dans de nombreuses villes du Canada, les forces de l’ordre constituent souvent le poste budgétaire le plus élevé dans les finances municipales, et ce, malgré un lourd passé de violence policière contre les Canadien·ne·s racialisé·e·s, particulièrement les Noir·e·s et les Autochtones. Réaffecter ces fonds à d’autres services qui profitent davantage à la communauté dans son ensemble serait un pas dans la bonne direction.

Si certaines projections scientifiques s’avèrent, la pandémie de COVID-19 pourrait n’être qu’un exemple de crises similaires dans le futur. Anthony Fauci et David Morens, deux voix fortes sur la COVID-19 du National Institute of Allergy and Infectious Diseases, aux États-Unis, ont récemment publié un article dans le journal Cell expliquant pourquoi le nouveau coronavirus risque d’être le point de départ d’une nouvelle ère pandémique causée par la dégradation environnementale et la mondialisation. « Nous demeurons à risque dans un futur prévisible. La COVID-19 constitue l’un des signaux d’alerte les plus évidents du dernier siècle », écrivent-ils. « Cela devrait nous forcer à penser sérieusement et collectivement à vivre en plus grande paix et harmonie créative avec la nature, même dans un contexte où l’on se prépare aux surprises inévitables et toujours inattendues de la nature ».

Au cours de cette pandémie, de nombreux·euses Canadien·ne·s ont acquis une nouvelle perspective, que ce soit en se joignant à des manifestations ou en constatant l’interconnexion entre différentes politiques et pratiques dommageables sur le plan social, comme la violence policière, la discrimination, la désinformation et l’inégalité dans les soins de santé. La réalité post-pandémie au Canada devrait tenir compte de ces prises de conscience, et cela commence en révisant nos priorités financières.

La pandémie de COVID-19 a contraint plusieurs Canadiens à réfléchir sérieusement à quelques conditions de vie tenues pour acquises, notamment disposer d’un endroit sécuritaire où se réfugier, de l’accès aux services de soins de santé et même de la possibilité de se procurer des aliments sains étant donné la pénurie de denrées attribuable aux achats effectués sous l’emprise de la panique au début de la pandémie.

Selon de récents rapports, malgré la stabilité des chaînes d’approvisionnement alimentaire et le réapprovisionnement des tablettes jusqu’à présent, nombre de Canadiens peineront à acheter de la nourriture puisque le problème de l’insécurité alimentaire s’amplifiera. Certes, l’enjeu des personnes ne mangeant existe depuis toujours au Canada, mais le nombre de celles-ci en ce contexte de pandémie de COVID-19.

Statistique Canada a remarqué dans une étude menée en mai que près d’un Canadien sur sept a déclaré vivre une situation d’insécurité alimentaire à la maison, ce qui représente une augmentation comparativement à une personne sur huit entre 2017 et 2018, soit avant la pandémie. Santé Canada définit l’insécurité alimentaire comme suit : « […] l’incapacité de se procurer ou de consommer des aliments de qualité, ou en quantité suffisante […] [et elle] est souvent liée à une incapacité financière d’assurer une alimentation adéquate. »

Le problème de l’insécurité alimentaire connexe à la COVID-19 pourrait s’amplifier. En effet, les spécialistes affirment que le prix des aliments est susceptible de connaître une autre hausse vu que les coûts inhérents à la pandémie (p. ex. les EPI et les mesures de distanciation physique) obligent les fournisseurs de produits alimentaires à gonfler leurs prix.

En fait, à l’avenant de bien d’autres répercussions de la pandémie, l’insécurité alimentaire touchera le durement, entre autres, les groupes racialisés et les ménages à faibles revenus. Au Canada, les ménages noirs courent trois fois plus de risques de vivre dans l’insécurité alimentaire que les ménages blancs. En outre, d’après l’Étude sur l’Alimentation, la Nutrition et l’Environnement chez les Premières Nations de 2019, près de la moitié des familles des Premières Nations au Canada peinent à se nourrir assez.

Les nouveaux arrivants au Canada se trouvent également en situation de vulnérabilité. D’ailleurs, une étude de 2019 portant sur la présence du phénomène de l’insécurité alimentaire au sein des nouveaux immigrants et les enfants réfugiés en Saskatchewan a révélé que la moitié de ces ménages luttaient contre l’insécurité alimentaire. En général, les sources des difficultés éprouvées par ces nouvelles familles arrivantes comprenaient les niveaux de faible revenu, les dépenses connexes aux médicaments sur ordonnance et aux produits d’hygiène qui amputaient le budget alloué à la nourriture de même que l’obligation de rembourser les prêts de transport consentis par le gouvernement couvrant le voyage des réfugiés depuis l’étranger jusqu’au Canada.

