POUR DIFFUSION IMMÉDIATE

Toronto (Ontario)

Le pourcentage de résidentes et résidents permanents qui obtiennent la citoyenneté canadienne a chuté depuis 2001, comme l’attestent les nouvelles données de Statistique Canada obtenues par l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC).

En dépit des efforts menés par le Canada pour attirer un nombre croissant de nouveaux arrivants, la proportion d’immigrants qui se saisissent de l’occasion pour devenir Canadiennes ou Canadiens est en chute libre. Les données recueillies durant le recensement de 2021 révèlent que seuls 45,7 % des résidents permanents obtiennent leur citoyenneté canadienne dans les dix ans qui suivent leur arrivée, alors qu’ils étaient 60 % en 2016 et 75,1 % en 2001. Cela représente une chute de 40 % de l’obtention de la citoyenneté en vingt ans.

Ces chiffres ont été communiqués par Statistique Canada à l’ICC dans le cadre des recherches en cours sur le déclin des taux de citoyenneté.

«Que la proportion de nouveaux arrivants à obtenir la citoyenneté canadienne soit passée de 75 % à seulement 45 % est tout à fait choquant,» a déclaré Daniel Bernhard, chef de la direction de l’ICC.

«Que la proportion de nouveaux arrivants à obtenir la citoyenneté canadienne soit passée de 75 % à seulement 45 % est tout à fait choquant”

Daniel Bernhard, chef de la direction de l’ICC.

Cette réalité va à l’encontre de tout ce que nous avons tendance à penser quant au fait que le Canada serait un pays accueillant, a-t-il commenté. S’il est vrai que cette réalité soulève toutes sortes de questions auxquelles il sera difficile de répondre, elle montre surtout qu’il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme. L’avenir du Canada dépend de la capacité des nouveaux arrivants à devenir Canadiens et à mettre leur énergie et leurs talents au service de notre réussite collective. Le fait que les nouveaux arrivants se désintéressent de la citoyenneté canadienne devrait nous alarmer au plus haut point, sachant que pendant des décennies elle était très convoitée. »

« Le déclin du taux de citoyenneté pourrait nuire à la résilience économique, sociale et démocratique du Canada à long terme, a pour sa part expliqué George Carothers, directeur principal du programme Idées et perspectives de l’ICC. Les immigrants ne font pas seulement partie de la force de travail du pays ; ce sont aussi de futurs électeurs et dirigeants locaux. Ce qui est certain, c’est que l’avenir de la démocratie canadienne est étroitement lié à la résolution de ce problème. L’ICC met tout en œuvre pour connaître les causes de l’effondrement apparent de la valeur marchande que constitue la citoyenneté canadienne. Nous invitons tous les Canadiens qui s’impliquent dans la vie du pays à se joindre à nous.

Il est naturel que nous voulions que les gens qui apportent leur contribution à la prospérité du pays y restent et en deviennent citoyens, » a-t-il conclu.

Il est naturel que nous voulions que les gens qui apportent leur contribution à la prospérité du pays y restent et en deviennent citoyens»

George Carothers, directeur principal du programme Idées et perspectives de l’ICC

Grâce à son programme Canoo, l’ICC est en relation avec près d’un demi-million d’immigrants récents. Il travaillera avec eux au cours des mois à venir afin de mieux saisir les causes profondes de ce déclin choquant.

Pour en savoir plus : Tendances du taux de citoyenneté chez les nouveaux immigrants au Canada – de 1991 à 2016 (Statistique Canada, 2019)

À propos de l’ICC

L’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC) s’emploie à ouvrir le Canada aux nouveaux arrivants, en facilitant et en promouvant leur cheminement vers l’obtention d’une citoyenneté canadienne intégrale et active. L’ICC est un organisme caritatif indépendant, cofondé en 2006 par la très honorable Adrienne Clarkson et John Ralston Saul.

Communications avec les médias

Alex Nanoff
613.709.6318
media@inclusion.ca

Nous partageons cette de chagrin, de colère et de douleur qui déferle à la suite des attaques racistes anti-asiatiques d’Atlanta, et nous ajoutons nos voix aux nombreux autres affirmants ce qui est évident, mais qui mérite d’être répété : le Canada n’est pas à l’abri de cette haine. 

Les crimes contre les Asiatiques sont en hausse depuis la première vague de COVID-19. Or, ce problème n’est pas nouveau. Le racisme antiasiatique au Canada est inscrit dans nos lois et nos livres d’histoire. 

Chaque Canadien a le pouvoir de nommer ce passé, de sorte que nous ne le répétions plus. Nous pouvons tous prendre la parole, en ligne, avec nos amis et notre famille, ou même comme témoins dans la sphère publique, lorsque nous constatons des actes de racisme anti-asiatique. Nous pouvons toutes et tous soutenir les Sino-canadiens et faire connaître leurs voix et leur histoire. Ensemble, nous pouvons agir. 

À l’Institut pour la citoyenneté canadienne, nous croyons qu’il est possible de bâtir un pays qui reflète bien les valeurs canadiennes : la diversité, le multiculturalisme et l’égalité. Nous croyons que le Canada est un pays pour chaque membre de sa population, et qu’ensemble, nous pouvons créer un Canada plus inclusif.

Lisez, regardez, écoutez, apprenez, exprimez-vous, fessez un don, et votez.

Le prochain recensement du Canada aura lieu en mai 2021. Statistique Canada embauche environ 32 000 personnes pour dénombrer toutes les personnes au Canada. Toutes les personnes travaillant au Recensement de 2021 offriront une contribution durable au Canada.

