Entretien avec Claire Oliver de Danse Danse

02.11.2019

Claire Oliver, à gauche, est responsable du développement des publics de Danse Danse.

Danse Danse permet aux Montréalais·e·s de profiter du meilleur de la danse contemporaine locale et internationale depuis 1998. Son engagement à promouvoir la danse et son engouement a permis à l’organisme de passer de la présentation de spectacle à la création de projets pour les jeunes et les écoles, en passant par la mise sur pied d’un service du développement des publics en 2015. Nous avons récemment discuté avec Claire Oliver, responsable du développement des publics, du travail de Danse Danse, de la danse en tant que langage commun, ainsi que de la façon dont la diversité façonne un organisme.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur Danse Danse et sur votre rôle au sein de la compagnie?
Danse Danse est un diffuseur de danse contemporaine. En d’autres termes, l’organisme présente des spectacles de danse contemporaine de compagnies locales et internationales. Pour cette 22e saison, 12 compagnies présenteront un total de 60 représentations et 2 matinées scolaires sur le grand plateau du Théâtre Maisonneuve (1400 places) ou dans l’intimité de la Cinquième Salle (300 places), à la Place des Arts.

Depuis les débuts de Danse Danse, l’appréciation de la danse contemporaine et le développement des publics se trouvent au cœur de la mission de l’organisme. C’est donc dans une volonté de sensibilisation et d’accessibilité aux arts de la scène que le département du développement des publics a été créé en 2015. Ma collègue Anne-Sophie Viens et moi-même y travaillons à développer des projets inclusifs autant en milieu scolaire, que communautaire, ou encore avec les nouveaux citoyens que nous avons le plaisir d’accueillir à nos spectacles depuis 2018 !

Montréal est une ville dynamique, connue pour sa diversité culturelle ainsi que les nombreux groupes ethniques et religieux qu’on y retrouve. Comment tout cela a-t-il façonné et influencé Danse Danse?
Montréal est une ville extrêmement riche en termes de diversité culturelle et beaucoup de créateurs établis au Québec et présentés par Danse Danse ont leurs racines à l’étranger : Algérie, Vénézuela, Mexique… sans parler des interprètes. Aux compagnies locales s’ajoutent un grand nombre de compagnies internationales dont le nombre de représentations cumulées font de Danse Danse la plus importante saison de danse contemporaine au Canada. Depuis ses débuts, Danse Danse a présenté des compagnies étrangères provenant de 23 pays et des 5 continents.

En ce qui concerne les spectateurs, une récente étude* a montré que notre public présente – proportionnellement parlant – une diversité culturelle plus grande que la population de la Ville de Montréal. Quant à notre équipe de bureau : Allemagne, Chine, France, Liban et Québec se côtoient (nos potluck sont mémorables) et apportent couleurs et sensibilités très enrichissantes dans notre travail qui touche aux émotions, à l’expression, à l’identité.

* Analyse de profil effectuée par Postes Canada en 2018

En quoi la danse, en tant que moyen d’expression, est-elle inclusive? Comment y accéder?
La danse existe depuis… la préhistoire ! Pour célébrer, ritualiser, socialiser… la danse est un moyen d’expression qu’on retrouve sur tous les continents. De plus, elle n’a fondamentalement besoin que d’un outil : le corps. Pas besoin de mots, pas de frontière de langue. D’autre part, la danse contemporaine a largement démocratisé la représentation du corps sur scène : il peut être grand, petit, bâti, mince, il peut avoir des limitations physiques. Du côté de l’offre des cours de danse, elle s’adresse à tous les âges et conditions : pour les tout-petits, les aînés, les personnes à mobilité réduite. La danse est vraiment un medium artistique rassembleur, il y a en a pour tous et pour tous les goûts alors, dansez !