À présent, l’incidence économique de la COVID-19, ressentie par l’ensemble de la population canadienne, pourrait ébranler gravement la sécurité alimentaire d’un bout à l’autre du pays. Les données de Statistique Canada démontrent que les Canadiens se retrouvant sans travail en raison de la fermeture d’entreprise ou d’une mise à pied sont plus susceptibles à faire face à une situation d’insécurité alimentaire que leurs compatriotes qui occupent actuellement un emploi. En juin, le taux de chômage se chiffrait à 12,7 % au pays, accusant ainsi une légère baisse après avoir atteint un niveau record de 13,7 % en mai.

Un sondage du Groupe Banque TD publié en juillet révèle que les communautés de PANDC sont les parmi plus susceptibles de connaître l’insécurité financière à cause de la COVID-19. En 2019, le taux de chômage recensé auprès des immigrant•e•s habitant au Canada depuis moins de cinq ans était quatre fois plus élevé que celui chez les personnes nées au Canada. Ces données laissent croire que les nouv•eaux•elles immigrant•e•s pourraient devoir affronter des obstacles supplémentaires quant à la recherche d’emploi durant la pandémie.

Bien que les versements de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) ont contribué à alléger dans une certaine mesure le fardeau économique pesant sur les familles au Canada, de nombreuses personnes n’y ont pas droit. Une analyse réalisée par le Centre Canadien de politiques alternatives dévoile que plus de 800 000 personnes sans emploi au Canada ne seraient pas admissibles ni à la PCU ni aux prestations d’assurance-emploi. De plus, le retrait progressif de la PCU à l’automne expose un nombre accru de familles au risque de se trouver en situation d’insécurité alimentaire.

Au début de la pandémie, le premier ministre Justin Trudeau a promis un soutien de 100 millions de dollars aux banques et organisations alimentaires d’un bout à l’autre du pays afin de pallier l’insécurité alimentaire au Canada. En 2019, les banques alimentaires ont reçu 1,1 million de visites partout au Canada. Selon le Bilan-Faim 2016, les immigrants et les réfugiés représentent 13 % des personnes qui reçoivent une aide des banques alimentaires.

Cependant, les banques alimentaires ne consistent qu’une solution à court terme. En réalité, les spécialistes affirment que les données démontrent que ces organisations ne règleront pas définitivement le problème de la faim au Canada. Valerie Tarasuk et Lynn McIntyre, chercheuses au sein du programme de recherche en sécurité alimentaire PROOF, soutiennent que la prestation d’un revenu de base directement aux personnes, et non la dépendance envers les banques alimentaires, constitue le meilleur moyen de s’attaquer au problème.

En refusant de se préoccuper de l’ensemble des aspects de l’insécurité alimentaire au Canada, les gouvernements compromettent la santé et le bien-être des Canadiens, surtout les communautés vulnérables de PANDC et des nouveaux immigrants. L’insécurité alimentaire entraîne de graves problèmes de santé et on répertorie, entre autres, des taux élevés d’anémie ferriprive, d’hypertension artérielle et de diabète chez les personnes touchées par cet enjeu. Aussi, l’insécurité alimentaire engendre de des coûts élevés liés aux soins de santé et, dans les cas les plus graves, une réduction de l’espérance de vie de neuf ans.

D’après Tarasuk et McIntyre, il faut éliminer la cause profonde de l’enjeu en fournissant davantage de soutien financier directement à la population canadienne. Et puis s’affairer à la tâche le plus rapidement possible au fur à et à mesure que la pandémie se poursuit. Dans leur article pour Options Politiques, elles ont précisé : « L’absence de mesures efficaces pour remédier aux difficultés supplémentaires découlant de la COVID-19 plongera davantage de personnes dans l’insécurité alimentaire et aggravera les niveaux de défavorisation. » « Par conséquent, il importe d’adopter des mesures efficaces maintenant. »

Dans un sondage récent mené par l’ICC et Léger, les répondants ont dû répondre à la question suivante : « Si on compare à la période précédant la COVID-19, vous sentez-vous plus ou moins liés à votre famille, à vos amis, à vos collègues, à vos voisins, à votre communauté, à votre ville, à votre province, à votre pays? » Les réponses ont été mitigées. Dans l’ensemble, 29 % des Canadiens ont déclaré qu’ils se sentaient plus proches de leur famille, mais également moins proches de leurs ami·e·s et de leur communauté au sens large depuis le début de la COVID-19.