À titre de membre de l’équipe de la collecte des données, vous aiderez à faire du Recensement de 2021 un succès. Ces emplois consistent à communiquer avec les résidents des collectivités urbaines, rurales et éloignées partout au Canada pour s’assurer qu’ils remplissent leur questionnaire du recensement. Dans le contexte actuel de la COVID-19, nous nous engageons à assurer la sécurité de nos employés en tout temps.

Postes offerts au Recensement de 2021

Des postes de supervision et des postes sans fonctions de supervision sont offerts. Les emplois au recensement sont des postes à court terme dont la fonction consiste à recueillir les questionnaires du recensement auprès des résidents de votre collectivité. Les dates de début et de fin d’emploi varient selon le poste et le lieu de travail, mais se situent dans la période allant de mars à juillet 2021.

Chefs d’équipe (superviseurs) : En tant que chef d’équipe, vous formerez, superviserez et motiverez une équipe d’agents recenseurs.

Le taux de rémunération des chefs d’équipe est de 21,77 $ l’heure, en plus des dépenses admissibles.

Agents recenseurs : En tant qu’agent recenseur, votre responsabilité principale sera de remplir les questionnaires du recensement avec les résidents.

Le taux de rémunération des agents recenseurs est de 17,83 $ l’heure, en plus des dépenses admissibles.

Les candidats doivent répondre aux exigences suivantes :

Voici les étapes du processus d’embauche :

Nous ne communiquerons qu’avec les candidats qui réussissent chaque étape, et ces candidats passeront à l’étape suivante du processus d’embauche.

Postuler en ligne

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le travail au Recensement de 2021, consultez la page Emplois au recensement du site Web du recensement.

L’Institut pour la Citoyenneté Canadienne et 6 degrees se sont associés aux Services Culturels du Consulat de France à Toronto pour présenter le Dialogue France-Canada: Espaces démocratiques, questionnant la relation contemporaine entre les espaces publics et la démocratie. 6 Degrees tient également à remercier Knowledge Partners Canadian Urban Institute et 8 80 Cities pour leur soutien.

L’espace urbain est l’endroit où nous vivons. Cela a un impact sur notre vie quotidienne: la manière dont nous interagissons, travaillons, voyageons, achetons et plus encore. Il représente la place publique dans laquelle nous nous réunissons, débattons et unissons nos forces et nos voix en tant que membres d’une communauté.

D’une privatisation croissante de l’espace aux réalités du COVID-19, nous avons discuté de la façon dont notre capacité à se rassembler évoluent et de la manière dont nos espaces partagés doivent changer pour que nos communautés restent fortes.

Nous avons examiné la manière dont les infrastructures et la planification racistes, classistes et inéquitables affectent notre quotidien et notre capacité à participer pleinement à la vie civique. Nos besoins collectifs évoluent. Alors, de quel type d’espace urbain avons-nous besoin pour favoriser le meilleur de notre démocratie dans cette nouvelle ère?

Avec:

– Allocution de l’ambassadeur de France au Canada, Kareen Rispal
– Modératrice: : Amanda O’Rourke, directrice exécutive de 8 80 Cities (Canada)

Les conférenciers

– Habon Ali, étudiant en santé mondiale et bâtisseur communautaire (Somalie/Canada)
– Michael Redhead Champagne, Organisateur communautaire, personnalité publique (La Première Nation de Shamattawa/Winnipeg/Canada)
– Angèle De Lamberterie, Géographe et urbaniste, Chargée du développement de Plateau Urbain (France)
– Yoann Sportouch, Urbaniste, rédacteur en chef du webmagazine “Lumières de la Ville”, fondateur de l’agence de prospective urbaine LDV Studio Urbain (France)

Points clés à retenir

Les espaces publics sont essentiels au processus démocratique. Les espaces publics jouent le rôle d’intermédiaire entre le peuple et l’État. C’est là que nous nous réunissons pour exprimer nos points de vue, soulever nos plaintes et travailler collectivement pour trouver des solutions. C’est dans ces espaces que la société peut se rassembler mais seulement s’ils sont accessibles à tous. Bien que ces espaces puissent exister numériquement – et existent effectivement – ils doivent être complétés par des espaces physiques intégrés dans nos communautés.

La conception des espaces publics doit être éclairée par les besoins de la communauté. Trop souvent dans le développement des espaces publics, les besoins de la communauté sont ignorés, mal jaugés voire éclipsés par les intérêts privés. Pour qu’un espace public renforce une société, il doit être conçu en consultation franche et approfondie avec la communauté qu’il sert, et avec un véritable effort pour réaliser la vision que la communauté exige. Pour être réellement publiques, ces consultations doivent également permettre la participation de ceux qui sont le plus souvent marginalisés.

Les besoins de la communauté ne sont pas statiques. Comme le démontre la crise du COVID-19, nous ne pouvons pas prédire toutes les manières dont l’espace public pourrait être nécessaire à l’avenir. Nos espaces doivent donc être flexibles, accommodants et nombreux pour répondre aux besoins dynamiques des communautés à mesure qu’ils se présentent.

Pour soutenir la démocratie, nous devons avoir des espaces publics qui facilitent le dialogue et la collaboration entre des personnes diverses. Le simple accès à un espace public physique ne suffit pas. De nombreux espaces accessibles au public sont conçus autour de la consommation, du transport ou des loisirs, mais pas du dialogue. La conception et la gestion d’un espace démocratique doivent favoriser la construction de réseaux et l’échange d’idées. Souvent, les personnes les plus marginalisées sont aussi celles qui se sentent le moins soutenues par nos démocraties, tout en étant également confrontées aux plus grands obstacles à la participation. Nous avons la responsabilité de veiller à ce que leurs voix soient entendues. Nous devons être proactifs dans la création de structures, à la fois physiques et philosophiques, pour inclure de manière significative ceux qui sont les plus marginalisés dans nos conversations publiques. Nous devons favoriser l’appartenance à ces espaces et pas seulement leur accès.

