Le jour où le Canada est devenu une démocratie est indéniablement un moment décisif de notre histoire. Il y a 172 ans, un 11 mars, Lord Elgin, alors gouverneur général, a chargé Louis-Hippolyte LaFontaine de former un nouveau gouvernement. Pourquoi? Parce que la grande coalition des réformistes du Haut et du Bas-Canada avait remporté une nette majorité lors de l’élection de 1848. Pour la première fois de toute l’histoire de l’Empire britannique, force était d’admettre que le peuple, et non plus les pouvoirs impériaux, déciderait des personnes qui allaient former le gouvernement.
Le 11 mars 1848 représente ainsi l’une des dates les plus importantes de l’histoire canadienne. Celle-ci marque le début de ce qu’il conviendrait d’appeler le Canada moderne. Le début d’un gouvernement responsable au Canada, serait une autre façon d’exprimer que le11 mars représente une date marquante de l’idée désormais axiomatique voulant que la gouvernance ne soit convenablement assurée que par des représentants élus par les citoyens et non par les pouvoirs coloniaux. Voilà qui fut un moment décisif pour la démocratie représentative au Canada, marquant un tournant fondamental quant à ses modes de gouvernance et jetant les bases juridiques d’une société fondée sur l’inclusion et l’égalitarisme.
En mars 1848, un gouvernement réformiste, dirigé par Louis-Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin, que l’on appelait le « grand ministère », a pris le pouvoir de la Province unie du Canada (les territoires aujourd’hui connus comme étant l’Ontario et le Québec). Au cours des trois années durant lesquelles il a été au pouvoir, le gouvernement réformiste a jeté les bases juridiques de l’égalitarisme, instauré un système d’éducation publique et insisté sur une approche non violente de la politique. (Lorsque des manifestants ont incendié le Parlement de Montréal, le gouvernement a ordonné aux forces policières de ne pas ouvrir le feu sur la foule.) Comme l’a fait remarquer John Ralston Saul, auteur et cofondateur de l’ICC, ce fut une amorce assez « incroyablement atypique » de démocratie moderne au Canada, si l’on se réfère au climat politique discordant qui régnait à l’époque tant en Europe qu’aux États-Unis. L’inclusion, les restrictions, le débat, la représentation et l’égalitarisme constituant les préceptes d’une saine gouvernance, selon notre conception contemporaine des choses, furent établis par un improbable duo héroïque formé d’un catholique francophone et d’un protestant anglophone.
« La première loi adoptée par le grand ministère a donné lieu à une politique d’immigration canadienne conçue pour protéger les immigrants. Il s’agit là de la base de nos politiques actuelles sur les réfugiés, l’immigration et la citoyenneté, » affirme John Ralston Saul, qui a écrit une biographie sur les deux dirigeants. « LaFontaine et Baldwin ont montré, par leur exemple, que la démocratie au Canada ne fonctionne que si nous sommes prêts à mettre de l’avant de grandes idées et politiques renforçant l’égalitarisme et le bien public. »
En 2000, John Ralston Saul a créé la Conférence LaFontaine-Baldwin, un rendez-vous annuel en compagnie d’un grand intellectuel public. La Conférence qui rend hommage au legs de LaFontaine et Baldwin, réunit des Canadien·ne·s autour d’un débat et d’un dialogue dans l’esprit du bien public. Parmi les conférencier·ère·s y ayant déjà pris part, il y eut George Erasmus, Shawn A-in-chut Atleo, Son Altesse l’Aga Khan, Naomi Klein, Naheed Nenshi, Robert Lepage, Michael Sandel et Sue Gardner.
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