Ces résultats ont du sens, car un plus grand nombre de personnes restent à l’intérieur, passent plus de temps avec leur famille, et interagissent moins avec l’extérieur. Mais ils semblent également suggérer que la pandémie de COVID-19 a affaibli les liens sociaux qui unissent les Canadiens entre eux·elles, ce qui pourrait laisser des traces à long terme non seulement sur les individus, mais sur la société dans son ensemble.

Dans son livre Bowling Alone : The Collapse and Revival of American Community, le politologue Robert D. Putnam, de Harvard, emploie le terme « capital social » pour décrire le processus par lequel des réseaux de personnes travaillent ensemble pour atteindre des objectifs communs ou poursuivre des intérêts communs. Putnam soutient que notre capacité et notre volonté de nous rassembler en groupes peuvent avoir un effet sur des choses comme l’engagement civique et la participation démocratique. Se rassembler est un moyen de créer la confiance, de renforcer les liens sociaux et de faire progresser les besoins de la communauté. Cela peut inclure la participation de groupes à des activités aussi diverses que les organisations de parents d’élèves, les églises ou les troupes de scouts.

Selon certaines mesures, le Canada s’en sort relativement bien dans ce domaine. Avant le début de la pandémie, un rapport de 2019 de la Banque mondiale a révélé que le Canada a fait bonne figure au chapitre du capital social par rapport à d’autres pays. Et les données de 2013 de Statistique Canada ont révélé que le capital social était demeuré relativement stable entre 2003 et 2013, 65 % des Canadiens ayant participé en tant que membres d’un groupe, d’une organisation ou d’une association, et près de la moitié ayant participé à des activités de groupe au moins une fois par mois.

Parallèlement, d’autres recherches ont montré que la solitude s’est accrue au Canada et que le taux de participation aux élections a également diminué depuis les années 1970, ce qui laisse entendre que les liens sociaux et l’engagement civique ne sont pas aussi forts qu’ils pourraient l’être.

En ce qui concerne la COVID-19, le capital social existant peut être un atout important pour les individus et les communautés. Des recherches ont montré qu’il est particulièrement bénéfique lors des catastrophes, car les réseaux sociaux deviennent plus importants lorsque nos vies sont mises à rude épreuve par des difficultés économiques, des maladies ou des perturbations généralisées.

Les récentes protestations peuvent indiquer un changement positif en ce qui concerne le capital social au Canada, puisque des milliers de personnes se sont rassemblées d’un océan à l’autre pour poursuivre l’objectif commun de combattre le racisme, la discrimination systémique et la violence policière. Malgré les risques associés au rassemblement de grands groupes pendant une pandémie, l’Organisation mondiale de la santé a apporté son soutien aux protestations. De nombreux responsables de la santé publique ont reconnu que les manifestations représentent une forme « essentielle » de rassemblement public. Elles sont directement liées au racisme structurel qui expose les groupes noirs, autochtones et racialisés à un risque accru pendant la pandémie, ce qui entraîne des taux nettement plus élevés d’infection et de décès liés à la COVID-19 dans ces communautés.

Ainsi, le capital social est à la fois tendu et plus ciblé en ce moment particulier, car les gens sont obligés de regarder les inégalités déjà présentes dans leur pays continuer à s’accroître. Frank Roberts, professeur à l’université de New York et expert des mouvements sociaux américains comme Black Lives Matter a déclaré à la BBC: « Vous avez une situation où tout le pays est en confinement et plus de gens sont à l’intérieur en train de regarder la télévision… plus de gens sont obligés de prêter attention – ils sont moins capables de détourner le regard,ils ont moins de distractions ». Dans un certain sens, c’est exactement ce dont il s’agit : détourner l’attention des individus pour la porter sur les systèmes sociaux et les besoins des groupes.

Une autre question posée dans le sondage ICC/Léger était de savoir si les Canadien·ne·s croyaient que la crise COVID-19 allait « rapprocher les diverses communautés du Canada ». Le sondage a révélé que les Canadiens étaient plus nombreux·ses à penser que la crise rassemblerait des communautés diverses (43 %) que ceux qui ne le pensaient pas (32 %), les autres se déclarant incertains. Les Canadiens de couleur étaient plus souvent d’accord avec cette affirmation que les Canadiens blancs, et les jeunes Canadiens étaient plus optimistes que les Canadiens plus âgés.