Les succès dans les espaces publics peuvent être reproduits et partagés. Bien que les exigences en matière d’espace public diffèrent selon les zones géographiques, les réussites peuvent être reproduites, répétées et mises à l’échelle d’autres environnements. Les communautés y sont attentives. Les urbanistes y sont attentifs. Nous avons tous l’occasion de montrer l’exemple en créant des espaces publics inclusifs, démocratiques et axés sur la communauté.

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En cette période où les forces de l’exclusion, de la discrimination et de la haine continuent de prendre de l’ampleur partout dans le monde, nous devons choisir l’inclusion comme pilier du monde que nous voulons créer. Lors de notre tout premier forum virtuel 6 Degrees, nous avons entendu des présentateurs et des présentatrices de partout dans le monde – et de nos communautés – nous expliquer comment aborder les crises qui s’entremêlent actuellement, comment sortir de la pandémie de sorte que notre société soit plus équitable et dans quelle mesure les mouvements pour la justice raciale et sociale qui ont émergé dans le monde peuvent stimuler un changement significatif.

Voici ce que nous avons appris, les mesures que vous pouvez prendre et comment vous pouvez vous connecter à notre réseau.

[icc_block_quote quote=”Nous avons l’obligation et la responsabilité de faire tout est ce qui en notre pouvoir pour améliorer notre société.” author=”L’honorable Murray Sinclair” border_colour=”#000000″]

Trois choses que nous avons apris

Le racisme, l’âgisme, la misogynie et l’inégalité empoisonnent nos sociétés, et ces problèmes ont été mis à nu lors de la pandémie de COVID-19. Les changements dont nous avons besoin – en matière de justice, de réconciliation et de mise en place d’institutions fiables (et dignes de confiance) – ne se feront pas du jour au lendemain. Il faudra redoubler d’optimisme, de détermination, d’imagination et de travail. Nous avons déjà vu comment cette pandémie a inspiré des efforts encourageants pour le changement. Lorsque vous avez besoin d’inspiration, pensez aux jeunes qui font partie de votre vie – dans votre famille, dans votre cercle d’amis et dans votre quartier – et au genre de société que vous voulez leur laisser.

[icc_block_quote quote=”Que fais-je aujourd’hui pour améliorer la vie de la septième génération?” author=”Roberta Jamieson” border_colour=”#000000″]

Nous devons redoubler d’efforts afin de ne laisser personne derrière. Trop souvent, nos politiques, nos institutions, et même nos mouvements progressistes ont profité davantage à certaines personnes et en ont laissé d’autres en plan. Pour faire en sorte que des voix diverses soient entendues et que chacun ait la possibilité de s’épanouir, nous devons continuer à nous connecter, à échanger des idées, à nous comprendre les uns les autres et à travailler ensemble. Nous avons été témoins de notre potentiel à être solidaire dans la foulée de la pandémie de COVID-19, et nous devons poursuivre sur cette lancée.

Pour opérer un changement systémique, nous avons besoin d’une armée de personnes éthiques, imaginatives et enthousiastes sur tous les fronts. Nous avons besoin que les gens utilisent leur voix, leur vote et leur argent pour exiger que les personnes qui sont au cœur du système travaillent pour un réel changement, tout en célébrant ces changements positifs. Mais cela n’est pas suffisant. Les institutions du pouvoir, et les cultures qu’elles prônent, ne sont pas faites pour être ébranlées, même lorsque la société le demande. Pour surmonter cette inertie et les injustices sur lesquelles reposent de nombreux systèmes, nous avons également besoin d’alliés « à l’intérieur » du système, qui sont capables de le reconnaître lorsque les structures critiques sont défaillantes, et qui ont la créativité et l’énergie nécessaires pour les remplacer par quelque chose d’entièrement nouveau. Que ce soit depuis l’intérieur ou depuis l’extérieur, nous avons besoin de votre participation. Maintenant.

[icc_block_quote quote=”Il existe une certaine fascination pour le peuple, pour les masses, mais je dois faire preuve d’audace sur ce point, nous devons saisir le pouvoir. ” author=”Renata Ávila” border_colour=”#000000″]

Voyez grand. La crise aux multiples facettes qui sévit actuellement est en partie due à un manque d’imagination. Nous devons voir grand pour faire de grands changements. Nous devons mûrir notre réflexion pour opérer des changements audacieux. Répondez à cette crise avec ambition, pas en reculant.

Interrogez-vous sur le rôle que vous jouez dans le maintien de systèmes néfastes. Le racisme systémique va bien au-delà des milices d’extrême droite et des torches tiki. Les personnes bien intentionnées peuvent contribuer et contribuent effectivement au racisme systémique de manière complexe. Approfondissez votre compréhension. Écoutez les opprimés.

Fixez-vous des objectifs, petits et grands, et célébrez vos victoires. Le progrès est source de motivation. Définissez des objectifs clairs et assurez-vous de couronner vos réussites en cours de route.

Ne faites pas cavalier seul. Il n’y a pas de changement sans douleur. Comme nous l’a rappelé l’honorable Murray Sinclair, il est important de mettre en place un système de soutien personnel pour protéger sa propre santé mentale et physique.

Soyez présent, soyez présent, soyez présent. Trouvez des moyens d’être un allié, et passez à l’action. Découvrez comment vous pouvez dépasser les croyances et la rhétorique pour passer à l’action et laisser vos marques. Répétez.

Connaissez vos droits. Vos droits sont consacrés pour une raison. S’ils sont enfreints, vous avez le devoir de les protéger et de les faire valoir. Pas seulement pour vous, mais aussi pour votre communauté et pour les générations futures.