Pourriez-vous nous parler du programme Amenez un jeune à la danse et de la façon dont ce programme favorise la participation et les contacts?
Le programme Amenez un jeune à la danse existe depuis 2005 chez Danse Danse. Grâce aux fonds amassés lors de nos campagnes de dons annuelles, ce programme permet d’offrir l’accès gratuit à nos spectacles pour plusieurs centaines de jeunes à chaque saison. Centres jeunesse, écoles en milieu défavorisé, organismes communautaires œuvrant auprès de clientèles sensibles, peuvent donc emmener les jeunes assister à une représentation de Danse Danse et bénéficient d’un accueil personnalisé par un.e ambassadeur.rice qui leur apporte informations et accompagnement avant, pendant et après le spectacle; une occasion toute spéciale d’ouvrir un espace d’expression, d’écoute et de partage.

À ce jour, c’est plus de 6 800 jeunes qui ont pu bénéficier de ce programme.

Et ce sont également 930 nouveaux citoyens qui ont bénéficié d’un accès gratuit à nos spectacles, et pour certains, d’un atelier en mouvement avec un artiste invité de la saison !

En quoi des initiatives comme Amenez un jeune à la danse ont‑elles changé Danse Danse?
Le programme Amenez un jeune à la danse donne aussi une voix aux jeunes. On entend cette voix et elle nourrit nos réfections et nous fait avancer.  Ainsi, l’accompagnement et les ressources dédiées au programme évoluent au fil des ans. Et il a donné naissance à plusieurs autres projets ! En fait, il est la clé de voûte de nos actions culturelles : les projets qu’on construit, les ressources qu’on développe, les partenariats qu’on établit.

Le département-même du développement des publics est né de cette envie et cette nécessité de creuser plus loin dans l’accompagnement des publics éloignés de notre offre et l’appréciation de la danse contemporaine.

Remarquez-vous une différence dans la façon dont les auditoires sont touchés par les représentations lorsqu’il y a une composante d’interaction?
La médiation culturelle propose de tisser des liens entre un individu et une œuvre. Quand des jeunes participent à un atelier avec un artiste qu’ils voient ensuite sur scène, l’effet est immédiat : ils se sentent concernés, fiers, complètement à leur place dans un théâtre qui n’était pas forcément un choix de sortie pour eux. Ils sont partie prenante de l’expérience artistique. Quand des jeunes discutent avec une ambassadrice avant le spectacle, le but est de créer des ponts entre eux et la pièce à voir, de créer le désir de voir le spectacle.

Il y a une sorte de magie qui s’opère quand on observe la connexion que peut engendrer la médiation culturelle : ce sentiment que l’art n’a pas de barrières, qu’il rassemble mais aussi nous entraîne dans une expérience tellement intime et créatrice. C’est l’expérience du sensible au plus profond de nous qui a la chance de s’opérer et de vibrer.

Comment la dance incite-t-elle l’inclusion dehors du théâtre?
En dehors de la présentation des spectacles, Danse Danse organise des ateliers de danse, des visites des coulisses ou des ateliers du spectateur au théâtre mais aussi dans des studios ou même dans des écoles ou des centres communautaires. Le salle de spectacle n’est pas le seul espace où la rencontre artistique peut avoir lieu. Nous allons aussi à la rencontre du public là où il se trouve.

Nous avons également un partenariat avec une galerie d’art – Arsenal, art contemporain – qui offre à des artistes en danse un espace de création pendant quelques semaines qui s’achèvent par une présentation publique du travail accompli.

Que ce soit à destination du grand public, des jeunes, des nouveaux citoyens ou encore des aînés (pour un projet pilote à venir bientôt !), nous travaillons à multiplier les projets inclusifs afin de partager avec un public grandissant le plaisir de la danse !

Quel est le programme dont vous êtes la plus fière et pourquoi?
Question difficile… mon travail me procure un sentiment d’accomplissement certain, parce qu’il touche à l’humain, à l’émotion, au partage. Que ce soit la découverte d’une réelle passion ou un simple moment de plaisir partagé ou encore des questionnements voire une perte de repères, toute expérience artistique peut être constructive et signifiante.

Je suis autant fière des petites actions que des grandes. Dans le fond, je suis fière d’avoir eu le mandat de partir le département du développement des publics et de le faire grandir avec ma formidable collègue Anne-Sophie Viens. Et c’est grâce à l’engagement et la volonté de Danse Danse que tout cela est possible.

Cette entrevue a été modifiée par souci de clarté et de brièveté

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