Les protestations répandues de St. John’s à Vancouver en faveur des mesures antiracistes peuvent être considérées comme une indication positive que le désir de se réunir pour poursuivre des objectifs communs reste fort chez les Canadiens. En attendant, grâce à des mesures de distanciation physique et à une forte adhésion aux règles de fermeture, les Canadiens ont réussi à aplatir la courbe des infections à la COVID-19 et le nombre de nouveaux cas dans le pays reste relativement faible.

Dans les mois – et peut-être les années – à venir, les communautés seront probablement confrontées à des défis encore plus importants, car les retombées économiques et les perturbations de notre vie quotidienne se poursuivent. Mais si les derniers mois sont une indication, nous avons de bonnes raisons d’espérer en ce qui concerne l’état du capital social au Canada.

L’Institut pour la citoyenneté canadienne et l’ambassade du Canada au Mexique se sont associés pour la deuxième partie d’une série de dialogues Mexique-Canada en trois parties, sur la façon dont les femmes* sont valorisées, particulièrement en ce qui a trait au travail et à la violence familiale depuis le début de la crise de la COVID-19. Ce dialogue est axé sur trois thèmes clés : Qu’entendons-nous par le « travail des femmes », qu’il soit rémunéré ou non, par la violence faite aux femmes en tant que problème mondial, quelles sont les leçons tirées des politiques mises en œuvre pour réduire les inégalités et la violence contre les femmes? Les femmes ont été particulièrement touchées par la pandémie, tant en ce qui concerne la violence familiale que le niveau de risque auquel elles sont exposées dans le cadre des professions qu’elles exercent et qui sont souvent moins prisées, à savoir les soins de santé, l’éducation, les services de garde d’enfants, les soins aux personnes âgées, la gestion du ménage, ainsi qu’une variété d’autres fonctions qu’elles occupent au sein de l’industrie des services.

*Toute personne qui s’identifie comme une femme ou une femme non binaire.

En vedette
– Présentateur : Ambassadeur Graeme C. Clark
– Animatrice : Juana Inés Dehesa-Christlieb
– Invitées : Karen Padilla (Mexique), Catherine Hernandez (Canada), Ana Pecova (Mexique)
– Interprète : Teresa Flores

Principaux points 

Alors que la COVID-19 peut se propager, peu importe la race, le sexe ou la classe sociale, nous avons pu constater que ses répercussions sont inégales.
Les femmes forment un groupe diversifié. Lorsqu’on tient compte d’autres facteurs en plus du sexe, comme la race, l’ethnicité, l’orientation sexuelle ou la capacité, on constate que les effets économiques, sociaux, psychologiques et les répercussions sur la santé de cette crise varient en conséquence. Cela, ajouté à la discrimination systémique qui existe à l’égard des femmes en milieu de travail et à la maison, vient aggraver les conséquences de la crise.

La responsabilité du travail lié aux soins essentiels ne devrait pas uniquement reposer sur les femmes. De plus, ces emplois occupés par des femmes ne devraient pas être considérés comme étant non qualifiés, ou payés comme tels. La crise de la COVID-19 nous a démontré à quel point les emplois liés aux soins sont essentiels pour assurer la santé et le bon fonctionnement de notre société. Ce travail, y compris les services de garde d’enfants et les soins aux aînés, ainsi que le travail en éducation exige des qualifications et il doit être compensé financièrement en conséquence.

Les données ne nous permettent pas toujours de voir toute la portée ou l’étendue de la violence familiale. Toutefois, les données dont nous disposons sont préoccupantes.
Les données sur la violence familiale ne nous permettent pas de voir toute l’étendue du problème en raison des difficultés liées aux signalements, du manque de transparence et des innombrables cas qui n’ont pas été documentés avant un rapport final. Selon une enquête de Statistique Canada, une Canadienne sur 10 a mentionné que la violence conjugale faisait partie de ses trois préoccupations principales pendant de la pandémie. Comme plusieurs rapports et appels à l’action sur les disparitions et les meurtres de femmes autochtones au Canada l’ont clairement établi, cela n’affecte pas toutes les femmes de la même manière. Au Mexique, les appels aux refuges pour femmes ont augmenté de 60 % en avril 2020. Cette année, on compte environ 10 féminicides par jour au Mexique. Toutefois, il n’est pas possible d’établir clairement si ces chiffres ont augmenté depuis le début de la pandémie de COVID-19. La violence familiale est le crime qui fait l’objet du deuxième plus grand nombre de plaintes officielles au Mexique, même s’il s’agit d’un crime particulièrement difficile à rapporter.