Présentez-vous aux élections. Bien qu’elles soient imparfaites, nos institutions politiques sont de puissants outils de changement. Un homme politique, bien que faisant preuve de la plus grande éthique, ne réussira pas à changer le monde, mais qu’en est-il de 100 hommes? De 1 000? De 10 000? Soyez un des leurs.

Agissez maintenant. Littéralement maintenant. Accomplissez un petit geste dans l’heure qui vient pour faire un grand pas sur la voie de l’inclusion. Découvrez ce que cela implique de présenter sa candidature à une fonction locale. Trouvez une bonne ressource sur l’histoire autochtone et/ou coloniale de votre région. Trouvez une organisation qui partage vos valeurs et dont vous souhaitez soutenir le travail. Nous ne pouvons pas attendre la fin de la pandémie pour commencer à créer une société plus juste et plus équitable. Commencez maintenant.

Lisez les rapports de la Commission vérité et réconciliation dirigée par le sénateur Murray Sinclair, parcourez les 94 appels à l’action et écoutez la Dre Yvonne Poitras Pratt de l’Université de Calgary expliquer l’importance de la Journée du chandail orange, qui reconnaît les survivants des pensionnats du Canada.

Dans son nouveau livre, Michael Sandel explore la question centrale de notre époque : Qu’est devenu le bien commun? The Tyranny of Merit est disponible dès maintenant!

Future of Good a pour mission de trouver et de célébrer des projets canadiens locaux qui aident les communautés #BuildBackBetter à mieux vivre pendant une décennie florissante. Cliquez ici pour partager un projet.

Freidrich Ebert Stiftung s’est associé à CuriosityConnects.us pour réunir des personnes issues du large éventail politique et de tous les États-Unis pour des conversations sur l’actualité et l’identité. Regardez les extraits vidéo de Looking for America.

Écoutez le podcast Economics and Beyond. Chaque semaine, Rob Johnson parle de questions économiques et sociales avec un invité qui n’était probablement pas sur votre liste de lecture d’Econ 101, des musiciens aux économistes rebelles en passant par les activistes.

Lisez TwentyThirty, un magazine en ligne présenté par la Fondation BMW Herbert Quandt. Il met en lumière les défis sociaux, politiques et environnementaux auxquels nous sommes confrontés et présente des dirigeants responsables inspirants qui s’efforcent de les résoudre.

Lisez IndigiNews, un bénéficiaire de la Inspirit Foundation qui vise à démystifier les stéréotypes sur les communautés autochtones perpétués par les médias.

Téléchargez le carnet d’urbanités conçu par l’équipe de Studio LDV Urbain. Cet outil réunit des exemples novateurs destinés aux professionnels de la fabrique urbaine, pour dynamiser les villes!

Indigitization est un programme visant à promouvoir et à offrir la possibilité de numériser les connaissances dans les communautés autochtones. Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre des groupes autochtones de la Colombie-Britannique et des partenaires universitaires, soit l’University of British Columbia (UBC) et l’University of Northern British Columbia (UNBC). 

C’est en 2012 que le programme Indigitization est mis en œuvre. Au cours des huit dernières années, l’équipe multidisciplinaire a développé des protocoles et des politiques d’accès appropriés sur le plan culturel, préparé des trousses d’outils accessibles et créé une subvention permettant de numériser les connaissances des Premières Nations de la Colombie-Britannique, en tout respect de leur réalité. Indigitization se sert des commentaires reçus pour adapter ses travaux en continu. L’équipe a aussi demandé à des participant·e·s du programme d’agir à titre de partenaires pour l’événement Indigitization Futures Forum tenu en 2016. 

Nous avons discuté avec Gerry Lawson de ce modèle unique en son genre alliant patrimoine culturel, pratiques d’information culturellement appropriées et développement communautaire durable.

Julia  Matamoros 

Partnerships Officer

Commençons par mettre le tout en contexte. Pourquoi le programme Indigitization a-t-il été créé et à quels besoins ou lacunes vient-il répondre? 

Lorsque le projet pilote a démarré, très peu de numérisation était effectuée dans les organismes des Premières Nations, même si le besoin était criant. Certains organismes communautaires faisaient de la numérisation, mais il leur était impossible de savoir s’ils respectaient les pratiques exemplaires en matière de numérisation. Les organismes dans les communautés possèdent de modestes ou de très vastes collections d’enregistrements du patrimoine culturel, et ce, dans presque tous les formats possibles et imaginables. C’était presque unanime : les communautés sentaient que ces enregistrements étaient trop précieux pour les confier à une organisation externe. À cette époque, il n’y avait que très peu de directives relativement aux pratiques de numérisation et le financement était généralement insuffisant pour cette tâche. 

Le financement offert aux organismes de conservation de la mémoire était bien souvent soit non disponible, soit non approprié aux collections des communautés des Premières Nations. Ces programmes de financement nous obligeaient par ailleurs à adopter des pratiques onéreuses et à fournir un accès libre complet au contenu numérisé. Sur le plan éthique, presque aucune collection de connaissances des communautés autochtones ne pouvait devenir totalement accessible. En plus des contraintes imposées par le régime occidental de propriété intellectuelle, le savoir autochtone est assujetti à des protocoles d’accès culturel distincts pour chaque communauté. Bien souvent, ces protocoles n’avaient pas été mis en place pour gérer la sphère numérique.

Qui plus est, la plupart des directives sur les pratiques exemplaires de numérisation audio étaient rédigées dans un jargon hautement technique et plusieurs d’entre elles étaient désuètes quant à l’équipement minimum requis. Bref, l’équipement requis n’était pas disponible, les documents n’étaient compréhensibles de personne hormis des expert·e·s du domaine et les « pratiques exemplaires » ne cadraient pas avec ce que l’on pourrait appeler de « pratiques actuelles ». Les gestionnaires des collections dans les communautés se trouvaient donc bloqués, aussi bien par un manque de financement que par le manque de clarté des directives pour aller de l’avant. 