Il est nécessaire d’éduquer et de sensibiliser davantage le public sur les systèmes de soutien, sur les refuges et sur les processus judiciaires et juridiques qui existent pour les survivant·e·s de violence familiale.
Le processus de recours aux systèmes de soutien pour la violence familiale peut être assez opaque et inaccessible. Il faut en faire plus pour faire connaître les refuges, les lieux sécuritaires non sexistes et les cliniques de planification familiale qui existent et sensibiliser davantage la population quant à l’importance d’un soutien à la fois psychologique et physique. Quels sont les systèmes disponibles pour les gens qui ne parlent pas la langue du service d’assistance téléphonique ou pour ceux et celles qui n’ont pas accès à un téléphone?

Jusqu’à présent, les changements aux politiques publiques sont limités aux problèmes domestiques. Si nous voulons éliminer la violence contre les femmes, nous devons comprendre ce que cette violence cache. Ce qui se passe dans la vie d’une femme avant qu’elle rapporte un cas de violence familiale ou qu’elle soit victime d’un féminicide? Comme la violence familiale se produit dans la sphère privée, c’est à la collectivité que revient la tâche de prendre des mesures préventives et adaptées. Il faut commencer par définir la masculinité toxique au sein de notre propre famille, valoriser et protéger la féminité, ainsi que le travail de soins, distribuer le travail de manière équitable et préciser clairement les comportements inacceptables. La masculinité toxique et le machisme doivent être éliminés et faire l’objet de discussion pour désapprendre ces comportements dangereux et arrêter de les renforcer.

Les politiques de lutte contre la violence familiale doivent inclure davantage l’identité de genre, l’expression de genre et l’orientation sexuelle et elles doivent tenir compte de la manière dont leur chevauchement affecte à la fois la violence familiale et les systèmes de soutien communautaire. Ces systèmes ne doivent pas seulement être accessibles à ceux qui répondent aux critères bien définis de « femmes victimes de maltraitance infligée par des hommes », mais ils doivent aussi faire en sorte de ne pas exclure ou discriminer les personnes qui souffrent de maladie mentale, d’alcoolisme ou d’un traumatisme.

Même si nous devons viser la mise en place de mesures de prévention, nous devons entre-temps assurer le financement de mesures adaptées ou d’atténuation. Les programmes qui aident les femmes à payer leur loyer et leur donnent accès à un lieu sécuritaire leur permettent de sortir d’une situation dangereuse. Il faut se rappeler que souvent leur principale préoccupation est de se sortir de la violence, et non de punir leurs agresseurs.

Plutôt que de simplement envisager de nouvelles politiques, nous devons nous pencher sur les politiques qui encore aujourd’hui favorisent l’inégalité. Pour changer les choses, nous devons comprendre en quoi l’égalité entre les sexes fait défaut dans chaque domaine des politiques. Au lieu d’étudier problèmes en silos, vous devons examiner comment les politiques relatives à la justice, au logement et à la décriminalisation s’entrecoupent et affectent de façon négative les femmes.

Nous devons entièrement repenser nos institutions et nos structures de la justice, investir dans le soutien communautaire et nous inspirer des systèmes informels qui ont fait leurs preuves en matière de sécurité et de soutien, sans l’intervention de la police. Nous ne pouvons pas continuer à miser sur les systèmes de justice traditionnels, soit la police et les tribunaux, pour faire face à la violence fondée sur le genre puisqu’il a souvent été démontré que ces systèmes exacerbaient les difficultés. Nous avons beaucoup à apprendre des systèmes informels qui offrent des services de soutien et de sécurité efficaces en dehors des institutions judiciaires traditionnelles. Par exemple, les travailleur·euse·s du sexe ont développé des aptitudes pour soutenir leur milieu en la matière. Nous devons valoriser et respecter ces systèmes et les personnes qui y travaillent si vous voulons apprendre de leur expérience.