Comment le programme Indigitization résout-il ces problèmes?

Dans le cadre du projet pilote de 2012, nous avons développé une trousse de numérisation de cassettes audio tout-en-un extrêmement facile à assembler. Le manuel d’instructions (presque totalement) exempt de jargon technique qui accompagne cette trousse permet aux petites organisations de planifier leur projet de numérisation et de suivre une méthodologie étape par étape pour l’évaluation de la condition et la numérisation aux fins de préservation. L’Irving K Barber Learning Centre (IKBLC), qui a financé le projet pilote initial, a courageusement réinvesti dans le projet pour faire de ces trousses un programme continu d’octroi de subventions. 

Nous avons pu mettre en place un processus de financement qui n’oblige pas les organisations des Premières Nations à rendre leurs enregistrements accessibles au public. Nous demandons aux communautés d’utiliser leurs collections numérisées comme base pour établir des politiques d’accès appropriées sur le plan culturel. La subvention inclut également une formation technique ainsi qu’un soutien en continu pour toute la durée de leur projet. Nous avons été en mesure d’adapter les paramètres de subvention d’un cycle à l’autre et de l’améliorer en continu afin de répondre aux besoins en capacité technique de ces organisations.

En quoi ce programme est-il unique en son genre? 

Je crois que notre programme se distingue par les personnes mêmes qui y ont travaillé. Même si l’initiative s’apparente à une collaboration purement universitaire avec l’UBC, ce projet a en fait pris racine dans la communauté. 

Notre équipe de base est restée très axée sur les besoins en constante évolution des communautés autochtones. D’autres personnes et organisations ont pu se joindre à nous et faire évoluer le programme, et ce, sans perdre de vue nos objectifs fondamentaux.

Les personnes qui ont dirigé le processus de préparation de nos guides et les membres de la direction du programme ont tous et toutes de l’expérience de travail directement dans des organismes communautaires. La première coordonnatrice du projet Indigitization, Mimi Lam, qui a préparé plusieurs des guides, a acquis la majorité de son expérience au sein de l’organisme Union of BC Indian Chiefs. C’est là d’ailleurs que j’ai moi-même développé mes pratiques de numérisation. Sarah Dupont, une femme d’origine métisse qui a repris les rênes de la coordination après Mimi, a mis à profit son expérience de travail auprès d’expert·e·s communautaires pour développer la plupart des paramètres de subvention et des protocoles de nos ateliers de formation en personne. Sarah a également porté attention aux commentaires afin de toujours innover et améliorer le processus boursier à chaque étape. Erica Hernandez-Read, des Archives de l’UNBC, jouit de solides relations avec les communautés du nord et a contribué à en développer de nombreuses autres. Lisa Nathan, de l’iSchool de l’UBC, a mis à profit sa grande éthique de travail avec les étudiants dans ce projet. Plus récemment, nous avons accueilli Kayla Lar-Son qui a pris la relève de Sarah comme coordonnatrice du programme. Sarah gère toujours de nombreux volets du programme Indigitization simultanément à ses tâches de directrice de la Xwi7xwa Library de l’UBC. Plusieurs étudiant·e·s ont abattu un travail véritablement durable dans le programme, grâce notamment aux leçons tirées de leur participation étudiante dans de précédentes activités financées. 

Le patrimoine culturel est si vaste : comment les communautés déterminent-elles ce qu’elles souhaitent numériser? 

Le patrimoine culturel est très large et c’est d’autant plus vrai dans les organisations des Premières Nations. Presque tous les enregistrements comportent du contenu associé à la langue, à la culture ou à l’histoire. Même des archives qui semblent banales, par exemple des enregistrements de réunions de conseils de bande, contiennent des prières, des chansons et des contes.

Certains organismes communautaires, comme les programmes ou écoles d’enseignement des langues, possèdent également des collections bien spécifiques. Ces collections contiennent parfois des enregistrements de groupes s’exprimant dans une langue en particulier, des entretiens avec des aînés ou des leçons de langue plus structurées. Dans l’ensemble, les communautés disposent de collections variées comportant une diversité de projets structurés de tradition orale, des enregistrements aux fins d’utilisation traditionnelle, des enregistrements de linguistes ou d’autres universitaires, de potlatchs ou encore de transmission des connaissances familiales. C’est exactement la raison pour laquelle Indigitization cible particulièrement le contenu du patrimoine culturel plutôt que des « cours de langues » ou certains autres thèmes plus pointus. 

Tous ces documents sont importants et nous voulons que chaque communauté décide de ses propres priorités. Les communautés se situent toutes à des étapes différentes par rapport aux défis de langue, de culture et de gouvernance qu’elles doivent relever. Chaque communauté s’attaque à ces défis selon des stratégies et priorités locales, qui auront les plus grandes retombées à long terme sur la santé de leur collectivité. C’est pourquoi les communautés sont les mieux placées pour décider du contenu qu’elles souhaitent numériser en priorité dans leurs collections.

Comment êtes-vous entré en contact avec les communautés au départ et comment ces relations évoluent-elles au fil de la collaboration dans le projet Indigitization? 

Pour les premières rondes de financement d’Indigitization, nous avons d’abord misé sur le bouche-à-oreille parmi nos relations et réseaux existants. Puisqu’il n’existait aucune ressource semblable à Indigitization au départ, plusieurs organismes autochtones qui étaient à la recherche de ce type d’aide étaient déjà prêts à embarquer. Au fur et à mesure que le programme gagnait en maturité, nous avons utilisé d’autres canaux pour rejoindre les gens, notamment des publicités payées dans les réseaux techniques autochtones et dans une station de radio du nord de l’Alberta. Les médias sociaux constituent aussi des vecteurs de plus en plus importants pour rejoindre nos partenaires des communautés.

Nous avons aidé plusieurs bénéficiaires de subvention, qui sont pour nous des partenaires, afin d’accroître leur capacité dans de nouveaux domaines ou former de nouvelles personnes. Nous avons également soutenu certaines de ces organisations en les aidant à obtenir des subventions d’autres organismes ou en leur rédigeant des lettres d’appui. Nous gardons le contact avec presque toutes les organisations avec lesquelles nous avons collaboré, à tout le moins de façon périodique. 

En 2016, nous avons organisé l’événement Indigitization Futures Forum. Il s’agissait d’un symposium regroupant 23 de nos ancien·ne·s partenaires et plusieurs de nos collègues de la gestion de l’information pour discuter des réussites et des lacunes quant à la numérisation du patrimoine culturel dans les communautés autochtones. Les discussions et les commentaires soulevés lors de cet événement nous ont aidé·e·s à planifier l’avenir du programme Indigitization.

Comment intégrez-vous de bonnes pratiques éthiques et culturelles dans votre travail? Était-ce un objectif dès le départ? 

Absolument, c’était un objectif dès le départ. Notre capacité à mettre en œuvre des pratiques culturelles appropriées nous venait de l’expérience personnelle des membres de l’équipe qui ont travaillé directement pour ou avec des organismes des communautés autochtones. Les membres autochtones de notre équipe contribuent également à une meilleure compréhension dans le projet, apportant des points de vue personnels sur les mécanismes de trauma et de perte culturels.

Des pratiques exemplaires en matière culturelle sont établies par les expert·e·s des communautés locales. Règle générale, je laisse de côté les pratiques inappropriées sur le plan culturel qui sont incluses dans nos guides, mais qui dominent le discours et les manières de fonctionner en numérisation. Notons par exemple les exigences très coûteuses à respecter pour l’admissibilité à du financement, l’accès complet obligatoire au contenu et l’adhésion au concept occidental de propriété intellectuelle qui ne reconnaît pas le droit des Autochtones à accéder à leur propre patrimoine culturel et à le contrôler. 

Dans le cadre du programme, nous adoptons plusieurs pratiques et protocoles dans nos communications et dans nos ateliers de formation qui permettent d’approfondir les relations avec les communautés. Ainsi, nos partenaires se sentent mieux accueilli·e·s et plus disposé·e·s à apprendre lorsqu’elles et ils visitent nos installations universitaires coloniales. 

Ayant agi à titre de directrice pendant la majeure partie de l’existence de notre programme, Sarah Dupont est celle qui s’est battue pour intégrer la plupart de ces pratiques. Par exemple, des représentant·e·s des communautés autochtones accueillent nos participants et contribuent au partage de connaissances lors des discussions dans les différents projets. Ou encore, des traiteur·euse·s autochtones se chargent de la plupart de nos repas communs. Les exemples sont nombreux, car c’est une préoccupation de premier plan lorsque nous planifions nos rassemblements.

 D’un côté, on trouve la numérisation de contenu en tant que tel et de l’autre, la gestion de l’information du patrimoine numérique au fil de sa croissance. Quelle est votre vision quant à l’accès et à l’utilisation de ce matériel? 

La gestion de l’information est un domaine extrêmement coûteux. Au début de notre projet, nous nous attaquions à un enjeu ciblé, mais essentiel, faisant partie d’un problème plus vaste. Le succès de la numérisation n’est possible que dans un certain cadre. Nous avons accès pendant un certain temps seulement à de l’équipement pouvant faire jouer ces formats et les médias eux-mêmes sont parfois endommagés avec l’âge. 

Actuellement, nous préparons des guides sur des formats assez courants comme le VHS, le Betamax et la bobine libre. Ces formats sont beaucoup plus complexes à numériser que la cassette audio. Nous préparons en ce moment d’autres ressources pour soutenir les processus de base de la gestion des collections. C’est le point de départ pour résoudre le problème plus large de gestion de l’information. Nous devons aussi tenir compte de la portée que nous souhaitons donner à notre programme. Nous n’avons pas à régler chaque problème distinct et de nombreux cas seraient mieux pris en charge par d’autres organisations ou équipes.

Quelles stratégies adoptez-vous pour que ces archives circulent?

L’un des plus importants systèmes de gestion de contenu (SGC) émergent est Mukurtu. Mukurtu est un SGC en source ouverte, qui vise à donner les moyens aux communautés autochtones de gérer et de partager leur patrimoine culturel de manière appropriée. À l’origine, il a été développé pour une communauté autochtone australienne, afin qu’elle puisse gérer l’accès à l’aide de protocoles locaux. Par la suite, ce système a pris de l’ampleur et il est maintenant possible de l’adapter aux protocoles locaux d’autres communautés autochtones. Ce système est loin d’être parfait, mais il est un véritable pionnier pour orienter des organisations communautaires vers des pratiques de gestion de l’information plus structurées. Michael Wynne, membre de l’équipe de Mukurtu, siège à notre comité directeur pour nous aider à mieux concerter nos efforts communs. 

 

Pensez-vous qu’Indigitization pourrait éventuellement collaborer avec d’autres partenaires que les universités ou avec d’autres secteurs en particulier? 