La COVID-19 a entraîné l’imposition d’amendes pour les infractions aux mesures de distanciation physique de distanciation partout au pays. En mai 2020, les amendes sanctionnant les manquements liés au coronavirus totalisent plus de 5,8 millions de dollars. Certaines amendes, comme celles infligées en Saskatchewan, atteignent jusqu’à 2 000 $, tandis que d’autres provinces, en l’occurrence Terre-Neuve-et-Labrodor, certaines transgressions peuvent être assorties d’une peine d’emprisonnement.

Pour ces motifs, les personnes défendant la cause des communautés marginalisées ont tiré la sonnette d’alarme dès le début en insistant que l’application des mesures de distanciation physique pourrait nuire aux groupes marginalisés, y compris les groupes économiquement faibles, les sans-abri qui ne sont pas en mesure de payer les amendes, les nouveaux Canadiens aux prises avec des barrières linguistiques ainsi que les membres des communautés noires qui sont disproportionnellement touchés par la brutalité policière.

À Ottawa, un réfugié syrien de 21 ans aux connaissances linguistiques limitées en anglais a écopé d’une amende de 880 $ pour avoir laissé un membre cadet de sa fratrie grimper sur une installation dans un terrain de jeux tout en respectant les règles de distanciation physique. À Hamilton, un sans-abri s’est vu frappé d’une amende du même montant parce qu’il était assis près d’un groupe de personnes à l’extérieur d’un centre de santé.

D’ailleurs, les preuves laissent supposer une inéquitabilité quant à l’imposition des amendes. À la fin du mois de mai, des milliers de personnes, dont la plupart semblait être de race blanche, se sont réunies au Trinity Bellwoods Park à Toronto. Bien que ces milliers de personnes se rendant au parc se trouvaient très les unes des autres, le service de police de Toronto n’a remis que quatre amendes au cours de la journée.

Les disparités au regard de la répartition des amendes liées à la distanciation physique sont plus grandes aux États-Unis où les données fondées sur la race au chapitre des services de police sont criantes. À New York, les gens de race noire environ 80 % des amendes ont été remises à des New Yorkais de race noire ou latinophones. Selon une étude de ProPublica menée dans trois cours de districts en Ohio, les résidents de race noire étaient « au moins quatre fois plus susceptibles d’être accusés d’avoir enfreint la consigne de rester à son domicile que les résidents de race blanche. »

Au Canada, le problème des pratiques d’intervention policière excessive et discriminatoires à l’endroit de la population canadienne de race noire existe depuis fort longtemps. L’exemple récent du recours aux politiques visant à « carter » injustement les personnes noires par les services de police à Toronto illustre ce problème.

Les politiques visant à « carter », qui ont depuis été abolies, conféraient aux policiers le droit d’arrêter et d’interroger tout citoyen de même que de recueillir leurs renseignements personnels. Les Torontois de race noire ont subi de mauvais traitements en raison de ces politiques. Une analyse de 2014 présentée par le Toronto Star a révélé que malgré le fait que les personnes de race noire ne représentent que 8 % de la population de la ville, environ 27 % de tous les incidents où un individu a été carté à Toronto après juillet 2013 visait des gens de race noire.

D’ailleurs, exiger les preuves d’identité d’une personne ne constitue qu’un des nombreux moyens dont les corps policiers se servent pour cibler les Canadiens de race noire. Un rapport de 2018 de la Commission ontarienne des droits de la personne a établi qu’« Entre 2013 et 2017, les personnes noires étaient près de 20 fois plus susceptibles que les personnes blanches d’être abattues lors d’une fusillade par des agents du service de police de Toronto. » Le rapport montre également « une surreprésentation des personnes noires dans les cas de recours à la force ayant causé des blessures graves ou la mort (28,8 %), des fusillades (36 %), des cas d’interaction mortelle (61,5 %) et des cas de fusillade mortelle (70 %). »

L’application des mesures de distanciation physique imposée par le gouvernement de l’Ontario permet aux membres des forces policières d’arrêter toute personne qui, d’après leur jugement, enfreint les mesures d’urgence liées à la COVID-19, ce que l’Association canadienne des libertés civiles compare aux pratiques visant à carter. « Il s’agit, dans le meilleur des mondes, de mesures imprudentes et dangereuses. Au bas mot, ces mesures peuvent être perçues comme la réapparition des politiques visant à carter la population afin d’enrichir une base de données avec les renseignements personnels des habitant·e·s de cette ville, en particulier les personnes issues des minorités visibles, les Autochtones, les sans-abri, les personnes atteintes de troubles mentaux ou marginalisées » a écrit la directrice du programme de l’égalité de l’organisme, Noa Mendelsohn Aviv.