Le projet Indigitization est multidisciplinaire et intersectoriel dans son essence et il a toujours été ouvert à la collaboration lorsque les objectifs concordent. C’est une qualité essentielle pour la plupart des membres de notre équipe de savoir remettre en question certaines pratiques que l’on nous a apprises. De telles collaborations peuvent prendre la forme de partenariats structurels, par exemple, lorsqu’une nouvelle organisation intègre l’équipe d’Indigitization. Il peut aussi s’agir de partenariats temporaires, lorsque nous nous associons à un autre groupe pour développer de nouvelles ressources ou atteindre un nouveau public cible. La collaboration peut aussi demeurer informelle, où chaque organisation aide l’autre à atteindre ses objectifs sans engagement plus grand. 

Les Archives de l’UBNC sont un partenaire de longue date, tout comme le Sustainable Heritage Network de la Washington State University. Actuellement, nous développons de nouvelles relations de travail avec le First Peoples Cultural Council ainsi qu’avec des collègues de la Mount Royal University. Au fil de notre croissance, nous devons accroître notre capacité, particulièrement en ce qui concerne les outils éducatifs, le soutien aux systèmes de gestion de l’information et l’élargissement de la portée de nos ressources; c’est pourquoi nous serons appelé·e·s à établir des partenariats avec des organisations qui ont des objectifs semblables et qui sont bien positionnées pour relever ces défis.

 Cette entrevue a été modifiée pour des raisons de clarté et de longueur.

La COVID-19 a mis en lumière certaines des inégalités flagrantes qui existent au Canada en matière d’accès aux soins de santé. Les disparités qui caractérisent les déterminants sociaux de la santé comme le logement, l’alimentation, l’éducation et les niveaux de revenu empêchent la mise en place d’un système de soins de santé véritablement équitable. Parmi les personnes les plus touchées par ces inégalités comptent les Canadiens et Canadiennes racialisés, notamment les Noirs et les Autochtones.

Même lorsque les PANDC peuvent accéder aux soins dont ils ont besoin, ils se heurtent à un autre obstacle : le racisme ancré dans le système de santé, lié à un passé colonial, qui a des répercussions significatives sur le diagnostic, le traitement et la qualité des soins qu’elles reçoivent.

On n’a qu’à penser à la série d’incidents en Colombie-Britannique, signalés pour la première fois en juin dernier, impliquant des médecins et infirmières qui se sont livré à un « jeu » pour deviner le taux d’alcool dans le sang des patients autochtones reçus aux urgences. Ces situations ont entraîné l’ouverture d’une enquête et une condamnation de la part des groupes autochtones. Calqué sur l’émission télévisée « The Price is Right », le jeu consistait pour les participants, en l’occurrence le personnel soignant, à essayer de deviner le taux d’alcool exact des patients.

Un autre exemple est celui du décès en 2008 de Brian Sinclair, un Autochtone arrivé aux urgences d’un hôpital de Winnipeg, où il a été ignoré par le personnel pendant 34 heures jusqu’à ce qu’il finisse par succomber à une infection urinaire. Des employés de l’hôpital ont déclaré qu’ils pensaient que Brian Sinclair était ivre et qu’il « se reposait » dans la salle d’attente. En 2017, un groupe de médecins et d’universitaires a publié un rapport concluant que la mort de M. Sinclair était attribuable au racisme dont il a été victime en tant qu’Autochtone.

Ce ne sont là que deux des nombreux exemples de racisme antiautochtone enraciné dans notre système de santé et qui empêche les Autochtones d’accéder à des soins équitables. C’est ce racisme qui fait hésiter certains patients autochtones à se rendre dans une clinique ou à l’hôpital. D’ailleurs, un rapport de l’Institut Wellesley de 2015 a révélé que le racisme dans le système de santé « est si omniprésent que les gens élaborent des stratégies pour se prémunir contre le racisme avant de se rendre aux urgences ou, dans certains cas, évitent tout simplement de se faire soigner. »

Pour résoudre le problème du racisme ancré dans le système de santé, il faut, entre autres, accroître la diversité dans la profession médicale, notamment en faveur des médecins noirs et autochtones. Les écoles de médecine ont mis du temps avant de faire de la diversité une priorité, mais en 2019, les 17 écoles de médecine du Canada ont mis en œuvre un plan pour stimuler le recrutement d’étudiants autochtones en réponse aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.

Les Canadiens et Canadiennes noirs déclarent également être victimes de racisme dans le système de santé, et ne se sont jamais vus représentés parmi les médecins qui leur prodiguent des soins. Toutefois, des signes de changement existent : l’Université de Toronto rapporte un nombre record d’étudiants noirs admis au programme de médecine générale de sa Faculté de médecine pour le trimestre d’automne 2020.

« Il est important d’avoir plus de médecins noirs, car nous ne participons pas à la communauté médicale à la hauteur de notre poids démographique . Nous ne sommes pas représentés dans les soins de santé ou dans les équipes de direction dans les mêmes proportions que dans la société, principalement en raison des répercussions sociales complexes du racisme antinoir systémique », a déclaré dans une entrevue récente Onye Nnorom, médecin de famille et cheffe du dossier de la santé des Noirs à la Faculté de médecine de l’Université de Toronto. « Il faut faire plus : le nombre de médecins noirs en Ontario devra doubler pour être proportionnel à la population noire de la province », a-t-elle ajouté.

Selon l’organisme Black Physicians of Canada, la diversité dans la profession médicale a également pour effet de mieux servir les populations noires, car « les patients noirs sont plus susceptibles de se sentir à l’aise avec des médecins noirs et plus enclins à observer certaines mesures préventives prescrites par des médecins noirs ». Les médecins noirs sont également plus enclins à travailler dans les communautés noires, où les taux de certaines maladies chroniques ont tendance à être plus élevés et où les obstacles aux soins sont plus importants.

En même temps, les médecins noirs et autochtones, contrairement aux autres médecins, peuvent faire face à plusieurs obstacles, notamment les préjugés sur le lieu de travail, le manque de possibilités de mentorat et les obstacles à l’avancement – autant de facteurs susceptibles de rendre la pratique de la médecine plus difficile.

La résolution du problème du racisme dans le système de santé nécessitera une approche pluridimensionnelle et globale. D’autres solutions pourraient consister à améliorer la collecte de données fondées sur la race, à permettre aux médecins ayant une formation médicale étrangère d’obtenir un permis de travail au Canada, et à sensibiliser les personnes travaillant dans le domaine médical à l’histoire complexe de la colonisation au Canada. Pour un avenir véritablement équitable, même après la pandémie de la COVID-19, le Canada devra accepter ces changements et s’engager à adopter des pratiques antiracistes dans son système de santé à tous les niveaux.

L’Institut pour la citoyenneté canadienne et l’ambassade du Canada au Mexique ont participé au troisième d’une série de trois dialogues entre le Mexique et le Canada portant sur l’histoire riche et tumultueuse façonnée par la colonisation que partagent les deux pays. Nous avons abordé l’héritage du colonialisme, à la fois vaste et profondément ancré : du classisme et de l’inégalité économique au racisme et au tokénisme (pratique qui consiste à inclure des personnes des minorités pour donner l’illusion d’être inclusif).

Depuis longtemps, nous savons que ces systèmes doivent être démolis. Le projet est vaste, mais prend racine dans chacun de nous comme personne et dans les relations que nous établissons avec celles et ceux qui nous entourent.

En vedette

Présentateur : Ambassadeur Graeme C. Clark
Allocution de la très honorable Adrienne Clarkson
Animatrice : Juana Inés Dehesa
Invité·e·s : Kamal Al-Solaylee (Canada), El Jones (Canada), Judith Bautista Pérez (Mexique)

Principaux points 

Le colonialisme, plus particulièrement l’exploitation des terres et des personnes, a créé des inégalités aussi bien à l’échelle mondiale que nationale. D’emblée, plusieurs conviennent qu’il était nettement visible à « l’ère colonialiste » de l’Amérique du Nord, par l’assujettissement au grand jour des peuples autochtones, l’extraction des ressources et la traite des esclaves. Or, cette exploitation ne s’est pas éteinte au 19e ou au 20e siècle. Elle sévit encore aujourd’hui, dans nos vies quotidiennes.

Forgée au fil des 100 dernières années d’inégalités, l’exploitation des terres et des personnes se manifeste encore aujourd’hui dans les différences de statut politique, l’extraction des ressources ainsi que les dynamiques d’emploi. Les Autochtones, les personnes noires et les immigrants rencontrent tous des obstacles à leur participation citoyenne. Notons entre autres le refus explicite du droit de vote, parmi une variété de moyens visant à conserver le contrôle sur les terres et les ressources. À maintes reprises, au Canada comme au Mexique, les peuples autochtones ont lutté pour empêcher l’extraction sans leur consentement de ressources sur leur territoire – ou ses conséquences. Ces groupes sont depuis toujours représentés de manière disproportionnée – et mal payés – dans des rôles de subalternes ou en travail de première ligne (comme l’aborde le livre de Kamal Al-Solaylee, Brown), et assument les risques, la douleur et le danger de mort qui découle de ce type de travail à l’ère de la COVID-19.

Les hiérarchies raciales sont montées de toutes pièces, et cette construction est un élément essentiel à l’exploitation. La fluidité des hiérarchies raciales montre bien leur nature construite. Cette fluidité se manifeste non seulement dans l’interprétation variable qu’ont les différents milieux de l’origine ethnique d’une personne et du statut social associé à cette origine, mais aussi dans des groupes entiers de personnes, par exemple, les Irlandais dans l’Amérique du 19esiècle, qui ont vu leur position hiérarchique associée à leur origine évoluer au fil du temps. La construction de cette hiérarchie, la déshumanisation et la dépréciation de certains groupes de personnes, qui continuent aujourd’hui d’être inoculées en nous dès le plus jeune âge, ont toujours été des catalyseurs importants de l’exploitation permettant de justifier implicitement un traitement injuste et inéquitable, dont l’esclavage, le travail en servitude, l’exclusion politique, l’appropriation des terres et l’accroissement des plus graves conséquences environnementales du capitalisme crasse : la pollution et le réchauffement climatique.

Au Canada comme au Mexique, trop nombreux·euses sont ceux et celles qui entretiennent le mythe voulant que le racisme et l’exploitation fondée sur l’origine ethnique soient chose du passé, alimentant ainsi ignorance et inaction sur ces enjeux. Au Canada, bon nombre de gens regardent notre politique officielle de multiculturalisme, la comparent à ce qui se passe aux États-Unis, puis concluent que le racisme n’est pas un problème ici. Au Mexique, pour certains, puisque la proportion de métis est la plus grande dans la population (personnes d’origine mixte, habituellement européenne et amérindienne), le racisme n’existe pas. Dans les deux pays, une supposée méritocratie capitaliste (ignorant l’oppression passée) et les nominations politiques tokénistes de personnes noires, de couleur et autochtones servent certes à apaiser les esprits, mais échouent à véritablement assurer une justice raciale.

Ce que nous voulons, c’est la justice. Pour y parvenir, nous devons admettre que le colonialisme et le racisme infectent toujours nos sociétés modernes, puis agir en conséquence pour les éliminer. Nous devons reconnaître la dignité et la valeur inhérente de toutes les personnes et le fait que le colonialisme intériorisé en chacun de nous nous a amené à accepter depuis trop longtemps les inégalités et l’exploitation, voire, à en profiter. Nous devons anéantir les hiérarchies raciales qui existent dans nos esprits pour pouvoir établir une justice durable dans nos politiques, nos interventions et nos économies.