Quoique les communautés noires font l’objet de zèle de la part des corps policiers, leurs membres manquent cruellement de ressources et gagnent un faible revenu, alors que plusieurs d’entre eux occupent des emplois peu rémunérés (fournissant en grande partie des services dits maintenant « essentiels ».). Étant donné qu’ils sortir de chez peux, ils augmentent leurs chances de croiser les services policiers.

Toute interaction avec les corps policiers peut s’avérer risquée, mais la pandémie accroît ce risque, car elle met les individus en contact étroit avec des agent·e·s ayant possiblement contracté la maladie. Les services de police de Toronto et de partout au Canada ont recensé des agent·e·s ayant été déclarés positifs à la COVID-19. À New York, on a répertorié 1 400 cas parmi le personnel du NYPD.

Non seulement de telles mesures sont dangereuses et racistes, les criminologues doutent de l’efficacité des amendes concernant l’application des mesures de distanciation physique, affirmant que celles-ci sont trop fondées sur la délation plutôt que la modification des habitudes des gens. En tout état de cause, les experts conviennent que des tests à grande échelle et la recherche des contacts constituent la meilleure solution pour freiner la propagation de la COVID-19, et non le ciblage inéquitable des groupes marginalisés.

Le 17 mars, l’Organisation internationale pour les migrations et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a annoncé qu’en raison de la pandémie de la COVID-19, tous les déplacements liés à la réinstallation des réfugiés seraient suspendus, notamment pour les réfugiés parrainés par le gouvernement et ceux parrainés par le secteur privé du Canada.

La suspension de la réinstallation, ainsi que les directives de rester chez soi et les fermetures des frontières ont d’importantes conséquences pour les réfugiés qui, par définition, ont été contraints de quitter leur pays d’origine pour trouver la sécurité. Pour de nombreux réfugiés qui vivent depuis des années dans des camps ou dans des centres urbains, la réinstallation est un outil indispensable qui permet aux familles et aux personnes de retrouver une certaine stabilité dans leur nouveau pays. Le Canada, un chef de file mondial dans le domaine de la réinstallation, avait l’intention d’accueillir plus de 30 000 réfugiés en 2020. Toutefois, depuis le début de l’année, ce sont moins de 10 000 réfugiés qui ont été réinstallés dans le monde.

Bien que certains médias de droite laissent entendre que les réfugiés constituent un fardeau économique trop important, les recherches indiquent que les pays ont tendance à bénéficier de retombées économiques une fois que les réfugiés sont réinstallés. Par ailleurs, le Canada pourrait ne pas respecter ses obligations internationales si le pays refoule les demandeurs d’asile qui arrivent à la frontière en quête de sécurité.

Les premières politiques mises en œuvre pour endiguer la pandémie interdisaient l’entrée à tous les demandeurs d’asile qui tentaient de venir au Canada, mais une politique plus récente prévoit certaines exceptions : certains demandeurs d’asile peuvent entrer au Canada à partir des États-Unis en passant par les postes frontaliers officiels et à condition d’être mis en quarantaine pendant 14 jours dans les chambres d’hôtel réservées par l’Agence des services frontaliers du Canada. Cette exemption s’applique seulement dans certains cas, par exemple lorsque les demandeurs ont de la famille proche au Canada ou s’ils font face à la peine de mort dans leur pays d’origine.

Avant le début de la pandémie, les demandeurs d’asile pouvaient également entrer au Canada en empruntant des passages non autorisés, comme celui du chemin Roxham entre le Québec et l’état de New York et présenter une demande d’asile une fois au Canada. Maintenant, les réfugiés qui empruntent ces passages non autorisés sont refoulés aux États-Unis où ils risquent d’être renvoyés dans leur pays d’origine.

Le Conseil canadien pour les réfugiés a jugé cette nouvelle interdiction à la fois « dommageable et inutile ». Pour sa part, Amnesty International a déclaré que cette mesure allait à l’encontre des droits des réfugiés demandant l’asile et a rappelé les obligations du Canada en vertu de la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés. Certains défenseurs des droits ont même soutenu que le gouvernement canadien pouvait s’exposer à des poursuites juridiques pour ne pas avoir respecté le principe de « non-refoulement », selon lequel les réfugiés ne peuvent pas être renvoyés dans un pays où ils feront face à la persécution ou à la torture.

Le révérend Scott Jones, directeur général de la Micah House, un centre d’accueil pour réfugiés à Hamilton en Ontario, affirme avoir remarqué une réduction notable du nombre de demandes reçues par son organisme, ce nombre passant de quelque 60 à 70 demandes pendant un mois normal à moins de 10 demandes depuis que la pandémie a commencé. La Micah House accueille des réfugiés et des demandeurs d’asile pour de courts séjours et les aide à se réinstaller, en plus d’avoir accès aux autres services.

Même les services pour les réfugiés et les demandeurs d’asile qui sont déjà au Canada ont été restreints. Le gouvernement canadien a demandé aux fournisseurs de services de réinstallation de « se concentrer sur les services d’établissement et de réinstallation essentiels » seulement. Par ailleurs, les rendez-vous en personne auprès de la Commission de l’Immigration et du statut de réfugié du Canada, commission d’examen qui évalue les demandes de résidence permanente de certains réfugiés, ont été temporairement suspendus.

Pour l’instant, les clients de la Micah House sont dans l’impasse, alors que de nombreux services de réinstallation, comme le début de la scolarité et l’accès au logement, ne sont pas disponibles. Jusqu’ici du moins, ils ont réussi à rester en bonne santé. Alors que la COVID-19 a atteint plus de 600 personnes à Hamilton, la Micah House a réussi à éviter tout cas positif dans son établissement. Les réfugiés d’autres centres n’ont pas eu cette chance.

Le Centre Willowdale Bienvenue de Toronto est l’établissement qui a connu la plus importante éclosion de COVID-19 dans le système de refuges de la ville, qui compte 72 autres établissements. Selon le rapport du Toronto Star, plus d’une douzaine de membres du personnel et 185 clients de Willowdale ont été testés positifs à la COVID-19. Jusqu’à présent, aucun décès lié au coronavirus n’a été signalé.

En plus des effets de la COVID-19 sur la santé, les réfugiés du Canada doivent composer avec les effets psychologiques de l’isolement. Dans un nouveau pays, parfois sans même parler le français ou l’anglais, loin de leurs réseaux de soutien et souvent après avoir vécu un traumatisme important, les réfugiés sont déjà dans une situation vulnérable. Ajoutez à cela les mesures de confinement et l’isolement dans un milieu qu’ils ne connaissent pas bien, les effets peuvent être plus graves encore.

« Je sais qu’au moins plusieurs de nos clients souffrent assez considérablement de cette situation. Ils sont déjà confrontés aux barrières linguistiques et culturelles et ils ne peuvent pas communiquer avec leur famille » mentionne M. Jones. « Pour eux, c’est un problème de plus ».

Le Canada a non seulement la responsabilité juridique et morale d’aider ces groupes de personnes, mais il devrait également en tirer le bénéfice. Contrairement à certains discours de droite qui considèrent les réfugiés comme un fardeau économique, les recherches démontrent que les nouveaux arrivants représentent en fait un avantage net positif sur le plan économique.

Une étude récente qui a suivi des nouveaux arrivants dans 15 pays d’Europe occidentale pendant 30 ans a révélé que l’intensification de l’immigration « augmentait de façon significative le PIB par habitant, réduisait le chômage et améliorait l’équilibre des finances publiques » et que « les dépenses publiques supplémentaires, généralement considérées comme le « fardeau des réfugiés » étaient largement compensées par l’augmentation des recettes fiscales ».

Jones explique que « les nouveaux arrivants au Canada sont plus susceptibles de travailler dans les services essentiels, en particulier pendant les premières années qui suivent leur arrivée au pays, ce qui les expose davantage aux risques liés à la COVID-19. « Ils travaillent dans les abattoirs, dans les champs, dans les serres, ils sont chauffeurs de taxi ou occupent d’autres postes similaires. Il s’agit d’un groupe de personnes encore plus susceptibles d’être marginalisées », précise-t-il.

À mesure que la pandémie progresse, le Canada a l’occasion de consacrer davantage de ressources à ce groupe défavorisé et de respecter ses obligations internationales. D’ici là, la situation des réfugiés à l’échelle mondiale demeure incertaine : l’ONU a déclaré qu’elle lèvera les restrictions de déplacements liés à la réinstallation, « dès que la situation et les moyens logistiques le permettront ». Pour l’heure, aucun plan n’a encore été annoncé.